mercredi 17 septembre 2008

22ème dimanche du temps ordinaire

22ème dimanche du TO / A
31 août 2008
Matthieu 16, 21-27 (p.455)
La liturgie nous fait méditer sur deux dimanches cette page d’Evangile si riche et si profonde de la profession de foi de Pierre. D’où l’introduction donnée par l’Eglise à l’Evangile de ce dimanche : Pierre avait dit à Jésus : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant. » La première partie de cette page évangélique, entendue dimanche dernier, respirait l’espérance et la gloire. Avec l’annonce de la Passion nous sommes confrontés à la face rugueuse et difficile de cette même page.
Et Pierre qui vient de professer sa foi sous l’inspiration de l’Esprit Saint va se heurter à l’annonce de la Passion : « Dieu t’en garde, Seigneur ! Cela ne t’arrivera pas ». La sévérité avec laquelle Jésus lui répond nous montre que Pierre ne se laisse pas encore guider entièrement par l’Esprit Saint. Il y a encore en lui des pensées trop humaines, des pensées qui l’empêchent de pénétrer plus avant dans le mystère du Messie tel que son Maître veut le lui révéler. Comment le Fils du Dieu vivant peut-il annoncer sa mort et une mort ignominieuse ? Cela semble contradictoire, c’est un scandale… Pierre s’est heurté violemment à cette annonce de la mort en croix. Il a oublié une autre annonce, celle de la résurrection le troisième jour… Peut-être était-il alors incapable de comprendre ce que pouvait bien être la résurrection ? Ne lui jetons surtout pas la pierre à ce pauvre Pierre ! Nous avons beau être chrétiens, nous n’acceptons pas facilement les épreuves et les souffrances de notre vie humaine… Nous avons beau être chrétiens, nous sommes lents à croire que la résurrection et la vie éternelle sont des réalités essentielles… Nous sommes comme Pierre et les premiers apôtres : très terre à terre.
Et voilà que Jésus va profiter de cette incompréhension de Pierre pour enseigner tous les disciples : « Celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la gardera. » Et par deux questions le Seigneur nous montre l’enjeu de toute notre vie : « Quel avantage en effet un homme aura-t-il à gagner le monde entier, s’il le paye de sa vie ? Et quelle somme pourra-t-il verser en échange de sa vie ? »
Avant de méditer ces formules qui nous semblent au premier abord rebutantes, contemplons une fois encore le Messie, le Fils du Dieu vivant. Il s’est présenté à nous comme le chemin, la vérité et la vie. Au matin de Pâques les deux hommes en habits éblouissants, des anges probablement, donnent aux saintes femmes la clef de lecture de tout ce qui vient de se passer : « Pourquoi chercher le Vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici, il est ressuscité. »
« Qui perd sa vie à cause de moi la gardera. » Dans cet enseignement du Seigneur, il est impossible de voir le mépris de notre vie humaine. Jésus est la Vie, et c’est par Lui que nous avons l’existence. Nous sommes créés par le Père dans le Fils. Alors que signifie donc perdre sa vie à cause de Jésus ? Un premier sens est clair : il s’agit des persécutions que les premiers chrétiens, et bien d’autres à leur suite, auront à endurer pour demeurer fidèles à leur foi. En apparence ils perdaient leur vie… Mais il la gardait en fait pour la vie éternelle. Jésus veut pour nous la Vie avec un grand V : la vie humaine transfigurée par l’amour de Dieu en vie divine, et c’est ce qui commence avec le baptême et l’acte de foi en Jésus Sauveur. La parole du psaume 62 nous éclaire : « Ton amour vaut mieux que la vie. » Le vrai chrétien est en effet prêt à renoncer à sa vie physique pour demeurer en communion avec son Dieu. Ce n’est pas du suicide. Simplement il comprend que ce qui donne valeur à sa vie humaine c’est justement l’amour du Seigneur. Et que par conséquent renier cet amour, c’est renier ce qui est au fondement même non seulement de la vie éternelle mais aussi de la vie que nous menons sur cette terre. « Perdre sa vie à cause de Jésus » peut aussi avoir un autre sens dans notre spiritualité chrétienne. Cela peut signifier donner à Dieu, à son amour, à notre foi la première place dans notre vie humaine. C’est une question de priorité, de hiérarchie. « Quel avantage un homme aura-t-il à gagner le monde entier, s’il le paye de sa vie ? » « Perdre sa vie à cause de Jésus », c’est comprendre que si nous cherchons d’abord le Royaume de Dieu et sa justice, tout le reste nous sera donné par surcroit. Dans ce sens perdre sa vie, c’est vraiment la garder, la faire fructifier. L’apôtre Paul a parfaitement compris ce sens spirituel lorsqu’il écrit aux chrétiens de Rome : « Je vous exhorte, mes frères, par la tendresse de Dieu, à lui offrir votre personne et votre vie en sacrifice saint, capable de plaire à Dieu : c’est là pour vous l’adoration véritable. »
Amen

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