jeudi 17 mai 2012

ASCENSION DU SEIGNEUR

Le mystère de l’Ascension du Seigneur marque une étape décisive dans la vie des premiers disciples. L’Ecriture utilise nos pauvres mots humains (Jésus fut enlevé au ciel, il siège à la droite du Père) pour exprimer un nouveau commencement dans l’histoire de notre salut et de notre relation avec Dieu. En effet à partir de l’Ascension le Fils de Dieu n’est plus visible à nos yeux de chair. Déjà pendant le temps de sa présence au milieu de nous la foi était nécessaire pour reconnaître dans l’homme Jésus de Nazareth l’envoyé du Père. Après l’Ascension c’est uniquement par la foi que les hommes peuvent entrer en relation avec leur Sauveur. Ce mystère ne marque pas la fin de l’incarnation puisque Jésus ressuscité demeure vrai homme dans la gloire de la Trinité. Fêter l’Ascension c’est se rappeler avec joie que désormais notre humanité est pour toujours unie à Dieu dans la personne de Jésus. Le Seigneur avait annoncé à ses disciples que son départ était nécessaire pour que l’Esprit Saint puisse être donné. Les mystères de la vie du Seigneur ne se séparent pas : dans le temps pascal Pâques, Ascension et Pentecôte sont des célébrations qui se renvoient les unes aux autres. Avec la Pentecôte et le don de l’Esprit Saint, don qui marque la naissance de l’Eglise, la présence de Jésus Ressuscité nous devient intérieure. Nous ne le connaissons plus à la manière des premiers disciples en le voyant et en le fréquentant comme une personne humaine. Mais l’Esprit Saint nous permet de reconnaître en nous, dans la communauté et dans les sacrements la présence vivante et agissante de celui qui siège à la droite du Père. L’Ascension et la Pentecôte consacrent le temps de l’Eglise comme le temps de la foi. Et nul ne peut croire en Jésus Sauveur sans le don de l’Esprit. Dans la première lecture saint Luc nous rapporte que pendant 40 jours, les jours qui se sont écoulés entre Pâques et l’Ascension, Jésus a parlé du Royaume de Dieu à ses disciples. Il a donc repris et approfondi avec eux un thème de sa toute première prédication. Malgré un enseignement tant de fois répété, Luc constate que les disciples ne se sont toujours pas convertis à la réalité du Royaume de Dieu présent au milieu d’eux : « Seigneur, est-ce maintenant que tu vas rétablir la royauté en Israël ? » Lui leur parle du Royaume de Dieu, un royaume de l’esprit, et eux en sont toujours à rêver d’un roi en Israël, donc d’un royaume terrestre. Au lieu de les reprendre sévèrement à cause de leur manque de spiritualité, Jésus leur annonce le don du Saint Esprit. Ils en auront bien besoin pour renoncer définitivement à une vision politique du Royaume de Dieu et pour comprendre que ce Royaume est celui de la charité, donc de l’amour divin répandu et communiqué à notre humanité pour qu’elle parle « un langage nouveau ». Au moment du départ de Jésus, ce moment où il devient pour toujours invisible à nos yeux, « deux hommes en vêtements blancs » interpellent les apôtres : « Pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Jésus, qui a été enlevé du milieu de vous, reviendra de la même manière que vous l'avez vu s'en aller vers le ciel. » Cela rappelle la situation décrite par le même saint Luc à l’aube du jour de Pâques. Les saintes femmes se sont rendues au tombeau et rencontrent deux hommes vêtus de blanc qui leur adressent la parole : « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Il n'est pas ici, il est ressuscité. » Ces deux interrogations nous remettent devant notre faiblesse humaine. Confrontés au mystère de Dieu nous sommes toujours en décalage, en retard dans notre manière de le percevoir et de l’interpréter. C’est l’Esprit de vérité qui nous guidera dans la vérité tout entière. La vie de foi, donc la vie de l’Eglise, est un chemin en perpétuel progrès jusqu’au retour du Christ dans la gloire. Ce n’est pas en regardant le tombeau vide ou en fixant le ciel, attachés à un passé qui n’est plus, que nous saisirons la vérité du mystère chrétien. Cette vérité nous précède et nous devance. Saint Paul nous le dit clairement dans la deuxième lecture : tant que nous cheminons ici bas notre connaissance du Seigneur est marquée par l’imperfection : « Au terme, nous parviendrons tous ensemble à l'unité dans la foi et la vraie connaissance du Fils de Dieu, à l'état de l'Homme parfait, à la plénitude de la stature du Christ. » Fêter l’Ascension, c’est avoir l’humilité de reconnaître que nous ne possédons pas la vérité. C’est espérer être transfigurés « au terme » par notre rencontre avec le Ressuscité.

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