jeudi 25 décembre 2014

NOEL 2014 / MESSE DU JOUR


Noël 2014

Messe du jour

Dans la nuit de Noël, l’Eglise nous fait entendre le récit de la naissance de Jésus à Bethléem. La liturgie du jour de Noël nous fait contempler le mystère de l’Incarnation à travers deux textes particulièrement riches quant à leur contenu théologique : le commencement de la lettre aux Hébreux et le commencement de l’évangile selon saint Jean. Ces textes ne nous parlent pas des circonstances concrètes de la naissance de l’enfant, comme le fait saint Luc, mais de son identité profonde et de la mission que Dieu lui confie dans l’histoire de notre salut. A travers ces textes, le mystère de Noël est compris dans toute son ampleur, non pas comme un évènement isolé, mais comme un moment essentiel et décisif du projet de Dieu pour toute sa création. Ce qui se passe dans la nuit de Bethléem avec le nouveau-né, Marie, Joseph, les anges et les bergers, ne prend tout son sens que si nous le contemplons avec le commencement et la fin. Car l’enfant qui vient de naître est l’Alpha et l’Oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin de toutes choses. Ce qui se passe dans la nuit de Noël est au centre d’une grande fresque historique qui commence avec la première page de la Bible dans le livre de la Genèse et qui s’achève avec la dernière page de la révélation dans le livre de l’Apocalypse. C’est la raison pour laquelle le mystère de l’Incarnation a une ampleur et une portée beaucoup plus grande que nous ne pouvons l’imaginer. Quand Dieu se manifeste en nous donnant son Fils unique, il le fait d’une manière cachée, humble et discrète. L’évènement est certes unique, bouleversant, grandiose, mais il est resté caché aux yeux de la plupart des contemporains de Jésus, particulièrement aux yeux des grands et des puissants. Très peu de témoins ont eu le privilège d’être présents dans la grotte de la Nativité : seulement Marie, Joseph et quelques bergers. De la même manière, il demeure encore caché au cœur de beaucoup de nos contemporains deux mille ans plus tard. Ce que Dieu nous révèle en nous donnant son Fils, nous ne pouvons l’accueillir que par la foi, nous ne pouvons le contempler que dans l’amour. C’est pourquoi il est nécessaire de nous convertir, de changer notre cœur pour pouvoir reconnaître dans l’enfant de la crèche le Verbe qui s’est fait chair. Avec nos critères de jugement purement humains, comment pourrions-nous donc reconnaître dans cet enfant, venu au monde dans la mangeoire des animaux, le Verbe de Dieu, Celui par qui Dieu a tout créé ? Si nous suivons les raisonnements de ce monde sur ce qui est grand et important, sur ce qui a de la valeur et mérite l’estime et la reconnaissance, il n’est pas possible de reconnaître dans ce bébé le « reflet resplendissant de la gloire du Père », l’ « expression parfaite de son être », le « Fils unique, plein de grâce et de vérité ». Le bébé couché dans la mangeoire est l’opposé d’un héros humain ou d’une star faisant la une des journaux. Il représente la pauvreté et la faiblesse, il incarne l’humilité de Dieu, de ce Dieu qui ne se fait pas reconnaître dans le vacarme médiatique et dans la superficialité des modes. Ce Dieu que nous ne pouvons accueillir que dans le silence du recueillement, en descendant au plus intime de nous-même, au plus profond de notre cœur pour y chercher l’essentiel, ce qui demeure à jamais. Le Fils de Marie et le Fils de Dieu est plein de grâce et de vérité. C’est dans la lumière de sa grâce et en cherchant à faire la vérité avec nous-mêmes et en nous-mêmes que nous serons comblés de joie en le contemplant dans la mangeoire. L’homme contemporain a de plus en plus de mal à accepter sa condition de créature, à reconnaître que sa vie et son existence sont un don de Dieu. Les progrès scientifiques et techniques lui donnent l’illusion d’être un dieu. Avec orgueil, il se considère comme le centre de l’univers, oubliant sa fragilité et sa condition de mortel. En se coupant de la source de la vie, Dieu Père et Créateur, l’homme est devenu incapable d’utiliser avec sagesse les progrès de la science et de la technique. Si bien que ces progrès se retournent finalement contre lui en détruisant la terre et en mettant en danger l’équilibre écologique. Cet homme qui se croit infiniment supérieur à toutes les autres créatures a été capable de créer des horreurs comme la bombe atomique et à commettre des crimes contre l’humanité tout au long de son histoire. Plus que jamais il est nécessaire et urgent de redécouvrir la sagesse et l’humilité qui nous viennent de l’Enfant-Dieu, couché dans la mangeoire. Saint Paul nous dit que c’est Lui, et Lui seul, le centre de l’univers : « Tout est créé par lui et pour lui ». Cet Enfant, encore incapable de parler, nous regarde tous et chacun avec une tendresse et une miséricorde infinies. Et son regard nous supplie d’abandonner notre folie, notre péché, pour renaître à la vie nouvelle des enfants de Dieu. Dans le silence, il nous offre à nouveau sa joie et sa paix. Voulons-nous en vivre et participer ainsi à l’avènement de la création nouvelle, création commencée dans la nuit de Bethléem ?

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