dimanche 23 septembre 2012

25ème dimanche du temps ordinaire



Dimanche dernier nous avons entendu la profession de foi de Pierre. Et c’est à l’occasion de cette profession de foi que Jésus a révélé pour la première fois à ses disciples le destin tragique qui l’attend à Jérusalem. Et voilà qu’il recommence à leur donner cet enseignement. Il le fait dans le secret de l’intimité qui est celle existant entre le Maître et ceux qu’il a choisis pour être ses collaborateurs dans l’annonce de l’Evangile. Déjà Pierre, le premier parmi les Douze, s’était révolté contre l’annonce de la Passion et de la mort du Christ. Les intimes de Jésus ne comprennent toujours pas la signification de cette annonce. C’est seulement après la Pentecôte, avec l’aide de l’Esprit Saint, que leurs cœurs et leur intelligence pourront s’ouvrir et recevoir la lumière de Pâques. Pour le moment la perspective évoquée par le Christ les paralyse si bien qu’ils ont même peur de l’interroger sur ce point.
Pierre s’était déjà fait reprocher de penser de manière trop humaine. C’est-à-dire d’une manière qui ignore la lumière de la foi. Cette fois ce sont tous les disciples qui vont se retrouver dans cette situation car ils ont discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand. Jésus le sait. Et à la question qu’il leur pose ils ne répondent pas. Leur silence est celui de la honte. Ils ont bien conscience que leurs pensées ne sont pas à la hauteur de l’enseignement de Jésus. Ils ressemblent à des enfants se sentant coupables d’avoir mal agi, remplis de honte devant leurs parents. Dans l’histoire de notre humanité le désir d’être grand a été le moteur puissant de bien des aventures politiques et militaires, sans parler de la gloire recherchée par certains artistes ou certains scientifiques, sans oublier non plus le domaine de la compétition sportive. Ce désir est inscrit au plus profond de notre nature humaine. Jésus ne vient pas le détruire, il vient l’orienter pour nous éviter de tomber dans le grand péché d’orgueil. En christianisme nous savons bien que la véritable grandeur c’est la sainteté, c’est notre condition de baptisés et de fils de Dieu. Où se situe la différence essentielle entre les grandeurs humaines et la grandeur évangélique ? Probablement dans le fait que la grandeur évangélique n’est pas d’abord une conquête de l’homme mais un don de Dieu, une grâce. Naturellement nous sommes incapables, comme les apôtres, d’accepter ce renversement des valeurs humaines opéré par l’Evangile : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous ». Cela nous rappelle de nombreux autres passages des Evangiles : « Qui s’abaisse sera élevé », par exemple. Cela nous rappelle surtout un geste symbolique fait par le Christ lui-même à la veille de sa mort : le lavement des pieds. Une fois de plus Pierre refusera dans un premier temps que son Maître s’abaisse devant lui afin de lui laver les pieds. En enseignant à ses disciples la grandeur du service Jésus leur donne un moyen concret de comprendre et d’accepter ce qu’il leur annonce : sa Passion et sa mort. En changeant peu à peu de mentalité, en comprenant leur mission d’abord comme un humble service, ils comprendront aussi que l’abaissement de Jésus dans sa Passion et dans sa mort est en fait son élévation, sa véritable gloire, puisqu’à ce moment-là il est le parfait serviteur de Dieu et du salut des hommes. Pour reprendre une belle expression du cardinal Ratzinger les évêques et les prêtres sont les serviteurs de la joie des hommes. La grandeur évangélique, en nous préservant du poison de l’orgueil et du carriérisme, nous fait vivre de la vraie joie et nous donne une paix profonde. Nous nous rendons alors compte par expérience que chaque fois que nous servons dans l’esprit de Jésus nous recevons sa joie. C’est en désirant le bien et le bonheur des autres, c’est en agissant dans ce sens, que nous sommes comblés de joie. La grandeur évangélique comporte toujours une participation à la croix du Christ mais aussi à sa joie.
 

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