samedi 15 décembre 2018

Troisième dimanche de l'Avent / Année C




Luc 3, 10-18

16/12/18

Comme l’indiquent les deux premières lectures de cette liturgie, le troisième dimanche de l’Avent nous invite à la joie spirituelle. Dans l’Evangile selon saint Luc, nous ne retrouvons pas cette mention de la joie, mais, comme nous le verrons, un chemin qui nous conduit à la joie dans le Seigneur. Dimanche dernier, l’Evangile nous présentait Jean le baptiste sous les traits d’un prophète. Aujourd’hui nous entendons son message, ses réponses aux questions qui lui sont posées par ceux qui viennent se faire baptiser dans le Jourdain. A trois reprises une même question est adressée à Jean : Que devons-nous faire ? Nous retrouverons cette question simple mais essentielle au jour de la Pentecôte, dans la bouche des auditeurs de Pierre. Sur les trois questions posées à Jean, deux le sont par des groupes particuliers : les collecteurs d’impôts et les soldats. Cela a son importance, car cela nous montre que le changement de vie, la conversion, n’est pas une réalité générale et abstraite, mais qu’elle s’enracine dans notre vie concrète et doit toucher jusqu’à la manière que nous avons de vivre notre vocation et notre travail.

Regardons tout d’abord la réponse de Jean au premier groupe de personnes. C’est tout simple. Le précurseur invite en effet ceux qui ont demandé le baptême au partage de leurs biens avec les plus démunis. Cet esprit de partage et de solidarité est essentiel pour tous les croyants, et Jésus rappellera sans cesse à la suite de Jean et de tous les prophètes cette exigence d’une vie convertie. Nous trouvons ici un premier chemin de joie chrétienne dans la générosité, le service et le décentrement de soi vers nos frères.

Les réponses données par Jean aux publicains et aux soldats ont un élément commun : N’exigez rien de plus que ce qui vous est fixé et  contentez-vous de votre solde. Le précurseur prêche ici un idéal de modération et de sobriété, un rapport aux biens matériels, et en particulier à l’argent, marqué par la tempérance. Dans sa première lettre à Timothée, saint Paul fait un commentaire remarquable de cette exigence de modération :

Il y a un grand profit dans la religion si l’on se contente de ce que l’on a. De même que nous n’avons rien apporté dans ce monde, nous n’en pourrons rien emporter. Si nous avons de quoi manger et nous habiller, sachons nous en contenter. Ceux qui veulent s’enrichir tombent dans le piège de la tentation, dans une foule de convoitises absurdes et dangereuses, qui plongent les gens dans la ruine et la perdition. Car la racine de tous les maux, c’est l’amour de l’argent. Pour s’y être attachés, certains se sont égarés loin de la foi et se sont infligé à eux-mêmes des tourments sans nombre.

L’apôtre cite implicitement Job dans ce passage : Nu je suis sorti du ventre de ma mère, nu j’y retournerai. Nous trouvons ici un deuxième chemin de joie chrétienne dans le fait d’être libéré de l’esclavage de l’enrichissement sans limites et du désir de possession toujours insatisfait. Lorsque nous avons la chance de ne pas subir le fardeau de la misère, contentons de ce que nous avons en pensant aux biens véritables qui sont ceux du cœur et de l’esprit.

Enfin un élément de réponse est propre au groupe des soldats : Ne faites violence à personne, n’accusez personne à tort. Toutes les personnes qui disposent de l’usage légitime de la force et des armes, militaires comme policiers, ne doivent pas abuser de leur pouvoir pour devenir violents ou injustes. Jean rappelle à ces personnes leur responsabilité morale personnelle. Dans ces métiers, on reçoit des ordres de la part des autorités. Mais si ces ordres sont injustes ou incitant à la violence, alors s’impose l’objection de conscience. Militaires et policiers auront, comme tout un chacun, à répondre personnellement de leurs actes devant Dieu, sans pouvoir se cacher derrière l’excuse de l’obéissance aux autorités. Ces dernières commettent bien sûr une faute beaucoup plus grave lorsqu’elles incitent à la violence et à l’injustice, mais cette faute morale ne supprime pas pour autant le péché de ceux qui obéissent aveuglement. Nous trouvons ici un troisième chemin de joie chrétienne, celui des Béatitudes, en particulier celles de la douceur et de la justice :

Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage.
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés.

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