samedi 24 avril 2021

Quatrième dimanche de Pâques / année B

 

25/04/2021

Jean 10, 11-18

Chaque année, pour le dimanche de prière pour les vocations, l’Eglise nous propose un passage du chapitre 10 de l’évangile selon saint Jean, chapitre dans lequel Jésus se présente à ses disciples comme le bon pasteur. Dans un premier temps regardons comment cette métaphore du berger a été utilisée dans l’antiquité. Dans le contexte biblique cette image n’a rien d’original. Elle est très présente dans l’Ancien Testament avec par exemple le chapitre 34 du prophète Ezéchiel ou encore le psaume 22 bien connu de tous. Ce qui est moins connu c’est l’utilisation de la même image dans l’antiquité gréco-romaine et cela depuis Platon. Pour qualifier le bon roi ou le bon empereur les philosophes le décrivent comme le bon pasteur. Dion de Pruse, à l’époque de Trajan, utilise, lui aussi, cette image du bon pasteur – bon roi qui n’a rien d’un tyran. Entre l’un et l’autre, écrit-il, il y a toute la différence du berger et du boucher ! Et l’empereur Tibère déclarait avec un certain humour à propos du taux d’imposition : un bon berger doit tondre ses moutons, non les écorcher… Il faut aussi souligner, pour revenir au contexte juif, que les bergers à l’époque de Jésus avaient très mauvaise réputation, entre autres motifs parce qu’en raison de leur travail ils ne pouvaient pas sanctifier le sabbat. La venue des bergers à la crèche sonne donc comme une provocation dans le judaïsme… Comment associer ces moins que rien à la naissance du Messie ? En même temps souvenons-nous que le plus grand roi d’Israël, David, a été choisi par Dieu au moment où il faisait paître le troupeau de son père Jessé…

Le texte grec de l’Evangile parle du beau pasteur et non pas du bon pasteur… Dans le passage que nous venons d’entendre le berger se distingue du mercenaire qui était employé pour un temps seulement afin d’aider le berger dans sa tâche. Ou pour le dire autrement c’est un peu la différence qui peut exister entre le propriétaire d’une maison et son locataire. Le beau berger est prêt à prendre des risques pour ses bêtes… jusqu’à donner sa vie pour elles, précise Jésus. Or, seul un amour infini peut pousser le bon berger à se sacrifier lui-même pour ses brebis. C’est dans ce contexte que le Seigneur annonce son mystère pascal et cela en conformité avec la volonté de son Père : Je donne ma vie, pour la recevoir de nouveau. Nul ne peut me l’enlever : je la donne de moi-même. J’ai le pouvoir de la donner, j’ai aussi le pouvoir de la recevoir de nouveau : voilà le commandement que j’ai reçu de mon Père.

Un autre aspect essentiel de cet enseignement, c’est que Jésus se présente comme un berger universel qui veut conduire tous les enfants de Dieu à l’unité et à la communion : J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos : celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix : il y aura un seul troupeau et un seul pasteur. Contrairement aux rois et aux empereurs de l’antiquité, Jésus ne se préoccupe pas seulement de l’enclos d’Israël mais de toutes les brebis. C’est la raison pour laquelle l’Eglise catholique a le désir de faire résonner l’Evangile aux oreilles de tous. C’est la raison pour laquelle les pasteurs de l’Eglise ont le souci de s’adresser à tous, en dehors de l’enclos de ceux qui fréquentent la paroisse. Si Jésus veut évangéliser les brebis qui ne sont pas dans l’enclos, c’est tout simplement parce qu’elles lui appartiennent toutes en tant que créatures. C’est lui qui donne vie et existence à toutes. D’où son souci pour elles. Seul Dieu peut être le véritable et unique Pasteur de son peuple. Si nous écoutons la voix de Jésus, en recevant son Evangile, c’est Dieu lui-même qui nous guide et nous conduit.

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