Noël 2014
Messe du
jour
Dans la nuit de Noël, l’Eglise
nous fait entendre le récit de la naissance de Jésus à Bethléem. La liturgie du
jour de Noël nous fait contempler le mystère de l’Incarnation à travers deux
textes particulièrement riches quant à leur contenu théologique : le
commencement de la lettre aux Hébreux et le commencement de l’évangile selon
saint Jean. Ces textes ne nous parlent pas des circonstances concrètes de la
naissance de l’enfant, comme le fait saint Luc, mais de son identité profonde
et de la mission que Dieu lui confie dans l’histoire de notre salut. A travers
ces textes, le mystère de Noël est compris dans toute son ampleur, non pas
comme un évènement isolé, mais comme un moment essentiel et décisif du projet
de Dieu pour toute sa création. Ce qui se passe dans la nuit de Bethléem avec
le nouveau-né, Marie, Joseph, les anges et les bergers, ne prend tout son sens
que si nous le contemplons avec le commencement et la fin. Car l’enfant qui
vient de naître est l’Alpha et l’Oméga, le premier et le dernier, le
commencement et la fin de toutes choses. Ce qui se passe dans la nuit de Noël
est au centre d’une grande fresque historique qui commence avec la première
page de la Bible dans le livre de la Genèse et qui s’achève avec la dernière
page de la révélation dans le livre de l’Apocalypse. C’est la raison pour
laquelle le mystère de l’Incarnation a une ampleur et une portée beaucoup plus
grande que nous ne pouvons l’imaginer. Quand Dieu se manifeste en nous donnant
son Fils unique, il le fait d’une manière cachée, humble et discrète.
L’évènement est certes unique, bouleversant, grandiose, mais il est resté caché
aux yeux de la plupart des contemporains de Jésus, particulièrement aux yeux
des grands et des puissants. Très peu de témoins ont eu le privilège d’être présents
dans la grotte de la Nativité : seulement Marie, Joseph et quelques
bergers. De la même manière, il demeure encore caché au cœur de beaucoup de nos
contemporains deux mille ans plus tard. Ce que Dieu nous révèle en nous donnant
son Fils, nous ne pouvons l’accueillir que par la foi, nous ne pouvons le
contempler que dans l’amour. C’est pourquoi il est nécessaire de nous
convertir, de changer notre cœur pour pouvoir reconnaître dans l’enfant de la
crèche le Verbe qui s’est fait chair. Avec nos critères de jugement purement
humains, comment pourrions-nous donc reconnaître dans cet enfant, venu au monde
dans la mangeoire des animaux, le Verbe de Dieu, Celui par qui Dieu a tout
créé ? Si nous suivons les raisonnements de ce monde sur ce qui est grand
et important, sur ce qui a de la valeur et mérite l’estime et la
reconnaissance, il n’est pas possible de reconnaître dans ce bébé le
« reflet resplendissant de la gloire du Père »,
l’ « expression parfaite de son être », le « Fils unique,
plein de grâce et de vérité ». Le bébé couché dans la mangeoire est
l’opposé d’un héros humain ou d’une star faisant la une des journaux. Il
représente la pauvreté et la faiblesse, il incarne l’humilité de Dieu, de ce
Dieu qui ne se fait pas reconnaître dans le vacarme médiatique et dans la
superficialité des modes. Ce Dieu que nous ne pouvons accueillir que dans le
silence du recueillement, en descendant au plus intime de nous-même, au plus
profond de notre cœur pour y chercher l’essentiel, ce qui demeure à jamais. Le
Fils de Marie et le Fils de Dieu est plein de grâce et de vérité. C’est dans la
lumière de sa grâce et en cherchant à faire la vérité avec nous-mêmes et en
nous-mêmes que nous serons comblés de joie en le contemplant dans la mangeoire.
L’homme contemporain a de plus en plus de mal à accepter sa condition de
créature, à reconnaître que sa vie et son existence sont un don de Dieu. Les
progrès scientifiques et techniques lui donnent l’illusion d’être un dieu. Avec
orgueil, il se considère comme le centre de l’univers, oubliant sa fragilité et
sa condition de mortel. En se coupant de la source de la vie, Dieu Père et
Créateur, l’homme est devenu incapable d’utiliser avec sagesse les progrès de
la science et de la technique. Si bien que ces progrès se retournent finalement
contre lui en détruisant la terre et en mettant en danger l’équilibre
écologique. Cet homme qui se croit infiniment supérieur à toutes les autres
créatures a été capable de créer des horreurs comme la bombe atomique et à
commettre des crimes contre l’humanité tout au long de son histoire. Plus que
jamais il est nécessaire et urgent de redécouvrir la sagesse et l’humilité qui
nous viennent de l’Enfant-Dieu, couché dans la mangeoire. Saint Paul nous dit
que c’est Lui, et Lui seul, le centre de l’univers : « Tout est créé
par lui et pour lui ». Cet Enfant, encore incapable de parler, nous
regarde tous et chacun avec une tendresse et une miséricorde infinies. Et son
regard nous supplie d’abandonner notre folie, notre péché, pour renaître à la
vie nouvelle des enfants de Dieu. Dans le silence, il nous offre à nouveau sa
joie et sa paix. Voulons-nous en vivre et participer ainsi à l’avènement de la
création nouvelle, création commencée dans la nuit de Bethléem ?
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