jeudi 21 mai 2009

ASCENSION DU SEIGNEUR

Ascension du Seigneur / B
21/05/09
Marc 16, 15-20 (p. 707)
L’année liturgique nous fait célébrer les mystères du Seigneur les uns après les autres. En même temps le cycle liturgique insère ces mystères dans des temps particuliers. C’est une invitation pour nous à ne pas isoler le mystère de l’Ascension que nous fêtons aujourd’hui. La liturgie insère en effet la fête de l’Ascension dans le temps pascal, donc en lien très étroit avec Pâques et Pentecôte. A Pâques nous célébrons la victoire définitive du Christ sur la mort ainsi que sa manifestation glorieuse aux apôtres et aux disciples. A Pentecôte nous faisons mémoire du don de l’Esprit à la première Eglise. L’Ascension du Seigneur prend place dans le temps entre Pâques et Pentecôte, et c’est dans cette perspective du temps pascal que nous devons la comprendre. D’autant plus que le vocabulaire biblique est pour nous piégé comme celui de nos professions de foi… Dans le Credo, l’Ascension est résumée par une phrase : « Il monta au ciel ». Tout le vocabulaire de la Bible comme du Credo utilise de fait une image spatiale pour nous parler de ce mystère. Et dans le Credo « Il monta au ciel » correspond à : « Il descendit du ciel ». Donc non seulement le mystère de l’Ascension doit être perçu en lien avec Pâques et Pentecôte mais aussi avec l’Incarnation. Ces images nous montrent un double mouvement : Dieu en son Fils « descend du ciel », Il se fait proche de nous, Il adopte notre condition humaine, c’est Noël… A l’Ascension, dans un mouvement inverse, le Fils de Dieu quitte cette terre pour le ciel… Le risque est grand pour nous de confondre la réalité du mystère avec ces pauvres images humaines situées dans l’espace, avec en bas la terre, le domaine des hommes, et en haut, le ciel qui serait le domaine de Dieu. Il nous faut bien comprendre qu’à Noël le Fils ne quitte pas le Père en épousant notre condition humaine. Et qu’à l’Ascension Jésus ressuscité ne quitte ni son humanité ni notre humanité… L’Ascension consacre au contraire l’union intime entre la nature divine du Fils de Dieu et notre nature humaine. C’est bien avec son corps glorieux qu’il monte au ciel pour s’asseoir à la droite de son Père.
Alors comment traduire les pauvres mots de notre Credo, « Il monta au ciel » ? Comment dépasser l’image pour atteindre la réalité visée par la foi ? En comprenant qu’après les manifestations pascales du Ressuscité, l’Ascension marque une nouvelle étape dans la relation du Christ Vivant avec ses disciples. L’Ascension ouvre le temps de la foi, le temps de l’Eglise. Dans ce mystère, Notre Seigneur ne se transforme pas en superman montant au ciel, mais il disparaît à nos yeux de chair jusqu’au jour de son retour dans la gloire, à la fin des temps. A partir de l’Ascension, l’Eglise doit vivre la béatitude de la foi : « Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui croient. » Notez bien comment l’Ascension correspond à l’envoi en mission des disciples. C’est logique car désormais le Christ glorieux sera visible à travers son Corps mystique, l’Eglise, et donc à travers chaque baptisé. Membres du corps du Christ, nous sommes désormais son visage et sa présence pour notre monde. C’est une lourde et belle responsabilité que la notre. C’est surtout un appel à grandir dans la communion de l’amour et à entrer toujours plus pleinement dans la sainteté que le Christ nous offre et nous communique. Dans le mystère de l’Ascension Notre Seigneur s’efface en quelque sorte pour donner naissance à l’Eglise. Et l’Eglise ne peut naître sans le don de l’Esprit. Si le Ressuscité s’efface, il ne nous abandonne pas, il ne nous quitte pas. C’est seulement son mode de présence qui est nouveau. Il est fidèle à sa promesse : « Voici que je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du temps. » Et c’est l’Esprit Saint qui nous permet justement de reconnaître dans nos vies et dans l’histoire de notre monde la nouvelle présence du Ressuscité. Présence tellement discrète, humble et cachée qu’elle s’apparente pour nous à une absence. Mais dans la foi nous expérimentons réellement cette présence du Christ à nos côtés et en nous, tout particulièrement dans la communion eucharistique et dans la prière. L’Esprit Saint nous rend capables de reconnaître les signes des temps : comment la puissance du Ressuscité est à l’œuvre dans l’histoire humaine et celle de l’Eglise, comment aussi la Providence nous guide et nous illumine par des signes souvent bien petits mais ô combien significatifs si nous savons les accueillir dans la foi !
En cette belle fête de l’Ascension comprenons enfin que le Ciel de Dieu où Jésus monte c’est chacun d’entre nous qui sommes les membres de son Corps, habités par l’Esprit. Le Ciel de Dieu, c’est notre cœur, symbole de notre intériorité, là où justement Dieu ne cesse de se donner à nous comme le Dieu d’amour, de paix et de joie. Rendons grâces à Dieu notre Père, qui « règne au-dessus de tous, par tous, et en tous. » Oui, Il règne en nous par le Christ dans l’Esprit. Alors ne restons pas là à fixer le ciel… Mais soyons pour Dieu notre Père ce ciel où il aime à demeurer avec le Fils et l’Esprit Saint ! Pour aller au Ciel, devenons le Ciel !

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