dimanche 8 septembre 2019

23ème dimanche du temps ordinaire / année C



8/09/19

Luc 14, 25-33

Alors que nous avons commencé une nouvelle année scolaire et, qu’en ce dimanche, nous faisons notre rentrée paroissiale en tant que communauté francophone de Copenhague, la parole de Jésus ne nous ménage pas ! Peut-être avons-nous pensé intérieurement que nous n’étions ni des moines ni des religieuses et que les exigences du Seigneur sont tout simplement irréalisables dans une vie au cœur du monde tel qu’il est… Et pourtant c’est à tous ses disciples que Jésus adresse ces paroles. En fait deux paroles d’exigence illustrées par deux petites histoires (bâtir une tour et partir en guerre). Réécoutons ces paroles :

Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple.

Ainsi donc, celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple.

Une troisième parole résume l’esprit de ces propos exigeants en utilisant l’image de la croix : Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher à ma suite ne peut pas être mon disciple.

Dans la première parole il s’agit de préférer Jésus à tout, dans la seconde il s’agit de renoncer à toutes ses possessions. Ces deux attitudes font partie de ce que le Seigneur appelle porter sa croix en le suivant. C’est dire que dans la vie chrétienne, il y a un aspect de sacrifice, un aspect pénible et laborieux qui va contre nos penchants naturels. La vie de disciple exige de nous des efforts, une lutte spirituelle comme le montre l’image du roi qui se prépare à partir en guerre. Les deux paroles d’exigence ne font que traduire le premier commandement, celui de l’amour dû à Dieu et à lui seul. En exigeant cela pour lui, Jésus nous fait comprendre de manière implicite qu’il est bien plus qu’un prophète, bien plus que le Messie d’Israël : il est le Fils unique de Dieu, égal au Père dans la communion de l’Esprit. S’il n’était qu’un homme, ce serait orgueil et folie de sa part de nous demander un amour aussi exigeant. En même temps il est notre frère en humanité, notre chemin, ce qui fait que nous pouvons le suivre car il nous ouvre le chemin de la vie. Son exigence à notre égard vise ce que nous avons de plus précieux : les liens de la famille, notre propre vie, et nos biens matériels. Toutes ces réalités précieuses pour nous dans notre vie humaine sur cette terre doivent donc être ordonnées à l’amour de Dieu, à l’amour de Jésus. Derrière ces paroles, il y a en fait une mise en garde, un enseignement de sagesse, car là où est notre trésor, là aussi sera notre cœur. Si mes parents, ma femme, mon attachement excessif (désordonné) à ma propre vie et à ce que je possède sont des obstacles dans l’accomplissement de ma vocation chrétienne, s’ils m’empêchent d’accomplir la volonté du Seigneur, alors je peux être amené, par fidélité à Jésus, à faire un choix radical qui est souvent un choix crucifiant, c’est-à-dire un choix qui me coûte et qui me demande un effort sur moi-même.

L’exemple de celui qui veut bâtir une tour nous fait penser à un autre passage de l’Evangile selon saint Luc :

Et pourquoi m’appelez-vous en disant : “Seigneur ! Seigneur !” et ne faites-vous pas ce que je dis ? Quiconque vient à moi, écoute mes paroles et les met en pratique, je vais vous montrer à qui il ressemble. Il ressemble à celui qui construit une maison. Il a creusé très profond et il a posé les fondations sur le roc. Quand est venue l’inondation, le torrent s’est précipité sur cette maison, mais il n’a pas pu l’ébranler parce qu’elle était bien construite.

En ce temps de rentrée, le Seigneur nous invite à bâtir le chef d’œuvre de notre vie sur lui, le roc, et sur sa parole. Ces paroles qui nous semblent dures et nous effraient n’ont pas d’autre but que de nous pousser à mettre de l’ordre dans notre vie, à faire le ménage dans notre cœur, et à redonner à notre relation avec le Seigneur la priorité sur tout le reste. Si nous sommes honnêtes, nous constatons que le peu que nous donnons à Dieu, le peu de temps que nous consentons à lui consacrer dans la prière, passe en général après tout le reste… Probablement parce que nous manquons de foi, d’espérance et de charité, et que nous n’avons pas réalisé à quel point Jésus nous aime. L’électrochoc des paroles de ce dimanche a pour but de nous faire inverser cette tendance et de faire passer Jésus des marges de notre vie au cœur de notre existence quotidienne.


Aucun commentaire: