dimanche 24 avril 2011

DIMANCHE DE PAQUES

Pâques
24/04/11
Jean 20, 1-9 (p. 433)

Nous voici parvenus au sommet de notre année chrétienne. Même si, en France et dans d’autres pays chrétiens, Noël et le dimanche des Rameaux sont des fêtes plus populaires que Pâques, il n’en reste pas moins vrai que l’événement de Pâques est au centre de notre foi chrétienne. Et tout le temps pascal nous est donné par l’Eglise pour faire mémoire de cet événement et en saisir toute la puissance dans nos vies, particulièrement à travers les sacrements. La fête de ce jour est donc inséparable des autres fêtes du temps pascal : l’Ascension du Seigneur et la Pentecôte. D’une certaine manière c’est avec la Pentecôte, le don de l’Esprit Saint, que l’une des dernières paroles du Christ en croix se réalisera : « Tout est accompli ». Oui, avec la venue du Saint Esprit sur la première Eglise le Ressuscité a mené son œuvre de salut, de réconciliation et de sanctification à sa perfection.
Avant de méditer la page d’Evangile qui nous est proposée par la liturgie deux remarques s’imposent. Tout d’abord nous ne trouvons pas dans le Nouveau Testament une description du moment de la résurrection du Christ. L’entrée définitive du Seigneur Jésus dans la vie et la gloire de Dieu échappe à tout regard humain. Sa victoire sur la mort ne se constate pas comme si elle ressemblait à une victoire humaine à l’issue d’une bataille ordinaire. Ensuite l’Eglise, pour ce saint jour de Pâques, a choisi un Evangile du tombeau vide et non pas l’une des manifestations du Ressuscité aux apôtres et aux saintes femmes. Il n’y a donc dans cette page évangélique rien d’extraordinaire, rien qui puisse nous en mettre plein la vue. Elle est le contraire d’une mise en scène grandiose telle que les artistes ont pu parfois l’imaginer. Ici le témoignage est simple et humble pour un événement unique dans l’histoire de toute notre humanité. Cette discrétion et cette retenue dans la manière de présenter le matin de Pâques nous rappellent à quel point la foi en la résurrection a mis bien du temps avant de conquérir le cœur des premiers disciples, eux qui « n’avaient pas vu que, d’après l’Ecriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts ». Ces hommes et ces femmes n’étaient pas d’un tempérament crédule, bien au contraire.
Dès que le repos du Sabbat est terminé Marie Madeleine se lève très tôt pour aller au tombeau. Marie, la pécheresse convertie, se met en route de grand matin non pas parce qu’elle pense voir Jésus Ressuscité mais parce que son amour pour lui est immense. Marie est une femme fidèle à son Maître et elle veut l’honorer une dernière fois et peut-être achever, comme nous le disent les autres Evangiles, la toilette funéraire du crucifié. Et que voit-elle donc ? Le tombeau ouvert ! Sans même pénétrer à l’intérieur de celui-ci elle repart en courant vers la ville pour annoncer cette nouvelle à Pierre et à Jean. Ce n’est pas la Bonne Nouvelle de Pâques qu’elle leur annonce, pour elle il s’agit d’un enlèvement, le cadavre de Jésus aurait été volé, malgré les gardes postés devant le tombeau à la demande des prêtres Juifs. Et voilà Pierre et Jean qui se mettent à courir pour aller vérifier les dires de Marie Madeleine. Jean est le plus rapide, il arrive en premier. Probablement parce que son attachement pour Jésus est plus fort. Il a été le seul homme fidèle dans cette histoire, présent au pied de la croix avec les saintes femmes. Sans entrer dans le tombeau pour laisser à Pierre le rôle de premier témoin il voit le linceul. Pierre de même constate que les linges funéraires sont là mais sans le corps de Jésus. Voilà les premiers signes de Pâques : un tombeau vide, des linges funéraires. Ces signes suffisent à donner à Jean la foi pascale en la résurrection du Seigneur : « Il vit et il crut ».
Cet Evangile de Pâques peut nous amener à deux réflexions pour notre vie chrétienne. L’une sur les signes de Dieu, l’autre sur la puissance de ce mystère. Pendant le temps pascal nous pourrions prier en ayant dans le cœur ces deux interrogations. Dans notre monde, dans ma vie, bien des événements peuvent me ramener au vendredi saint et au sentiment de mon impuissance devant le mal en moi et autour de moi. Je dois demander à l’Esprit Saint, l’Esprit de mon baptême et de ma confirmation, de me faire voir les signes de Dieu. Ils sont souvent humbles et discrets, étouffés par une actualité désespérante. En tant que disciple du Ressuscité je ne suis pas épargné par le mal, encore moins insensible à sa présence. Mais ma foi me donne de le vaincre déjà en reconnaissant les signes de Dieu. Ensuite je sais que cette réalité de Pâques peut changer ma vie. L’Evangile est vraiment puissance de Dieu en ma faveur. Je peux demander à l’Esprit Saint de réveiller ma foi, de la rendre plus forte. Car c’est ma foi en Jésus Ressuscité qui me permettra effectivement de changer, de devenir meilleur jour après jour, et de rayonner autour de moi la bonté et la lumière de Dieu. En tant que disciple de Jésus je ne peux jamais me résigner ou m’avouer vaincu devant les multiples manifestations du mal et de la mort. Ce Jésus Ressuscité, ce Vivant, il n’est pas seulement à la droite du Père, dans la gloire de la Trinité. Il est auprès de moi, avec moi et en moi. Que pourrais-je craindre désormais ? Si ce n’est de ne pas assez l’aimer ou de lui être infidèle ? C’est dans un jardin que la mort a semblé triompher du Fils de Dieu. Ce jardin du tombeau neuf puis du tombeau vide, rappel du jardin d’Eden dans lequel nous avions perdu l’amitié de Dieu. En me donnant part à son Esprit d’amour, le Ressuscité fait de mon cœur son jardin, son nouveau paradis, et jour après jour il est le divin cultivateur, celui qui me renouvelle et me donne un cœur aimant, un cœur de fils, un cœur à son image. Alors si mon cœur se laisse vraiment embraser par le feu de l’amour divin, mes mains s’ouvriront pour prier le Père et pour servir mes frères. Alors mes pieds courront sur les chemins de la réconciliation et de la paix.
Le premier mai Jean-Paul II sera déclaré bienheureux. Ce géant de la foi, signe de Dieu pour notre temps, avait commencé son pontificat par un appel, écho de l’événement de Pâques : « N’ayez pas peur ! » Et il l’a vécu à travers tout son pontificat : géant de la foi, il a été un homme audacieux et courageux dans bien des domaines. Moi aussi je peux être un chrétien bienheureux. Si je laisse le Christ Vivant me libérer de plus en plus de l’esclavage de la peur pour entrer dans la joie des fils de Dieu. Cette joie que nul ne peut nous ravir.

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