dimanche 1 juillet 2007

13ème dimanche du temps ordinaire

13ème dimanche du TO/C
1er juillet 2007
Luc 9, 51-62 (page 18)

En ce premier dimanche du mois de juillet, la liturgie de la Parole n’est pas précisément une invitation au farniente estival… « Le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer sa tête. »
Les quatre paroles du Seigneur rassemblées ici par saint Luc se situent à un moment charnière de l’Evangile, un moment décisif dans le ministère public du Seigneur : « Comme le temps approchait où Jésus allait être enlevé de ce monde, il prit avec courage la route de Jérusalem. » Au chapitre 9 de son Evangile, Luc signale une étape importante. Le temps de la prédication et des miracles en Galilée est terminé. Le temps de l’annonce du Royaume de Dieu est accompli. Maintenant Jésus durcit sa face en direction de Jérusalem. Tel est le sens du texte grec original. Et cette expression grecque nous renvoie directement à l’un des chants du serviteur en Isaïe : « Le Seigneur Dieu est de mon côté, et les insultes ne me touchent pas ; aussi je garde un visage de pierre, je sais que je n’aurai pas à rougir. » Autant dire que cette montée vers Jérusalem est synonyme d’entrée dans la Passion. C’est le temps où le Seigneur va enseigner davantage par son attitude de liberté et de courage que par ses paroles.
Sur la route qui va le conduire de la Galilée à Jérusalem, Jésus doit traverser la Samarie. « On refusa de le recevoir, parce qu’il se dirigeait vers Jérusalem. » La première réalité à laquelle se heurte Jésus est bien celle du refus. Ce refus d’accueil annonce déjà le refus radical qui sera signifié à Jérusalem par le supplice de la Croix. C’est bien le chemin de Croix qui commence ici en filigrane. Ce refus est le symbole d’une humanité profondément divisée et déchirée. Les samaritains n’aiment pas les juifs et les juifs n’ont guère d’estime envers eux… Ce sont ces petites et grandes rivalités qui conduisent bien souvent à la haine et à la guerre. Comment ne pas penser ici aux merveilleuses paroles de Paul dans sa lettre aux Colossiens ? Dieu a jugé bon qu’habite dans le Christ toute plénitude « et que tout, par le Christ, lui soit enfin réconcilié, faisant la paix par le sang de sa Croix, la paix pour tous les êtres sur la terre et dans le ciel. » Oui, le chemin de Croix est bien un chemin de souffrance en vue de la réconciliation, en vue de l’unité du genre humain.
Devant ce refus, Luc rapporte deux réactions : celle de Jacques et de Jean, puis celle du Seigneur. « Veux-tu que nous ordonnions que le feu tombe du ciel pour les détruire ? » Les apôtres suggèrent à leur Maître de punir les samaritains en employant la méthode forte. La violence est la méthode employée en tout temps et en tous les lieux par les fanatiques religieux. Dès le moment où des personnes refusent de les accueillir ou de les écouter, ils veulent s’imposer par la force, et cela au nom du Dieu qu’ils prétendent servir. Jacques et Jean ont des circonstances atténuantes, pourrait-on dire… Ils ont l’illustre exemple du prophète Elie dans l’Ancien Testament qui avait fait tomber le feu du ciel sur les messagers du roi Okozias : « Elie répondit au chef des cinquante : ‘Si je suis un homme de Dieu, que le feu du ciel descende et te dévore, toi et tes cinquante hommes !’ Et le feu du ciel descendit : il le dévora, lui et ses cinquante hommes. »
« Mais Jésus se retourna et les interpella vivement ». Le Seigneur, en route vers Jérusalem et vers le Golgotha, ne se met pas à l’école du prophète Elie. Son attitude est nouvelle. Il refuse la violence, il refuse de punir ces samaritains qui ne veulent pas lui offrir l’hospitalité… « Le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer sa tête ! » Un peu plus loin dans sa marche vers Jérusalem, Jésus choisira même un samaritain pour illustrer l’amour du prochain, c’est la parabole bien connue du bon samaritain . Les fanatiques religieux, eux, ont tendance à diviser le monde en deux camps : celui des bons auquel ils s’identifient bien sûr, et celui des mauvais, des ennemis. Jésus montre que si certains samaritains ont refusé de l’accueillir, d’autres peuvent être des modèles de charité. Il ne faut jamais généraliser dans nos jugements et dire : ce peuple ou ce groupe est mauvais. D’ailleurs Jésus nous demande de ne pas juger, de ne pas condamner notre prochain. Et même dans une personne, la plupart du temps, le bien et le mal cohabitent. C’est l’expérience de la lutte spirituelle que tous nous faisons. Il aura fallu beaucoup de temps à notre Eglise pour vivre en plénitude cet enseignement du Christ. Le texte du concile Vatican II sur la liberté religieuse a clairement condamné le fanatisme religieux comme antiévangélique : « Bien qu’il y ait eu parfois dans la vie du peuple de Dieu, cheminant à travers les vicissitudes de l’histoire humaine, des manières d’agir moins conformes, bien plus même contraires à l’esprit évangélique, l’Eglise a cependant toujours enseigné que personne ne peut être amené par contrainte à la foi. » Et le Concile se réfère évidemment à l’exemple du Christ : « Il a rendu témoignage à la vérité, mais il n’a pas voulu l’imposer par la force à ses contradicteurs. Son royaume, en effet, ne se défend pas par l’épée, mais il s’établit en écoutant la vérité et en lui rendant témoignage, il s’étend grâce à l’amour par lequel le Christ, élevé sur la Croix, attire à lui tous les hommes. »
Si les apôtres voulaient faire descendre le feu du ciel pour tuer les samaritains, Jésus, lui, veut faire descendre en chacun de nous le feu de l’Esprit, le feu de son amour divin, infini et universel : « Je suis venu jeter le feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! »
Amen

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