dimanche 18 septembre 2011

25ème dimanche du temps ordinaire

25ème dimanche du TO/A
18/09/11
Mt 20, 1-16 (p. 598)

Lorsque nous entendons parler du Royaume des cieux dans les Evangiles nous pensons spontanément au paradis, c’est-à-dire à cet état de communion parfaite avec Dieu Trinité et entre nous, état que nous ne pouvons vivre qu’en acceptant de passer par la mort physique avec le Christ. La parabole des ouvriers envoyés à la vigne est une parabole du royaume des cieux qui nous parle de travail… Cela signifie que ce royaume des cieux est déjà une réalité présente dans notre existence humaine, et l’Eglise en est la manifestation la plus évidente. Cette parabole nous parle donc de la réponse que nous donnons au maître du domaine, c’est-à-dire Dieu. Ce domaine représente tout autant la création que l’Eglise. Vous avez compris que la pointe de la parabole porte sur le moment de notre vie où nous percevons l’appel de Dieu et où nous y répondons positivement. Certains parmi nous sont chrétiens depuis leur enfance, d’autres ont connu l’Evangile plus tard etc. Aux yeux du maître du domaine nous sommes tous égaux, tous ouvriers dans une même vigne. Jésus ne prétend pas bien sûr nous donner une leçon de morale économique et c’est volontairement qu’il choque notre bon sens. Pour bien nous montrer à quel point les pensées de son Père ne sont pas les nôtres… Dans la première lecture Isaïe nous dit que les pensées de Dieu sont au-dessus des nôtres. Nous rappelant ainsi que si Dieu s’est fait tout proche de nous, même l’un de nous par l’incarnation, il demeure aussi le tout autre, il est transcendant comme le soulignent les philosophes. Et c’est ce qui fait que nous avons bien du mal à comprendre et à accepter ses chemins… Donc Jésus nous choque volontairement. Il semble nous montrer un Dieu arbitraire et injuste qui traite les derniers venus de la même manière que les premiers… Et pourtant le maître du domaine promet à ceux qu’il embauche à la 9ème heure de leur donner ce qui est juste. Il faut ainsi nous rendre à l’évidence : ce maître est juste. Simplement sa justice n’est pas une justice humaine, une justice distributive, celle qui doit être pratiquée dans le monde du travail. De fait le salaire qui est donné aux ouvriers, le même pour tous, ne doit pas nous tromper sur la relation qui existe entre Dieu et ses créatures. En prenant ce détail de la parabole au pied de la lettre nous ferions de notre relation avec Dieu un troc, un échange commercial. Le fait justement que les derniers reçoivent autant que les premiers nous montre bien que ce salaire n’en est pas un dans le sens habituel du terme. Dans l’Evangile selon saint Luc, Jésus donne la conclusion suivante à une petite histoire qu’il raconte aux disciples :
De même vous aussi, quand vous aurez fait tout ce que Dieu vous a commandé, dites-vous : 'Nous sommes des serviteurs quelconques : nous n'avons fait que notre devoir.'
Bref nous n’avons pas à tirer une quelconque fierté d’avoir répondu « oui » à l’appel du maître. Que nous ayons commencé le matin ou en fin d’après-midi ne change rien au fait que travailler dans la vigne du Seigneur est une grâce. Nous ne sommes pas embauchés par lui parce que nous serions les meilleurs ouvriers du monde. Alors le vrai et juste salaire que Dieu nous promet, ne serait-ce pas simplement le fait de pouvoir travailler dans sa vigne ? Le salaire de notre travail, dans et pour le Royaume des cieux, c’est notre travail lui-même. Ce travail comporte en lui-même sa propre récompense. Pour le chrétien le vrai salaire n’est-ce pas de savoir qu’il accomplit la volonté de Dieu ? Nous comprenons alors pourquoi tous reçoivent un salaire identique dans notre parabole. Cette parabole veut arracher de notre cœur l’idée selon laquelle nous mériterions par nos bonnes actions de travailler dans la vigne du Seigneur. C’est une parabole du don de Dieu. Dimanche dernier nous avons entendu le Seigneur nous demander de pardonner sans poser aucune limite. Ce dimanche nous contemplons la bonté du Seigneur à notre égard, une bonté qui n’a, elle aussi, aucune limite : « Vas-tu regarder avec un œil mauvais parce que moi, je suis bon ? » La justice de Dieu ne peut pas se comprendre sans cette référence à sa bonté. Et c’est en cela qu’elle est très différente de l’idée humaine de justice. On ne demande pas à un juge humain d’être bon, on lui demande d’appliquer la même loi à tous sans aucune partialité. C’est en raison de sa justice surnaturelle que Dieu renverse les classements humains : « Ainsi les derniers seront premiers, et les premiers seront derniers ».

Aucun commentaire: