Isaïe 63, 16-19- 64, 2-7
29/11/20
Le mot
Avent signifie « venue », « avènement ». Il vient du latin adventus qui désignait dans l’Empire
romain la cérémonie d’accueil d’un empereur lors d’une visite officielle d’une
ville. Pour nous chrétiens le sens de l’Avent consiste bien à accueillir dans
nos vies la venue du Christ roi. Si l’on pouvait préparer à l’avance la venue
de l’empereur, il n’en va pas de même pour l’avènement du Christ à la fin des
temps, car nul ne connaît ni le jour ni l’heure. Il est important de comprendre
que c’est chaque jour que le Christ vient à notre rencontre. L’attitude
d’accueil et de vigilance que nous recommande le temps liturgique de l’Avent
est en fait valable pour chaque jour de notre vie humaine.
C’est à
partir de la première lecture tirée du prophète Isaïe que je voudrais décrire
cette attitude d’accueil et d’ouverture du cœur. Je commencerai par le
magnifique verset que nous trouvons à la fin de notre première lecture : Maintenant, Seigneur, c’est toi notre père.
Nous sommes l’argile, c’est toi qui nous façonnes : nous sommes tous l’ouvrage
de ta main. Avec la belle image du potier et de l’argile, Isaïe nous
rappelle notre condition de créatures. Notre vie vient du Père, elle est entre
ses mains ainsi que toute notre personne. Se laisser façonner par le Père pour
devenir de plus en plus des créatures à son image, c’est une voie pour vivre ce
temps de l’Avent. Cela signifie concrètement laisser plus de place à Dieu dans
notre vie non seulement par la prière et la méditation, mais aussi en
valorisant le silence, condition privilégiée de l’expérience de Dieu.
Dans le
texte d’Isaïe un verset me semble particulièrement inspirant pour cet
Avent : Tu viens rencontrer celui
qui pratique avec joie la justice, qui se souvient de toi en suivant tes
chemins. Le beau verbe « rencontrer », si riche de signification
en ces temps de confinement, nous parle de ce désir de Dieu de faire alliance
avec nous, d’entrer dans une relation personnelle avec chacun d’entre nous. Il
nous parle du grand mystère de l’incarnation, rencontre et union entre le ciel
et la terre, que nous célébrerons à Noël.
Comment
accueillir ce Dieu qui veut nous rencontrer ? En pratiquant avec joie la
justice, nous dit Isaïe. Avec joie,
comme ce détail est important ! La justice, c’est la sainteté, c’est vivre
pleinement le commandement de l’amour envers Dieu et envers le prochain. C’est
prendre à nouveau une vive conscience de la fraternité universelle dont nous
parle le pape François dans Fratelli
tutti. C’est se sentir solidaires les uns des autres. C’est aussi refuser
avec force et fermeté toutes les formes d’injustice. Tout cela doit être vécu avec joie, même si les temps peuvent
nous pousser à la tristesse, à la résignation, au repli sur soi, au dégoût face
à un horizon qui semble bouché. La joie chrétienne, celle de l’Esprit Saint,
est une force dont nous avons tant besoin pour à la fois être capable de
regarder la réalité de notre société telle qu’elle est, sans pour autant se
décourager. Se souvenir de Dieu en
suivant ses chemins, telle est la seconde partie du verset d’Isaïe. En ce
temps de l’Avent cultivons le souvenir de Dieu. Pour le dire plus simplement
pensons souvent à notre créateur, à Jésus et à l’Esprit Saint. La pensée de
Dieu ne se réduit pas aux moments que nous consacrons à la prière. Il est
possible avec l’aide de l’Esprit Saint de faire de chaque événement de notre
journée, agréable ou désagréable, une occasion de penser à Dieu, une occasion
de prière intérieure. Et d’accueillir ainsi ce Dieu qui vient à notre rencontre
chaque jour par Jésus-Christ notre Seigneur.
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