dimanche 8 janvier 2017

Épiphanie 2017 / Adoration des mages



Dès le moment de la naissance de Jésus, les paroles prophétiques que Syméon adresse à Marie dans le Temple se réalisent :

Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction.

L’enfant de Bethléem provoque en effet la chute du roi Hérode et le relèvement des mages venus d’Orient. L’évangéliste saint Matthieu prend bien soin de noter la réaction intérieure d’Hérode et des mages, réaction diamétralement opposée.

Nous savons par l’histoire que Hérode était un tyran sanguinaire qui n’hésitait pas à faire tuer jusqu’aux membres de sa propre famille lorsqu’il se sentait menacé dans son pouvoir. L’histoire du massacre des saints innocents est probablement un écho de la réputation sanguinaire du roi. Pour Hérode, il n’y a pas d’autre dieu que la jouissance du pouvoir. Il ne vit que pour régner et pour dominer sur les autres. C’est ainsi qu’il est heureux et satisfait dans la vie. Aussi lorsque les mages lui parlent de la naissance du roi des Juifs, il est bouleversé car il se sent menacé dans son pouvoir. Une traduction probablement plus juste dit qu’il se trouble. Son attachement au pouvoir est si grand, sa peur de le perdre tellement obsédante, qu’un bébé est capable de le troubler. Le nouveau-né Jésus fait trembler le grand roi Hérode. Le cas de ce roi nous rappelle que pour accueillir Jésus dans nos vies pour notre relèvement, nous devons avoir en notre cœur de bonnes dispositions. Tant que notre cœur sera esclave des attachements désordonnés, Dieu prendra pour nous le visage d’une menace. Saint Jean a parfaitement décrit quels sont ces attachements désordonnés qui nous détournent de Dieu :

Tout ce qu’il y a dans le monde – la convoitise de la chair, la convoitise des yeux, l’arrogance de la richesse –, tout cela ne vient pas du Père, mais du monde.

Les mages, quant à eux, ont une réaction diamétralement opposée, à la place du trouble qui inquiète et ôte la paix du cœur, ils se réjouissent d’une très grande joie. Relevons l’insistance de l’évangéliste pour décrire la joie parfaite de ces hommes : se réjouir d’une très grande joie ! Cela rejoint l’annonce des anges faite aux bergers : je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple. Pour eux, l’enfant de Bethléem est signe de relèvement et de salut, parce que les dispositions de leur cœur sont bonnes. Si Hérode se crispe pour conserver à tout prix son pouvoir, eux ils ouvrent toutes grandes leurs mains pour offrir leurs présents à l’enfant. Si le cœur du roi est malade à cause de l’ambition et de l’orgueil, leur cœur est pacifié par l’humilité, la reconnaissance du Règne de Dieu. Ce n’est pas par hasard que saint Paul met la joie parmi les fruits de l’Esprit Saint. L’indifférence religieuse et l’athéisme diffus qui marque les consciences des européens n’apportent pas la joie de vivre. C’est le contraire que nous constatons chaque jour. Malgré le bien-être et la consommation, nos sociétés sont tristes et moroses, elles deviennent même agressives en raison de la dégradation des relations humaines. Il manque l’essentiel : la joie du cœur. Cette joie ne peut venir ni du pouvoir, ni de la richesse, ni de la recherche effrénée des jouissances sensuelles. D’où la déception et le sentiment de frustration qui s’empare de beaucoup et trouble ainsi les cœurs.

La très grande joie des mages nous rappelle que le plus beau témoignage que nous puissions donner de notre foi au monde est celui de la joie et de la paix intérieure. C’est l’occasion de méditer les paroles significatives de Jésus sur ce don spirituel de la joie :

Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi, j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour. Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite.

La joie chrétienne n’ignore pas la souffrance, les douleurs et les échecs, mais elle les intègre à un plus haut niveau, celui du cœur de Jésus auquel nous sommes unis par la foi, la charité et par une vie de prière quotidienne. Sans le cœur à cœur de la prière personnelle renouvelée chaque jour, sans la communion au corps du Christ chaque dimanche, nous ne pouvons pas puiser à la vraie source de la joie :

Vous allez pleurer et vous lamenter, tandis que le monde se réjouira ; vous serez dans la peine, mais votre peine se changera en joie. La femme qui enfante est dans la peine parce que son heure est arrivée. Mais, quand l’enfant est né, elle ne se souvient plus de sa souffrance, tout heureuse qu’un être humain soit venu au monde. Vous aussi, maintenant, vous êtes dans la peine, mais je vous reverrai, et votre cœur se réjouira ; et votre joie, personne ne vous l’enlèvera… Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom ; demandez, et vous recevrez : ainsi votre joie sera parfaite.


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