dimanche 6 juin 2021

LE SAINT SACREMENT 2021

 



Marc 14, 12-16.22-26

Dimanche dernier nous avons célébré la Sainte Trinité. Nous avons fait mémoire du Dieu trois fois saint qui est amour. La liturgie dans sa cohérence nous fait célébrer en ce dimanche le plus grand don de l’amour de Dieu, le saint sacrement du corps et du sang du Seigneur. L’Evangile nous montre bien que c’est dans le cadre de la célébration de la Pâque juive que Jésus nous a fait don du sacrement de l’eucharistie. Au lieu de prendre dans ses mains l’agneau pascal pour en faire le sacrement de son corps offert en sacrifice, il choisit le pain et le vin, se situant ainsi dans la lignée du sacerdoce de Melchisédech. Ce mystérieux personnage du livre de la Genèse est appelé prêtre du Dieu très haut. Lors de sa rencontre avec Abram, il apporte du pain et du vin. Le psaume 109, psaume messianique que l’Eglise prie lors des vêpres du dimanche, annonce le Christ roi et prêtre selon l’ordre de Melchisédech. Lors de l’institution de l’eucharistie, Jésus accomplit cette prophétie. Il ne prend pas la suite des prêtres juifs qui desservaient le temple, issus de la tribu de Lévi et chargés d’offrir les sacrifices d’animaux. Le soir du jeudi saint, Jésus abolit tous les sacrifices de l’ancienne alliance, ce qui sera manifesté de manière symbolique le lendemain lorsque le rideau du sanctuaire se déchirera en deux, du haut en bas, au moment même de la mort de Jésus en croix (Mc 15, 38).

La structure essentielle du sacrement de l’eucharistie est toujours demeurée la même malgré les changements extérieurs de rites et de langues. L’apologiste et martyr saint Justin nous en donne un témoignage datant du 2ème siècle. Dès l’antiquité chrétienne l’eucharistie se célèbre selon une structure en deux parties : tout d’abord la liturgie de la Parole et ensuite la liturgie du sacrifice eucharistique. Il est très intéressant de replacer dans son contexte historique juif cette structure du sacrement chrétien. Pour ce faire il faut rappeler la destruction du temple de Jérusalem en 70 et la fin du sacerdoce lévitique ainsi que des sacrifices d’animaux et se souvenir de la liturgie pratiquée en dehors du temple dans les synagogues. Au chapitre 4 de saint Luc nous voyons Jésus participer au culte du sabbat dans la synagogue de Nazareth. Ce culte synagogal était une liturgie de la Parole dans laquelle on proclamait les écrits de la Torah et des Prophètes qui étaient ensuite commentés. Dans la synagogue aucun sacrifice d’animaux puisque ceux-ci ne pouvaient être réalisés que dans le cadre de l’unique temple de Jérusalem. La première partie de notre messe est donc une reprise chrétienne du culte de la synagogue, reprise qui nous fait comprendre que Jésus accomplit les Ecritures de l’ancienne alliance dans sa personne comme il le dit lui-même lorsqu’il commente un passage d’Isaïe dans la synagogue de la ville où il avait grandi : Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre.

La deuxième partie de la messe consiste à célébrer le sacrifice d’action de grâce en refaisant ce que Jésus fit le soir du jeudi saint. Eucharistie signifie précisément la prière d’action de grâce, d’où le choix du psaume 115 : je t’offrirai le sacrifice d’action de grâce. Ce sacrifice correspond aux sacrifices d’animaux qui se pratiquaient dans le temple. Nous voyons comment la première partie de notre messe reprend le culte de la synagogue et la seconde celui du temple. Aux sacrifices d’animaux le Seigneur substitue le sacrifice de sa personne qui nous est rendu présent en vue de la communion sous les espèces du pain et du vin. En abolissant les sacrifices, rendus impossible par la destruction du temple en 70, Jésus les mène à leur accomplissement. En témoigne l’une des sept dernières paroles qu’il prononça avant de mourir sur le bois de la croix : tout est accompli.

Le saint sacrement, sacrement de la nouvelle alliance, témoigne donc dans sa structure même d’un double accomplissement de la part de Jésus. Accomplissement signifiant non seulement réalisation des prophéties mais le fait de porter à leur perfection spirituelle des réalités du culte juif qui n’étaient que l’annonce imparfaite du culte en esprit et en vérité. Le sacrement institué par Jésus synthétise en lui le culte de la synagogue et celui du temple. Il est accomplissement des Ecritures dans la liturgie de la Parole et accomplissement des sacrifices dans la liturgie eucharistique. Enfin le sacrement de l’eucharistie offre le fruit de la nouvelle alliance non plus aux seules 12 tribus du peuple d’Israël mais à la multitude des hommes et des peuples.

Célébrons donc ce sacrement avec foi, amour, respect et reconnaissance.


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