dimanche 24 mars 2019

Troisième dimanche de Carême / année C



Luc 13, 1-9

24/03/19

Dans l’Evangile de ce dimanche, Jésus nous parle de la nécessité de la conversion afin d’entrer dans la vie éternelle : Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. La mort dont parle ici le Seigneur n’est pas d’abord la mort physique, phénomène naturel, mais la mort de l’âme, séparée de Dieu parce qu’elle a refusé de vivre selon les exigences de son amour. A travers deux exemples tirés de l’actualité du temps, Jésus, à la suite de l’enseignement du livre de Job, défait le lien traditionnel établi entre le malheur et le péché : Pensez-vous que ces personnes étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ? Eh bien, je vous dis : pas du tout !

Le malheur peut toucher aussi bien le juste que l’injuste, le saint que le pécheur. Et la mort physique n’est absolument pas le signe d’une punition divine parce que telle personne aurait été plus mauvaise ou plus méchante qu’une autre. L’histoire nous montre des saints mourir très jeunes et de grands criminels ou de grands pécheurs mourir très vieux. Mais le malheur comme la perspective de notre mort doivent nous inviter à prendre au sérieux l’appel de Jésus à la conversion. C’est une tendance humaine très répandue, et que nous constatons par exemple au niveau des prises de décisions politiques, à remettre toujours à plus tard ce qu’il conviendrait de faire aujourd’hui. Combien de sommets pour le climat et de grandes déclarations écologiques qui n’ont eu aucun effet concret alors que la crise écologique est une donnée scientifique ? Souvent parce que l’on se contente d’affirmer le changement nécessaire… dans le futur, à l’horizon 2050… Il en va de même pour le progrès de notre vie spirituelle et l’efficacité de nos bonnes résolutions. Nous avons toujours tendance à remettre à demain le travail de notre conversion. Or il n’est pas certain, nous dit Jésus, que dans dix ou vingt ans nous serons encore de ce monde… de même que la crise climatique et écologique ne va pas attendre éternellement notre manque de courage avant de se manifester brutalement pour notre malheur. Dieu est toujours bon et miséricordieux, mais le temps de notre vie sur cette terre est limité et nul ne connaît l’heure de sa mort. Les 18 personnes tuées par la chute de la tour de Siloé ne s’attendaient certainement pas à mourir du jour au lendemain. Il ne s’agit pas pour nous, chrétiens, de vivre dans la peur, car l’amour parfait chasse la crainte. Il s’agit plutôt de prendre au sérieux l’Evangile du Christ, et de le prendre au sérieux maintenant. Comme le dit le psaume par lequel s’ouvre la prière officielle de l’Eglise chaque matin : Aujourd’hui écouterez-vous sa parole ? Ne fermez pas votre cœur. La petite parabole du figuier nous indique ce qu’est la conversion chrétienne : il s’agit de donner de bons fruits, pas à l’horizon 2050, mais dès maintenant ! Ce n’est pas parce que Dieu est patient et débordant de miséricorde que nous devons abuser de sa bonté et ne pas écouter sa parole. Le temps du Carême est pour nous l’occasion d’un examen de conscience : quels sont les bons fruits que je porte dans ma famille, mon lieu de travail, dans la société et dans l’Eglise, à travers mes engagements ? Cet examen de conscience, cette relecture de vie, permet à chacun de repérer les moments de fainéantise spirituelle où nous remettons à plus tard ce qu’il faudrait changer dès maintenant dans notre vie, les moments de surdité spirituelle où nous ignorons volontairement les appels de Jésus à une vie conforme à l’amour de Dieu pour nous. C’est dans ce contexte que la célébration du sacrement de confession ou de réconciliation prend tout son sens, comme une démarche qui nous permet de nous relever en vue du renouveau de notre vie, en vue de porter enfin les beaux fruits que Dieu attend de nous.

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