mardi 10 novembre 2009

32ème dimanche du temps ordinaire

32ème dimanche du TO/B
8/11/09
Marc 12, 38-44 (p.935)
L’Evangile de ce dimanche nous parle de la vérité de notre attitude. D’un côté Jésus nous demande de nous méfier des scribes, de l’autre il nous donne en exemple la pauvre veuve. En tant que Fils de Dieu, Jésus voit au-delà des apparences et il nous invite à faire de même. Certes les scribes sont considérés dans la société juive de l’époque comme des savants, des spécialistes de la religion, mais à quoi peut bien leur servir une telle connaissance si elle n’est pas suivie des faits ? Le Seigneur ne s’arrête aux diplômes de ces scribes, mais il voit dans leur attitude hypocrisie et appât du gain. Ces hommes se servent eux-mêmes davantage que le Dieu qu’ils prétendent honorer. Et nous sommes bien avertis : Si nous pouvons tromper les hommes, nous ne pouvons pas tromper Dieu, Lui qui lit dans les cœurs les intentions les plus secrètes et les motifs véritables de nos actions. Un jugement sévère attend les hypocrites et les simulateurs.
Dans le Temple, le Seigneur observe les fidèles qui viennent déposer leurs offrandes. Et là encore il ne se laisse pas tromper par les apparences. Les personnes riches mettent dans le trésor de grosses sommes, la pauvre veuve deux piécettes seulement. Ce qui fait la vérité de notre offrande ce n’est pas la quantité : « Cette pauvre veuve a mis dans le tronc plus que tout le monde ». Et Jésus distingue ceux qui donnent de leur superflu de celle qui donne de son nécessaire : « Elle a pris sur son indigence : elle a tout donné, tout ce qu’elle avait pour vivre ». L’acte de la pauvre veuve peut nous sembler fou ou héroïque voire suicidaire. En fait il traduit sa foi absolue en Dieu, sa confiance sans limites en la Providence. Comment ne pas voir dans l’offrande de cette femme une image magnifique de l’offrande du Christ sur le bois de la Croix ? « Elle a tout donné, tout ce qu’elle avait pour vivre ». L’offrande des deux piécettes dans le tronc du Temple est véritablement un sacrifice dans lequel cette femme totalement détachée ne garde absolument rien pour elle. Comme le Seigneur, nous ne pouvons être qu’en admiration devant la foi de cette femme. En même temps nous nous demandons comment progresser vers cet idéal du don qui nous semble inaccessible, la plupart du temps irréalisable… Un acte aussi radical ne peut être moralement pris par une mère de famille par exemple.
Saint Paul peut nous venir en aide pour avancer : « Vous connaissez en effet la générosité de notre Seigneur Jésus Christ : lui qui est riche, il est devenu pauvre à cause de vous, pour que vous deveniez riches par sa pauvreté. » Il rappelle aux Corinthiens la générosité du Seigneur Jésus-Christ, générosité qui s’exprime d’abord dans le mystère de l’incarnation et ensuite dans le sacrifice de la Croix. L’offrande de la veuve nous pose très directement cette question : quel est mon rapport à l’argent et aux biens matériels ? N’oublions pas que parmi les péchés capitaux il y a l’avarice. Si des parents doivent bien gérer leur budget familial et être prudents dans les dépenses, ils ne sont jamais dispensés du devoir de partage, qui est un devoir correspondant à la vertu de charité. Quant aux célibataires, ils ont une liberté plus grande encore dans l’exercice de la générosité. En mettant tout son argent dans le tronc du Temple, la pauvre veuve se remet aussi totalement entre les mains de Dieu. Elle se donne tout entière à Lui, seul Maître de la vie et de l’histoire. C’est le signe évident que la générosité du chrétien dépasse la seule question de la gestion de ses finances et de ses biens matériels. Une déclaration du Concile Vatican II nous aidera, dans la ligne de Paul, à y voir plus clair : « Il y a une certaine ressemblance entre l’union des personnes divines (dans la Trinité) et celle des fils de Dieu dans la vérité et dans l’amour. Cette ressemblance montre bien que l’homme, seule créature sur terre que Dieu a voulue pour elle-même, ne peut pleinement se trouver que par le don désintéressé de lui-même » (Gaudium et Spes 24). La pauvre veuve de l’Evangile nous indique ce chemin de la perfection chrétienne : le don désintéressé de nous-mêmes à Dieu et à nos frères. Alors si le partage de mes biens est encore une fois nécessaire, et non pas de l’ordre du facultatif, je dois aussi regarder comment je me donne aux autres et à Dieu. Nous connaissons tous le proverbe : « Le temps, c’est de l’argent ». Se donner soi-même, c’est savoir donner de son temps pour autrui et pour Dieu. Ce sacrifice du temps nous coûte parfois aussi cher que celui de notre argent. Car l’esprit ambiant nous pousse à croire que notre bonheur se trouve essentiellement dans le divertissement, les loisirs et les plaisirs. L’Esprit du Christ nous dit que nous ne pouvons nous trouver pleinement qu’en nous donnant. Bref la vraie générosité chrétienne est aussi une lutte de chaque jour contre l’égoïsme et le renfermement individualiste sur nos plaisirs et nos satisfactions personnelles. La pauvre veuve nous indique un chemin de détachement, de dépouillement et de don de soi qui est en même temps le chemin de notre accomplissement humain et chrétien. C’est en effet par le don désintéressé de nous-mêmes que nous vivons déjà de la joie et de la paix de Dieu.

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