lundi 17 novembre 2008

33ème dimanche du temps ordinaire

33ème dimanche du temps ordinaire / A
16/11/08
Matthieu 25, 14-30 (p. 976)
Nous voici parvenus à l’avant-dernier dimanche de notre année liturgique. Et c’est pour cela que l’Eglise offre à notre méditation un Evangile nous parlant de la venue du Christ, de son retour en gloire à la fin des temps. La parabole des talents, dont nous avons un équivalent en saint Luc avec la parabole des mines, est en effet une parabole « bilan » : elle est un appel à faire le bilan de notre vie même si notre mort peut nous paraître, pour certains d’entre nous, encore assez lointaine… En nous souvenant du message de saint Paul dans la deuxième lecture : « Le jour du Seigneur viendra comme un voleur dans la nuit… Alors, ne restons pas endormis comme les autres, mais soyons vigilants et restons sobres. » La parabole des talents est un appel aussi à faire le bilan de l’année qui vient de s’écouler.
Le début de la parabole plante bien le décor : « Un homme, qui partait en voyage, appela ses serviteurs et leur confia ses biens. » Cet homme, c’est le Christ lui-même. Son « voyage » correspond bien au temps de l’Eglise, celui que nous vivons. Cette période de grâce, après le Christ, entre Noël (le premier avènement du Seigneur) et la fin des temps, sa parousie, son retour dans la gloire pour juger les vivants et les morts. Jésus est bien l’image parfaite de Dieu son Père. Dieu Notre Père, en créant le monde, est aussi parti en voyage… Ce qui signifie qu’il nous laisse libres et fait de nous des responsables à part entière de sa création. Souvenons-nous du premier chapitre de la Genèse. Dieu bénit l’homme et la femme et leur dit : « Développez-vous, multipliez-vous, remplissez la terre et dominez-la. Ayez autorité sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et tous les animaux qui vont et viennent sur la terre ! » Dieu n’est pas interventionniste, il respecte le principe de subsidiarité. Lui qui est la Cause première de tout ce qui existe, Lui le Créateur, respecte les causes secondes, c’est-à-dire l’autonomie et la liberté de ses créatures. Jésus agit de la même manière quand il part, lui aussi, en voyage. Il confie à ses serviteurs, c’est-à-dire aux chrétiens, ses biens. Les biens dont il s’agit ici ne sont plus seulement ceux de la création mais aussi ceux de la grâce, les biens spirituels : l’Eglise, la Parole de Dieu, les sacrements etc. Si Dieu n’est pas interventionniste à la manière d’un dictateur suprême et d’un surveillant général, il n’est pas non plus égalitariste… Le Seigneur Jésus confie à ses serviteurs 5 ou 2 ou 1 talent, « à chacun selon ses capacités ». Oui, le Seigneur nous fait des dons humains et spirituels en fonction de nos capacités. Autant dire qu’il n’exige pas de nous l’impossible. Il est réaliste, car Lui seul nous connaît vraiment. Le Seigneur Jésus, avant de partir en voyage (c’est une image qui nous parle du mystère de l’Ascension), nous confie et nous donne ses biens de manière très généreuse. Un talent représentait alors 30 kilos de métal précieux ou 15 ans de salaires pour un ouvrier…
« Longtemps après, leur maître revient et il leur demande des comptes. » Ce moment unique de notre histoire que nul ne connaît si ce n’est Dieu correspond soit à la fin des temps soit au jour de notre mort. Ce que nous nommons le jugement dernier et le jugement particulier. Les deux premiers serviteurs se sont montrés « bons et fidèles » dans la gestion de leurs talents. Ils ont compris que Jésus leur avait vraiment fait un don en leur faisant confiance. Ces talents reçus venaient bien de Dieu, mais ils étaient aussi à eux. Ils ne les ont pas gérés comme un bien étranger mais comme leur bien propre. Et la récompense du Maître nous empêche d’avoir une lecture capitaliste ou financière de cette parabole : « Entre dans la joie de ton Maître. » Si l’image est financière, la réalité est bien spirituelle. Ceux d’entre nous qui auront vécu leur vie selon l’Evangile et en portant beaucoup de fruits dans l’Esprit connaitront la joie indicible d’une parfaite communion avec le Christ. Quant au serviteur « mauvais et paresseux », celui qui justement va être séparé à jamais du Christ, il constitue pour nous une mise en garde solennelle. Pourquoi donc a-t-il échoué dans sa vie chrétienne ? Tout d’abord parce qu’il s’était fait une fausse image de Dieu : « Je savais que tu es un homme dur. » Au lieu de voir en Jésus l’amour et la miséricorde du Père, il n’a vu en lui qu’un juge sévère et exigeant. Et la conséquence de cette fausse vision a été pour lui la peur, cette peur qui paralyse, cette peur qui rend stérile et infécond. Et voilà ce serviteur, se présentant à son Maître, en lui disant : « Tu as ce qui t’appartient. » Il n’a pas compris que ce talent, venant de Jésus, lui était confié et donné, qu’il lui appartenait. Il l’a traité comme une chose étrangère. Il l’a enterré. Quant à nous, instruits par cette parabole, rendons grâce au Seigneur Jésus pour tous les biens humains et spirituels dont il nous a comblés. Et ne gâchons pas notre vie en passant à côté de la fécondité et de la puissance de l’amour de Dieu répandu en nos cœurs par le don de l’Esprit. Soyons images vivantes de Jésus pour le pauvre et le malheureux. N’ayons pas peur de nous donner dans la joie à la suite du Christ notre Seigneur !

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