mardi 9 décembre 2008

Deuxième dimanche de l'Avent

Deuxième dimanche de l’Avent / B
7/12/08
Marc 1, 1-8 (p. 60)
En ce deuxième dimanche de l’Avent l’Eglise nous donne comme guide dans notre marche à la rencontre du Seigneur Jean-Baptiste. Jean est à la fois le dernier des prophètes et l’un des plus grands témoins du Christ. Il se tient à la frontière qui marque le passage de la première Alliance à la nouvelle Alliance dans le Christ. Et le lieu qu’il choisit pour accomplir sa mission de précurseur, c’est le désert. Jésus lui-même, après son baptême par Jean, suivra le même chemin sous l’impulsion de l’Esprit : il ira au désert avant de commencer sa mission de Sauveur. Il y restera 40 jours. Ce choix de Jean d’aller prêcher dans le désert peut nous sembler bien bizarre. Bien sûr il accomplit ainsi la prophétie d’Isaïe, c’est notre première lecture. Mais si Jean veut proclamer un baptême de conversion pour le pardon des péchés, pourquoi aller dans le désert et non pas là où les hommes habitent ? Peut-être parce que Jean veut se préparer intérieurement à sa grande mission. Et que le désert dans toute la Bible est à la fois le lieu de la rencontre avec Dieu et le lieu de la mise à l’épreuve. Ce choix de Jean nous dit toute l’importance des préparations, et l’importance dans notre vie des temps de silence, de méditation et de prière. Jésus s’est préparé pendant 30 ans à Nazareth et il y a ajouté une retraite de 40 jours au désert… Dans nos vies chrétiennes, et c’est valable autant pour les laïcs que pour les prêtres, un temps de retraite spirituelle annuelle n’est pas une option ou un luxe, mais bien une nécessité vitale. Au moins 3 jours par an consacrés uniquement à nourrir et à approfondir notre relation avec le Seigneur au désert… Ce ne serait déjà pas si mal ! Or que voyons-nous dans notre Evangile ? Un phénomène bien étonnant ! Jean, dans son désert, attire à lui les foules. Le bouche à oreille devait être très efficace en ces temps où ni la radio ni les journaux ni la télé ne donnaient les nouvelles… Jean est porteur d’une Bonne Nouvelle pour les pécheurs et les attire à lui dans ce lieu reculé. Aujourd’hui, en 2008, tous les responsables de l’accueil dans les communautés religieuses disent qu’ils sont parfois débordés par les demandes de personnes voulant se retirer au désert pour faire le point ou pour un séjour spirituel… A la suite de Jean, les moines et les moniales vivent ce paradoxe : ils se sont retirés au désert, dans des lieux solitaires, et pourtant ils attirent à eux les foules…
La grandeur de Jean nous est rendue évidente si nous réfléchissons un peu à cette situation. C’est pour lui un succès énorme, toutes ces personnes qui viennent se faire baptiser en masse dans les eaux du Jourdain et qui acceptent d’entendre sa prédication. Une prédication qui était à l’image de sa nourriture : à la fois douce comme le miel et amère comme les sauterelles. Jean est un prédicateur qui peut nous paraître austère, sévère. Eh bien, ce succès ne lui monte pas à la tête ! Jean est grand parce que justement il est humble. A aucun moment il ne se détourne de la vérité de sa mission. Il n’est pas là dans le désert en train d’organiser un show pour impressionner les foules venues à lui et se faire une carrière de prédicateur célèbre. Non, il n’est là que pour préparer le chemin au Christ. Il est là pour parler au cœur de Jérusalem. Il n’a pas d’autre but que celui-ci : que ces foules puissent aller à la rencontre du Seigneur et trouver auprès de Lui la consolation qui vient de Dieu. En ce sens Jean est l’image du parfait témoin du Christ.
« Voici venir derrière moi celui qui est plus puissant que moi… Moi, je vous ai baptisé dans l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. » Le dernier des prophètes ne manipule pas les foules, il n’utilise pas son succès pour les tromper. Il est vraiment cet indicateur de la vérité. Envoyé par Dieu pour préparer les chemins de son Fils, il indique celui qui vient, le plus puissant, le plus fort que lui. Totalement saisi par la grandeur du Messie et le caractère unique de sa mission, il sait qu’il doit diminuer pour que le Christ grandisse dans les cœurs de ces personnes en attente de salut et de réconciliation. Son baptême dans l’eau n’est pas un sacrement, seulement un rite par lequel les Juifs de bonne volonté signifient leur volonté de conversion. C’est le plus puissant, celui qui vient, qui seul, peut baptiser dans l’Esprit. Ce qui signifie plus clairement que ce que l’homme Jean ne peut donner, l’homme Jésus parce qu’il est Fils de Dieu le donnera. Jean ne peut qu’appeler à la conversion. Mais le Christ, par le don de l’Esprit, est capable d’opérer cette conversion dans les cœurs. Seul Dieu peut en définitive convertir notre cœur de pierre en un cœur de chair, c’est-à-dire en un cœur aimé, réconcilié et aimant. Nous le savons bien, personne dans l’Eglise, pas même le pape, n’a ce pouvoir. A la suite de Jean, prêtres et évêques doivent être les témoins de la Bonne Nouvelle et appeler à la conversion, à l’accueil du Christ qui doit régner dans tous les cœurs. Mais c’est à chaque chrétien de se donner les moyens d’accueillir intérieurement l’Esprit Saint pour que la parole entendue puisse porter tous ses fruits. Et parmi ces moyens, il y a l’expérience de la retraite spirituelle, l’expérience du désert dans le silence et la prière. Amen.

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