lundi 20 juin 2011

LA SAINTE TRINITE

La Sainte Trinité / A
19/06/2011
Jean 3, 16-18 (p. 1156)

Il y a dans notre année liturgique une grande cohérence. Ce n’est donc pas par hasard que la célébration de la Sainte Trinité se situe après le dimanche de la Pentecôte. Avec le mystère pascal, culminant à la Pentecôte, Dieu nous a tout donné : son Fils, son Esprit, l’Eglise et les sacrements. La Pentecôte marque l’accomplissement de la révélation divine. Nous n’avons à attendre aucune révélation nouvelle. Tout est dit depuis que le Père nous a envoyé sa Parole et son Esprit. Et c’est avec l’assistance du Saint Esprit que l’Eglise, tout au long de son pèlerinage sur la terre, ne cesse d’approfondir le mystère de Dieu et celui de notre salut. Les premiers siècles du christianisme n’ont pas été de tout repos. De nombreuses querelles dogmatiques autour de la personne du Christ et donc de la nature même de Dieu ont divisé les premiers chrétiens. Et c’est au terme de cette recherche théologique initiale que l’Eglise, sous la conduite de l’Esprit Saint, a pu de mieux en mieux préciser sa foi en Dieu Trinité. Si bien qu’il n’est pas exagéré de dire que la foi en la Trinité est le centre et le sommet de toute la révélation chrétienne. Un chrétien ce n’est pas simplement celui qui reconnaît l’existence de Dieu dans sa vie, mais bien celui qui reçoit la révélation que Dieu est Trinité. C’est cette révélation que le grand savant et penseur français Blaise Pascal eut la grâce de recevoir le 23 novembre 1654. Au cours d’une expérience mystique qui dura deux heures, il comprit par le cœur, de l’intérieur, la différence entre le Dieu des philosophes et le Dieu de Jésus-Christ, et il la consigna dans un texte nommé le mémorial. C’est la seconde conversion de Pascal.
« Feu. Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob, non des philosophes et des savants. Certitude, certitude, sentiment, joie, paix. Dieu de Jésus-Christ ».
Les textes de la Parole de Dieu nous montrent le vrai visage du Dieu de Jésus-Christ, et il est frappant de constater la continuité entre la première Alliance et l’Alliance nouvelle et définitive. Dieu se révèle en effet à Moïse comme « le Seigneur, Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de fidélité ». Dans l’Evangile, Jésus lui-même nous parle de son Père, ce Père qui nous aime. L’amour de Dieu notre Père n’est pas là pour nous enfoncer dans la culpabilité et la honte, il n’est pas là pour nous condamner. C’est un amour qui sauve et qui relève, un amour qui veut sans cesse nous redonner notre dignité de fils et de filles de Dieu. Quant à saint Paul il promet aux chrétiens qui vivent selon l’Evangile la présence du Dieu d’amour et de paix. Saint Jean résumera dans une formule lapidaire tout le mystère de Dieu : Dieu est Amour.
Nous sommes baptisés au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. En tant que chrétiens nous croyons au Dieu trois fois Saint. Mais pour que cette foi en la Trinité soit vivante, il faut que d’une manière ou d’une autre nous en ayons fait l’expérience personnelle, un peu à la manière de Pascal et de tant d’autres chrétiens émerveillés en présence du mystère de Dieu. Autrement nous risquons d’avoir une foi en un Dieu abstrait et lointain, en quelque sorte une idée inaccessible de la perfection. Nous risquons bien d’être déistes davantage que chrétiens. C’est le rôle du Saint Esprit que de nous aider à entrer dans le mystère de Dieu non seulement avec notre intelligence mais aussi avec notre cœur, c’est-à-dire dans une relation d’amour avec le Dieu Trinité et avec chacune des personnes divines. Nous avons deux lieux privilégiés pour vivre notre foi en la Trinité : la prière personnelle et le service du prochain dans la charité. Dire que Dieu est Trinité, c’est affirmer que Dieu en lui-même est don d’amour, circulation, échange de vie et d’amour entre les trois personnes divines. Et la manifestation en Dieu de cet amour c’est la personne du Saint Esprit, lien de charité entre le Père et le Fils. L’être de Dieu ne se définit pas d’abord par l’éternité ou encore la toute-puissance. Cela nous le retrouvons dans le dieu des philosophes. L’être de Dieu se définit par la perfection de l’amour en Lui. Lui seul est Dieu parce que Lui seul est capable de se donner à un tel point. S’il est créateur et sauveur, c’est en raison de son identité profonde. Nous comprenons alors que c’est lorsque nous nous donnons par amour à Dieu et à notre prochain que nous nous ouvrons le mieux au mystère de la Sainte Trinité. Dans une époque marquée par le divertissement, l’agitation et le bruit, il nous est bon dans le silence extérieur et intérieur, le silence du cœur, de nous mettre en présence du Dieu Trinité. La qualité de notre vie humaine et chrétienne dépend essentiellement de la vérité de notre relation avec ce Dieu qui n’est pas un Dieu solitaire mais un Dieu communion. Dans une époque où beaucoup s’isolent dans leur bulle croyant y trouver le bonheur, notre foi en la Trinité nous rappelle l’importance des relations entre nous. Le bonheur en Dieu se vit dans l’ouverture et le don de chacune des personnes divines. Le bonheur consiste pour chacun de nous à passer du statut d’individu à celui de personne, donc d’être en relation. Contempler le mystère des personnes divines et en vivre, cela nous fait avancer sur ce chemin d’humanisation et de divinisation. Je laisserai à la carmélite Elisabeth de la Trinité le mot de la fin :

« II me semble qu'au ciel, ma mission sera d'attirer les âmes en les aidant à sortir d'elles pour adhérer à Dieu par un mouvement tout simple et tout amoureux, et de les garder en ce grand silence du dedans qui permet à Dieu de s'imprimer en elles, de les transformer en Lui-même.»

2 commentaires:

Jeanmi a dit…

Les bons pères (Jésuite)m'enseignèrent : "perinde ac cadaver" ce qui est à l'opposé du doute. Or le doute est à la base de toute philosophie bien pensée. Si dieu existe, ce dont je doute, il serait un mauvais dieu. Et ne me dites pas que les desseins de dieu... etc. C'est en son nom que les hommes s'étripent depuis qu'un imbécile a inventé le concept de monothéisme. Les polythéistes, eux sont plutôt plus sympa. Ils n'obligent personne à croire, c'est leur truc et ne prêchent pas. S'ils se mettaient à prêcher je m'élèverais de la même façon. Presque tous les malheurs de l'Humanité viennent des croyances en un dieu unique. "Le mien est meilleur que le tien ! Et si tu ne me crois pas je te casse la figure". Voilà comment se résume l'histoire des religions. Seul la croyance en l'Homme sauvera l'Humanité
J'ai dit

Jeanmi a dit…

Erratum :
Lire : "Seule la croyance ..."