Matthieu
2, 1-12
6/01/19
Contrairement
à Luc, l’évangéliste Matthieu ne nous décrit pas les circonstances précises de
la naissance de Jésus. Il se contente de donner une indication de lieu,
Bethléem, et une situation dans le temps, sous le règne du roi Hérode le Grand.
Alors que Luc nous montre les bergers des campagnes venir auprès du nouveau-né,
Matthieu nous raconte avec beaucoup de détails le voyage de mystérieux mages
venus de l’Orient. L’Epiphanie nous fait faire mémoire du long voyage de ces
hommes, des païens, probablement des astrologues, guidés par une étoile jusqu’à
Jérusalem. Traditionnellement, la fête de ce dimanche a été interprétée dans un
sens universaliste : Dieu, en tant que Père et Créateur de tous les hommes,
désire que tous, Juifs et païens, puissent parvenir à la connaissance de la
vérité et au salut. Même si le mystère de l’incarnation est l’aboutissement
d’une relation particulière entre Dieu et le peuple d’Israël, Dieu n’est la
propriété d’aucun peuple et il parle en quelque sorte toutes les langues des
hommes. Il se sert aussi de ce qui nous attire pour nous attirer à lui, il se
met humblement à notre portée. Ces orientaux étaient astrologues, c’est donc
par un signe compréhensible, celui d’une étoile, que Dieu va susciter dans leur
cœur une recherche spirituelle. Certains Pères de l’Eglise ont même vu dans la
quatrième bucolique de Virgile l’annonce païenne de la naissance du Messie, non
pas par la voix d’un prophète mais par l’oracle d’une Sybille :
Voici
finir le temps marqué par la Sibylle. Un âge tout nouveau, un grand âge va
naître ; La Vierge nous revient, et les lois de Saturne, et le ciel nous envoie
une race nouvelle. Bénis, chaste Lucine, un enfant près de naître, qui doit
l'âge de fer changer en âge d'or… Et s'il subsiste encore des traces de nos
crimes, la terreur jamais plus n'accablera le monde. Vivant pareil aux dieux,
cet enfant les verra, ces dieux et ces héros qui le verront lui-même, Lui,
souverain d'un monde apaisé par son père.
Cette
lecture chrétienne des vers de Virgile laisse donc entendre que l’Esprit Saint
peut aussi inspirer des païens. Dieu non seulement s’adresse aux païens mais il
va même jusqu’à parler à travers eux… La suite du texte de Virgile est
troublante dans la mesure où elle correspond de manière presque littérale à un
célèbre oracle messianique du prophète Isaïe, ou comment Virgile et Isaïe se
donnent la main à travers les siècles…
Le
bétail n'aura plus à craindre les lions : Et ton berceau de fleurs charmantes
s'ornera. Le serpent périra; les plantes vénéneuses périront; et partout
croîtront les aromates.
Relevons
comment les mages ne vont pas directement à Bethléem, mais passent d’abord par
Jérusalem. C’est en effet dans la ville sainte qu’ils apprennent, grâce aux
Ecritures, le lieu précis de la naissance de l’enfant qu’ils veulent honorer et
adorer. Mais en chemin, Matthieu ne nous dit pas quand, le signe de l’étoile
réapparaît pour leur indiquer le lieu où se trouve l’enfant Jésus. Dès le
début, le Fils de Dieu fait que les premiers soit derniers et les derniers
premiers. Alors qu’Hérode, les grands prêtres et les scribes demeurent à
Jérusalem, incapables d’aller se prosterner devant le Messie, ce sont des
païens qui ont cette joie. Et ils joignent à leur adoration une offrande qui
est une profession de foi : l’or pour le roi, l’encens pour Dieu et la
myrrhe pour annoncer sa mort et sa sépulture.
Dans le
mystère de Noël, nous célébrons le plus grand don que Dieu puisse nous
faire : lui-même en la personne de son Fils. Il nous fait le cadeau de sa
Parole vivante et éternelle, ce Fils unique qui s’unit pour toujours à notre
humanité, prenant par amour notre condition d’hommes en naissant de la Vierge
Marie. L’Epiphanie est une fête du don. Elle nous apprend à reconnaître
l’immense don de Dieu, c’est Lui qui nous a aimés le premier sans attendre que
nous soyons justes et saints, sans aucune condition. A l’exemple des mages, apprenons
à répondre à ce don d’amour par l’offrande de nous-mêmes. Dieu désire avant toutes
choses notre cœur, notre amour. Et parce que nous l’aimons, Il attend de nous
que nous mettions en pratique sa volonté, telle qu’elle nous a été transmise
par Jésus, et cela pour notre bonheur véritable.
Méditons
l’oracle du prophète Michée :
Homme, on t’a fait connaître ce qui est bien,
ce que le Seigneur réclame de toi : rien d’autre que respecter le droit, aimer
la fidélité, et t’appliquer à marcher avec ton Dieu.
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