dimanche 23 octobre 2016

30ème dimanche du temps ordinaire / C


Luc 18, 9-14

23/10/16

La parabole du pharisien et du publicain nous parle d’une tentation propre aux croyants, celle de l’orgueil spirituel. Mais avant d’aborder la parabole au niveau spirituel, nous pouvons déjà en tirer un enseignement au niveau humain, une leçon de sagesse valable pour les croyants comme pour les athées. Car Jésus s’adresse ici particulièrement à certains hommes qui sont convaincus d’être justes et qui méprisent tous les autres. Le mépris est une attitude humaine malheureusement fréquente, conséquence en nous de la blessure du péché originel. C’est une attitude universelle qui peut toucher aussi bien les croyants que les athées. Nous pouvons mépriser les autres pour diverses raisons : celui qui a réussi socialement et qui est riche sera tenté de mépriser les pauvres, celui qui est sportif pourra mépriser celui qui passe son temps dans son canapé à regarder la télé, celui qui a reçu une bonne éducation et qui se cultive intellectuellement chaque jour pourra regarder de haut le travailleur manuel ou la personne manquant de culture etc. A la racine du mépris, il y a toujours cette manie que nous avons de nous comparer les uns aux autres. Il y a aussi cet oubli désastreux que, dans un corps, tous les membres sont utiles les uns aux autres, pour reprendre l’image de saint Paul. Et que, par conséquent, le grand intellectuel a besoin du travail des agriculteurs et des ouvriers pour pouvoir vivre dignement sa vie. Ce qui peut favoriser dans notre société cette culture du mépris (et du complexe de supériorité qui l’accompagne), c’est aussi l’influence de catégories économiques sur nos relations interpersonnelles. Quant à longueur de journée, on entend chanter les vertus supposées de la compétitivité et de la libre concurrence, notre cœur peut être pollué par cette pensée économique qui ne laisse aucune place à la solidarité, à la collaboration et à la coopération. Contre le poison du mépris, nous n’avons que la vertu d’humilité : Qui s’abaisse sera élevé. L’exhortation de saint Paul aux Philippiens doit nous servir de boussole lorsque nous sommes tentés de céder à l’autosatisfaction et aux mépris des autres : ne faites rien par rivalité ou pour la gloire ; ayez l’humilité de croire les autres meilleurs que vous-mêmes. Au lieu de penser chacun à son intérêt, que chacun se préoccupe des autres.


Dans la parabole, Jésus envisage le mépris comme un péché spirituel. En effet le pharisien comme le publicain sont dans le Temple et ils prient. Les détails donnés par le Seigneur nous permettent de saisir le contraste entre deux manières de prier : l’une inspirée par l’orgueil, l’autre par l’humilité. L’orgueil spirituel est capable de pervertir la prière elle-même, et l’une de ses formes les plus élevées, la prière d’action de grâce : Mon Dieu, je te rends grâce parce que… L’objet de l’action grâce du pharisien est incompatible avec l’esprit de la prière. Il n’est plus tourné vers Dieu comme la source de tous les dons, mais il se complaît en lui-même. Au lieu de contempler la bonté de Dieu, il s’admire lui-même comme un modèle de perfection. Son orgueil spirituel le pousse ainsi à l’autojustification, oubliant que la seule justification digne de ce nom vient de Dieu seul. Dans notre prière, il est bon de toujours commencer par la supplication du publicain. C’est la liturgie de la messe qui nous enseigne à faire ainsi, puisqu’au commencement de la célébration nous nous présentons au Seigneur comme un peuple de pécheurs. Ce n’est qu’ensuite que nous pouvons entrer dans l’eucharistie, l’action de grâce de l’Eglise, non pas pour dire à Dieu que nous sommes les meilleurs d’entre les hommes, mais pour le remercier de sa grâce à l’œuvre dans nos vies et dans la vie de l’Eglise. Dans notre prière personnelle, après le temps de la supplication et de la demande de pardon, nous pouvons et devons dire merci à Dieu, mais d’une manière radicalement différente de celle du pharisien. Par exemple : merci, Jésus, parce que tu me fais le don de la foi, parce que tu me donne une vocation et une mission au service de mes frères, parce que tu me donnes ton Esprit d’amour pour que grandisse en moi la compassion et l’empathie. Merci surtout parce que, chaque dimanche, tu me donnes la possibilité d’écouter ta parole de vie dans l’Evangile et de communier à ta personne de Ressuscité.

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