dimanche 12 septembre 2021

24ème dimanche du temps ordinaire / année B. "Au dire des gens, qui suis-je?"

 


Marc 8, 27-35

12/09/2021

Chemin faisant, il interrogeait ses disciples : « Au dire des gens, qui suis-je ? »

Dans l’Evangile de ce dimanche, Jésus fait en quelque sorte un sondage d’opinion. Comment est-il perçu en Israël ? La société de son époque est très différente de la nôtre du point de vue religieux. En Israël tout le monde croit au Dieu unique et les Juifs se passionnent pour des débats religieux comme en témoignent les Evangiles. Dans le vaste empire romain tous les hommes sont religieux et adorent une multitude de dieux. Contrairement à notre époque on pourrait caractériser le temps de Jésus par une surabondance de dieux… pas question d’athéisme même pour ceux qui peuvent avoir des doutes. Pas d’indifférence religieuse non plus. La religion et le culte font partie du quotidien de la vie. On est alors très éloigné de la formule de Nietzche annonçant la mort de Dieu. Un épisode rapporté par les Actes des apôtres témoigne de cette religiosité omniprésente. C’est Paul qui parle alors qu’il se trouve à Athènes :

Athéniens, je peux observer que vous êtes, en toutes choses, des hommes particulièrement religieux. En effet, en me promenant et en observant vos monuments sacrés, j’ai même trouvé un autel avec cette inscription : “Au dieu inconnu.” Or, ce que vous vénérez sans le connaître, voilà ce que, moi, je viens vous annoncer.

Les athéniens comme tous les habitants de l’Empire pensaient qu’il y avait tellement de dieux qu’il était préférable de prendre des précautions en dédiant un autel au dieu inconnu afin de n’en oublier aucun dans leurs dévotions…

C’est la raison pour laquelle la question posée autrefois par Jésus résonne d’une manière totalement différente dans notre société sécularisée car Dieu n’est plus une question, il est tout simplement considéré comme inintéressant, inutile ou inexistant par la plupart de nos contemporains. C’est l’indifférence à son égard qui domine. Le sacré a quitté le domaine du religieux et il est descendu sur terre investissant des domaines profanes comme le sport, la musique etc. Les dieux ont changé de visage et se sont résorbés dans la réussite matérielle, la gloire, le succès, l’ambition, les richesses, les plaisirs sensuels… tels sont les dieux de notre polythéisme contemporain. Saint Jean les trouvaient déjà présents comme concurrents du Dieu d’Israël, comme obstacles essentiels à l’accueil de l’Evangile du Christ, confessé par Pierre dans notre Evangile :

Tout ce qu’il y a dans le monde – la convoitise de la chair, la convoitise des yeux, l’arrogance de la richesse –, tout cela ne vient pas du Père, mais du monde.

Et Paul déjà se lamentait du matérialisme grossier dans lequel certains se complaisaient :

Ils vont à leur perte. Leur dieu, c’est leur ventre, et ils mettent leur gloire dans ce qui fait leur honte ; ils ne pensent qu’aux choses de la terre.

Depuis la mort de Dieu prophétisée par Nietzsche, il semblerait bien que les nouveaux dieux, les idoles, ne soient plus en concurrence avec Dieu, comme s’ils avaient acquis le monopole des cœurs, la majorité dans les sondages d’opinion…

C’est dire si l’annonce de la foi chrétienne et du Christ crucifié et ressuscité se fait aujourd’hui dans un contexte très différent de celui de l’époque de Pierre et de Paul ! Le reproche adressé par Jésus à son apôtre, tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes, a une résonance bien spécifique 2000 ans plus tard. La grande difficulté de nos contemporains et même de certains d’entre nous, les croyants, consiste bien à s’extraire de la pensée humaine pour accueillir la révélation divine venant bouleverser nos vies par le mystère de l’incarnation, par la présence au milieu de nous du Christ qui est Seigneur. Il était déjà intolérable pour Pierre d’entendre son maître annoncer sa Passion et sa mort en croix. A plus forte raison de nos jours, le message du Christ nous choque profondément et nous indispose :

Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive.

Nos contemporains pensent généralement du bien de Jésus… ou encore de son message d’amour fraternel et de paix… mais de là à le reconnaître comme la Parole de Dieu faite chair, il y un abime qui leur semble impossible à franchir ! C’est le saut de la foi dans la nouveauté et l’inconnu des pensées de Dieu ! S’il est pour nous essentiel de vivre la  foi qui agit par la charité, comme nous le rappellent à la fois Paul et Jacques, nos contemporains ont besoin du témoignage de chrétiens qui prient et qui développent une vie spirituelle intense, témoignant par-là que le Christ est vraiment le Vivant avec lequel ils désirent vivre la communion. D’où l’importance de la vie religieuse et consacrée ainsi que de la vie spirituelle de chaque chrétien, personnelle et communautaire. Rendons grâce pour le don de la foi et demandons pour nos frères et sœurs indifférents la grâce d’accueillir la révélation du Christ et les pensées de Dieu :

Jésus lui dit : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux.

 


Aucun commentaire: