4ème dimanche du TO/C
31/01/10
Luc 4, 21-30 (p. 508)
En ce temps de notre année chrétienne, après Noël et avant le Carême, les Evangiles du dimanche nous font contempler la personne de Jésus. Et sous la conduite de saint Luc nous nous posons la question : qui est-il ? Bien sûr nous connaissons déjà la réponse à cette question par notre profession de foi puisque nous sommes chrétiens. Mais l’Evangile nous invite à refaire pour nous-mêmes cet itinéraire de redécouverte de Jésus, de son identité et surtout de sa mission. Notre profession de foi nous dit l’essentiel sur la personne du Christ mais n’oublions pas qu’elle est un résumé, et que par conséquent elle ne nous dit pas tout. Certains textes évangéliques ont une telle richesse de contenu que la liturgie nous les propose sur deux dimanches. C’est bien le cas de ce chapitre 4 de saint Luc qui nous présente l’ouverture solennelle du ministère public de Jésus dans la synagogue de la ville où il a grandi : Nazareth. Dimanche dernier nous avons entendu la première partie de ce récit. Jésus a lu un passage du prophète Isaïe et a fait comprendre à ses auditeurs que c’est de Lui qu’Isaïe parlait, il s’est identifié au personnage décrit par le prophète : L'Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m'a consacré par l'onction. Il m'a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres.
Jésus, sans le dire directement, se révèle donc comme le Messie, un Messie envoyé par Dieu spécialement pour les plus pauvres du peuple, et envoyé pour porter une Bonne Nouvelle. La suite du récit dans la synagogue, notre Evangile de ce dimanche, va compléter le portrait de Jésus. Il n’est pas seulement le Messie, il est aussi Prophète. Une fois encore c’est de manière indirecte qu’il affirme sa mission prophétique : Amen, je vous le dis : aucun prophète n'est bien accueilli dans son pays. Si l’Eglise nous donne comme première lecture la vocation du prophète Jérémie, c’est bien parce que Jésus s’identifie à toute la tradition prophétique qui l’a précédé. On peut même dire que dans sa personne il récapitule toute la mission des prophètes et la porte à son achèvement car il est lui-même la Parole de Dieu. Il ne se contente pas d’être le messager de la Bonne Nouvelle, il est en lui-même cette Bonne Nouvelle. Alors regardons un peu notre première lecture car ce qui concerne Jérémie nous aide à mieux comprendre la mission du Christ.
Moi, je fais de toi aujourd'hui une ville fortifiée, une colonne de fer, un rempart de bronze, pour faire face à tout le pays, aux rois de Juda et à ses chefs, à ses prêtres et à tout le peuple.
La mission de Jérémie est difficile : il doit faire face aux plus hautes autorités de son peuple : politiques et religieuses. Tout prophète souffre car il rappelle la vérité de la Parole de Dieu aux puissants de ce monde comme aux chefs religieux. Jésus, lui aussi, pendant les 3 années de son ministère, aura à affronter les chefs du peuple et les autorités religieuses. Dans le même Evangile selon saint Luc, c’est le Seigneur lui-même qui donne à sa mort en croix un sens prophétique, il meurt comme tous les autres prophètes qui l’ont précédé :
A ce moment-là, quelques pharisiens s'approchèrent de Jésus pour lui dire : « Va-t-en, pars d'ici : Hérode veut te faire mourir. » Il leur répliqua : « Allez dire à ce renard : Aujourd'hui et demain, je chasse les démons et je fais des guérisons ; le troisième jour, je suis au but. Mais il faut que je continue ma route aujourd'hui, demain et le jour suivant, car il n'est pas possible qu'un prophète meure en dehors de Jérusalem. Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues les prophètes, toi qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois j'ai voulu rassembler tes enfants comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous n'avez pas voulu !
Dans la synagogue de Nazareth commence ce conflit qui en grandissant ira jusqu’à la Croix. Jérémie était un « prophète pour les peuples ». Et Jésus prend le même chemin en faisant remarquer que sa mission, comme celle d’Elie et d’Elisée autrefois, ne se limite pas au seul peuple Juif et encore moins à ses compatriotes de Nazareth qui veulent lui faire faire quelques miracles. C’est ce refus d’une religion nationaliste, limitée à un seul peuple privilégié au détriment des autres, qui va faire passer l’auditoire de la synagogue de l’admiration à la colère : « Tous devinrent furieux ». Jésus Messie et Prophète nous met donc en garde. Comme les Juifs d’autrefois, nous pourrions reproduire en tant que catholiques cette tentation d’une religion ghetto, « entre nous », ou encore d’une religion nationaliste. Par exemple des chrétiens allemands et français, pendant les conflits qui ont opposé leurs pays, pensaient avoir Dieu de leur côté puisque forcément ils étaient du « bon côté »… Comment est-il possible que des peuples de tradition chrétienne aient pu se faire ainsi la guerre ? Un Jean Jaurès, animé par un idéal politique socialiste, était d’un certain point de vue bien plus chrétien que d’autres dirigeants qui poussaient à la guerre et à la haine… Son pacifisme était bien en conformité avec l’esprit de l’Evangile. Nous ne devons jamais oublier le beau nom de catholique et son sens : universel. Comme à l’époque de Jésus, il est bon aussi que les dirigeants de notre Eglise, pape et évêques, se laissent interpeller par les prophètes que Dieu continue de susciter dans son peuple. La mission prophétique, rappelons-le, est d’abord celle de tout chrétien baptisé. Par le baptême nous sommes devenus prêtres, prophètes et rois. Dans l’unique Corps du Christ, chaque membre doit être reconnu. Dans l’Eglise nous sommes tous frères. Sans le souffle des prophètes, notre Eglise court le risque de devenir une institution figée, trop sûre d’elle-même, trop centrée sur elle-même ! Demandons au Seigneur des prophètes pour notre temps et remercions-le pour un Jean-Paul II, une Mère Teresa, un abbé Pierre, une sœur Emmanuelle, un Nelson Mandela et tant d’autres encore qui ont rendu présente la Parole de Dieu au milieu de nous ! Par l’exemple des prophètes nous percevons concrètement la force de cette Parole, seule capable de changer notre humanité.
Il s'agit tout simplement de partager par le biais du web les homélies que je compose et prononce pour les catholiques de mes paroisses chaque dimanche et jour de fête.
dimanche 31 janvier 2010
Fête de SAINT JEAN BOSCO
Saint Jean Bosco (1815-1888)
Comment présenter en une homélie la vie prodigieuse et héroïque de Don Bosco ? Une vie de 73 ans si bien remplie et si féconde ? Je le ferai en 10 points qui me semblent caractériser la personnalité et l’œuvre de ce saint prêtre du 19ème siècle. En relevant tout d’abord que la magnifique personnalité de Don Bosco « résulte », comme souvent, du croisement de trois réalités : 1°/ Son histoire personnelle et familiale ; 2°/ L’histoire de son temps et 3°/ L’appel et la grâce de Dieu.
- Jean Bosco est né au hameau des Becchi, dans le Piémont. Orphelin de père à 2 ans, obligé de quitter la maison familiale à 12 ans à cause de son frère Antoine qui le persécutait pour son goût de l’étude, cet enfant et cet adolescent a vécu dans la pauvreté. Et sa mère, Marguerite, une paysanne très pieuse, qui deviendra par la suite sa collaboratrice fidèle, l’avait prévenu : « Si tu deviens prêtre et que par malheur tu deviennes riche, je ne mettrai plus jamais les pieds chez toi ».
- Jean Bosco, c’est aussi cet adolescent amoureux des jeux et des livres. Très tôt il perçoit l’importance de bonnes études et se sacrifie dans ce but. Très vite il regroupe autour de lui d’autres jeunes de son âge et les amène au Seigneur par son adresse au jeu et par ses tours de magie. Il fonde pour eux « la société de la joie » à Chieri.
- Jean Bosco est ce jeune puis ce prêtre guidé par Dieu, particulièrement dans ses songes, comme saint Joseph bien avant lui. Le premier remonte à l’âge de ses 9 ans ! Ce songe est le point de départ de sa vocation de prêtre au service des jeunes et de sa pédagogie : les loups qu’ils voient (des jeunes qui se bagarrent et blasphèment) se transformeront en agneaux paisibles non pas par la violence mais par la douceur.
- Jean Bosco, c’est cet adolescent et ce prêtre (il sera ordonné en 1841 à l’âge de 26 ans) qui veut donner toute sa vie aux jeunes, particulièrement les plus pauvres et les plus abandonnés. A 16 ans son projet de vie est déjà clair : « Je n’accepterai jamais d’être curé de paroisse. Je veux consacrer toute ma vie aux jeunes ». En 1846 Don Bosco reste pendant 8 jours entre la vie et la mort. Pendant ces 8 jours les jeunes de l’Oratoire ne boivent pas une goutte d’eau et prient pour demander à Dieu la guérison de leur « père » et font même des vœux. Alors qu’ils travaillent durement en plein été, à Turin, comme maçons. Ils sont exaucés. Don Bosco, revenu à la santé, leur dit : « Ma vie, c’est à vous que je la dois. Mais, soyez en persuadés : à partir d’aujourd’hui, je la dépenserai entièrement pour vous ». Pas étonnant que Jean-Paul II ait proclamé Don Bosco pour le 100ème anniversaire de sa mort « Père et Maître de la jeunesse » !
- Don Bosco a été un prêtre attentif aux signes des temps. Ce jeune prêtre arrivant de sa pauvre campagne à Turin découvre une nouvelle forme de pauvreté, celle qui est provoquée par l’ère industrielle. 3 ans après sa mort, Léon XIII résumera la situation sociale de l’époque avec une formule saisissante : « Une infime minorité d’hommes richissimes imposent un véritable esclavage à une multitude infinie de prolétaires ». C’est le 8 décembre 1841, dans l’église saint François d’Assise, que le jeune prêtre fait une rencontre décisive. Un jeune orphelin de 16 ans, Barthélemy Garelli, est venu chercher dans la sacristie un peu de chaleur. Chassé par le sacristain, il est accueilli par Don Bosco. C’est de cette rencontre que naitra le projet de l’Oratoire, en fait un patronage religieux pour les jeunes pauvres et abandonnés de Turin.
- Don Bosco est un prêtre qui a une confiance inébranlable en la Providence de Dieu et en l’intercession de la Vierge Marie. Malgré les obstacles, il persévère dans son projet. Ces obstacles se dresseront nombreux sur sa route tant du côté de certains ecclésiastiques que du côté des autorités politiques ou encore des protestants de Turin, les « Vaudois », sans parler des nombreux déménagements de l’Oratoire qui se fixera enfin au Valdocco. Ce prêtre passionné par le service des jeunes a même été pris pour un fou et ses confrères ont essayé de le faire interner. Don Bosco n’était pas fou, il répondait à l’appel de Dieu et surtout il lui faisait entièrement confiance. Visitant la nouvelle prison de Turin, la Générale, il eut l’idée « folle » d’offrir une journée de balade au grand air aux très nombreux jeunes prisonniers. Aucun de ces jeunes n’en profita pour tenter de s’évader. Tous revinrent dans leur cellule au grand étonnement du directeur de la prison !
- Don Bosco, c’est ce prêtre qui fut protégé par Dieu de ses ennemis. Les balles ne l’atteignaient pas… Et une nuit alors que des criminels l’agressent pour le tuer surgit d’on ne sait où un chien qui délivra Don Bosco de ses agresseurs : « Le Grigio ». Ce chien providentiel de couleur grise se manifesta plusieurs fois pour protéger le prêtre.
- Don Bosco, c’est ce prêtre pour lequel Dieu fit de nombreux miracles : multiplication des hosties consacrées, des châtaignes pour ses jeunes etc. En 1854 le choléra atteint Turin. Don Bosco demande à ses jeunes de porter secours aux malades. Aucun d’eux ne sera atteint alors que la ville perd en 4 mois 1400 de ses habitants des suites du choléra !
- Don Bosco, c’est ce prêtre qui a compris que son œuvre exigeait autour de lui des collaborateurs totalement dévoués. Le premier de ses collaborateurs sera une femme, sa maman Marguerite qui assurera pendant des années l’intendance, cuisine et couture, de l’Oratoire. Mais aussi des jeunes accueillis qui, ayant grandi, se donneront corps et âme à l’œuvre de l’Oratoire soit en tant que laïcs soit en tant que premiers membres de la famille salésienne. C’est l’accomplissement du rêve de 1844 dans lequel beaucoup d’agneaux (des jeunes de l’oratoire) se changeaient en bergers (en prêtres). Le premier successeur de Don Bosco à la tête des Salésiens sera Michel Rua, un gamin qu’il avait accueilli dans son oratoire en 1845, alors âgé de 8 ans !
- Cela nous amène pour conclure à dire un mot de la pédagogie de Don Bosco. Faire confiance aux jeunes, croire qu’ils portent tous en eux quelque chose de bon, susciter chez eux la responsabilité et l’autonomie, toujours par la douceur, jamais par la violence. En 1876 Don Bosco essaie de résumer l’esprit de son œuvre en 9 pages, en voici un passage significatif : « Ce système s’appuie entièrement sur la raison, la religion, et sur l’affection. Il exclut tout châtiment brutal et cherche à éviter même les punitions légères. Le directeur et les assistants sont comme des pères affectueux : ils parlent, guident, conseillent et corrigent avec douceur. L’élève n’est jamais humilié, devient un ami, trouve dans l’assistant un bienfaiteur qui veut le rendre bon, lui éviter des déboires, des punitions et des humiliations ».
Comment présenter en une homélie la vie prodigieuse et héroïque de Don Bosco ? Une vie de 73 ans si bien remplie et si féconde ? Je le ferai en 10 points qui me semblent caractériser la personnalité et l’œuvre de ce saint prêtre du 19ème siècle. En relevant tout d’abord que la magnifique personnalité de Don Bosco « résulte », comme souvent, du croisement de trois réalités : 1°/ Son histoire personnelle et familiale ; 2°/ L’histoire de son temps et 3°/ L’appel et la grâce de Dieu.
- Jean Bosco est né au hameau des Becchi, dans le Piémont. Orphelin de père à 2 ans, obligé de quitter la maison familiale à 12 ans à cause de son frère Antoine qui le persécutait pour son goût de l’étude, cet enfant et cet adolescent a vécu dans la pauvreté. Et sa mère, Marguerite, une paysanne très pieuse, qui deviendra par la suite sa collaboratrice fidèle, l’avait prévenu : « Si tu deviens prêtre et que par malheur tu deviennes riche, je ne mettrai plus jamais les pieds chez toi ».
- Jean Bosco, c’est aussi cet adolescent amoureux des jeux et des livres. Très tôt il perçoit l’importance de bonnes études et se sacrifie dans ce but. Très vite il regroupe autour de lui d’autres jeunes de son âge et les amène au Seigneur par son adresse au jeu et par ses tours de magie. Il fonde pour eux « la société de la joie » à Chieri.
- Jean Bosco est ce jeune puis ce prêtre guidé par Dieu, particulièrement dans ses songes, comme saint Joseph bien avant lui. Le premier remonte à l’âge de ses 9 ans ! Ce songe est le point de départ de sa vocation de prêtre au service des jeunes et de sa pédagogie : les loups qu’ils voient (des jeunes qui se bagarrent et blasphèment) se transformeront en agneaux paisibles non pas par la violence mais par la douceur.
- Jean Bosco, c’est cet adolescent et ce prêtre (il sera ordonné en 1841 à l’âge de 26 ans) qui veut donner toute sa vie aux jeunes, particulièrement les plus pauvres et les plus abandonnés. A 16 ans son projet de vie est déjà clair : « Je n’accepterai jamais d’être curé de paroisse. Je veux consacrer toute ma vie aux jeunes ». En 1846 Don Bosco reste pendant 8 jours entre la vie et la mort. Pendant ces 8 jours les jeunes de l’Oratoire ne boivent pas une goutte d’eau et prient pour demander à Dieu la guérison de leur « père » et font même des vœux. Alors qu’ils travaillent durement en plein été, à Turin, comme maçons. Ils sont exaucés. Don Bosco, revenu à la santé, leur dit : « Ma vie, c’est à vous que je la dois. Mais, soyez en persuadés : à partir d’aujourd’hui, je la dépenserai entièrement pour vous ». Pas étonnant que Jean-Paul II ait proclamé Don Bosco pour le 100ème anniversaire de sa mort « Père et Maître de la jeunesse » !
- Don Bosco a été un prêtre attentif aux signes des temps. Ce jeune prêtre arrivant de sa pauvre campagne à Turin découvre une nouvelle forme de pauvreté, celle qui est provoquée par l’ère industrielle. 3 ans après sa mort, Léon XIII résumera la situation sociale de l’époque avec une formule saisissante : « Une infime minorité d’hommes richissimes imposent un véritable esclavage à une multitude infinie de prolétaires ». C’est le 8 décembre 1841, dans l’église saint François d’Assise, que le jeune prêtre fait une rencontre décisive. Un jeune orphelin de 16 ans, Barthélemy Garelli, est venu chercher dans la sacristie un peu de chaleur. Chassé par le sacristain, il est accueilli par Don Bosco. C’est de cette rencontre que naitra le projet de l’Oratoire, en fait un patronage religieux pour les jeunes pauvres et abandonnés de Turin.
- Don Bosco est un prêtre qui a une confiance inébranlable en la Providence de Dieu et en l’intercession de la Vierge Marie. Malgré les obstacles, il persévère dans son projet. Ces obstacles se dresseront nombreux sur sa route tant du côté de certains ecclésiastiques que du côté des autorités politiques ou encore des protestants de Turin, les « Vaudois », sans parler des nombreux déménagements de l’Oratoire qui se fixera enfin au Valdocco. Ce prêtre passionné par le service des jeunes a même été pris pour un fou et ses confrères ont essayé de le faire interner. Don Bosco n’était pas fou, il répondait à l’appel de Dieu et surtout il lui faisait entièrement confiance. Visitant la nouvelle prison de Turin, la Générale, il eut l’idée « folle » d’offrir une journée de balade au grand air aux très nombreux jeunes prisonniers. Aucun de ces jeunes n’en profita pour tenter de s’évader. Tous revinrent dans leur cellule au grand étonnement du directeur de la prison !
- Don Bosco, c’est ce prêtre qui fut protégé par Dieu de ses ennemis. Les balles ne l’atteignaient pas… Et une nuit alors que des criminels l’agressent pour le tuer surgit d’on ne sait où un chien qui délivra Don Bosco de ses agresseurs : « Le Grigio ». Ce chien providentiel de couleur grise se manifesta plusieurs fois pour protéger le prêtre.
- Don Bosco, c’est ce prêtre pour lequel Dieu fit de nombreux miracles : multiplication des hosties consacrées, des châtaignes pour ses jeunes etc. En 1854 le choléra atteint Turin. Don Bosco demande à ses jeunes de porter secours aux malades. Aucun d’eux ne sera atteint alors que la ville perd en 4 mois 1400 de ses habitants des suites du choléra !
- Don Bosco, c’est ce prêtre qui a compris que son œuvre exigeait autour de lui des collaborateurs totalement dévoués. Le premier de ses collaborateurs sera une femme, sa maman Marguerite qui assurera pendant des années l’intendance, cuisine et couture, de l’Oratoire. Mais aussi des jeunes accueillis qui, ayant grandi, se donneront corps et âme à l’œuvre de l’Oratoire soit en tant que laïcs soit en tant que premiers membres de la famille salésienne. C’est l’accomplissement du rêve de 1844 dans lequel beaucoup d’agneaux (des jeunes de l’oratoire) se changeaient en bergers (en prêtres). Le premier successeur de Don Bosco à la tête des Salésiens sera Michel Rua, un gamin qu’il avait accueilli dans son oratoire en 1845, alors âgé de 8 ans !
- Cela nous amène pour conclure à dire un mot de la pédagogie de Don Bosco. Faire confiance aux jeunes, croire qu’ils portent tous en eux quelque chose de bon, susciter chez eux la responsabilité et l’autonomie, toujours par la douceur, jamais par la violence. En 1876 Don Bosco essaie de résumer l’esprit de son œuvre en 9 pages, en voici un passage significatif : « Ce système s’appuie entièrement sur la raison, la religion, et sur l’affection. Il exclut tout châtiment brutal et cherche à éviter même les punitions légères. Le directeur et les assistants sont comme des pères affectueux : ils parlent, guident, conseillent et corrigent avec douceur. L’élève n’est jamais humilié, devient un ami, trouve dans l’assistant un bienfaiteur qui veut le rendre bon, lui éviter des déboires, des punitions et des humiliations ».
lundi 25 janvier 2010
3ème dimanche du temps ordinaire
3ème dimanche du TO/C (pour l’unité des chrétiens)
24/01/10
1 Corinthiens 12, 12-30 (p. 460)
Nous voici parvenus au terme de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Au cours de cette messe nous prions à cette grande intention de l’Eglise. Parmi les lectures bibliques de cette liturgie, la deuxième lecture nous permet de méditer sur l’Eglise, corps du Christ, avec saint Paul. « Dieu a voulu qu'il n'y ait pas de division dans le corps, mais que les différents membres aient tous le souci les uns des autres. » L’Apôtre nous rappelle dans ce contexte la volonté de Dieu notre Père : que tous ses enfants soient unis dans un même amour et une même vérité dans l’unique Corps du Christ. Historiquement les chrétiens ont malheureusement été infidèles à cette volonté de Dieu, autant pour des raisons politiques que pour des raisons de divergences quant à la foi. Et même à l’intérieur de l’Eglise catholique il nous est parfois bien difficile de vivre cette unité, cette communion des cœurs. La désunion des chrétiens est le signe que nous donnons bien souvent la priorité à nos opinions humaines plutôt qu’à la volonté de Dieu pour nous qui est la sainteté de ses enfants. Et certainement le diable y est pour quelque chose…
La comparaison de Paul (L’Eglise est comme un corps humain, elle est le Corps du Christ) peut nous aider à avoir une vision vraiment chrétienne de l’Eglise et de son unité. Au fondement de la réflexion de l’apôtre nous trouvons l’affirmation de l’égale dignité qui existe entre tous les baptisés : « Tous, Juifs ou païens, esclaves ou hommes libres, nous avons été baptisés dans l'unique Esprit pour former un seul corps. Tous nous avons été désaltérés par l'unique Esprit. » Pour Paul cette vérité est tellement importante qu’il n’hésite pas à en reparler dans deux autres passages de ses lettres ! Tout d’abord dans la lettre aux Galates : « En effet, vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ ; il n'y a plus ni juif ni païen, il n'y a plus ni esclave ni homme libre, il n'y a plus l'homme et la femme, car tous, vous ne faites plus qu'un dans le Christ Jésus. » Et aussi dans la lettre aux Colossiens : « Alors, il n'y a plus de Grec et de Juif, d'Israélite et de païen, il n'y a pas de barbare, de sauvage, d'esclave, d'homme libre, il n'y a que le Christ : en tous, il est tout. » L’insistance de saint Paul ne peut nous laisser indifférents. Le seul et unique fondement de l’unité des chrétiens dans le Corps du Christ c’est bien le baptême. Ce qui signifie que l’unité est un don de Dieu, un don qui correspond avec le don de sa propre vie divine par le baptême. Nous sommes baptisés au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, que nous soyons catholiques, orthodoxes ou protestants. Donc par le baptême nous sommes unis à la parfaite communion qui, en Dieu, unit les trois personnes divines. Pour Paul c’est ce don de Dieu qui est fondamental et qui fait passer toutes les autres réalités humaines au second plan (race, sexe, condition sociale etc.). L’unité est brisée ou menacée chaque fois que nous remettons au premier plan ces divisions humaines. Chaque fois que nous perdons de vue la catholicité de l’Eglise, son universalité. Chez tous les chrétiens, il a existé ou il existe encore la tentation orgueilleuse d’une religion nationale ou patriotique par exemple, ce qui est incompatible avec le sacrement de baptême. Le différend entre la Rome catholique et l’Orient orthodoxe résulte au fond d’un orgueil blessé, d’une volonté des uns et des autres d’avoir la suprématie sur l’Eglise. « Que les différents membres aient tous le souci les uns des autres. Si un membre souffre, tous les membres partagent sa souffrance ; si un membre est à l'honneur, tous partagent sa joie. » Nous le voyons, Paul ne parle pas de domination des uns sur les autres, mais de communion fraternelle.
« Dieu a organisé le corps de telle façon qu'on porte plus de respect à ce qui en est le plus dépourvu ». Cette affirmation de l’Apôtre est importante, mais la traduction liturgique ne nous aide pas vraiment à en saisir la portée. Dans la Bible Osty nous lisons : « Dieu a disposé le corps de manière à donner davantage d’honneur à ce qui en manque ». Et dans la Bible des peuples : « Quand Dieu a modelé le corps, il a pris soin davantage de ceux qui sont les derniers ». Ce qui signifie encore une fois que dans l’Eglise il ne peut y avoir de hiérarchie de domination. Ce qui serait la négation de l’égale dignité des enfants de Dieu reçue au baptême. Mais seulement un service de l’unité du corps tout entier en vue de sa croissance. Bien des divisions dans l’Eglise ont été provoquées par les responsables de l’Eglise ou par le comportement scandaleux de la hiérarchie qui faisait passer ses intérêts et ses privilèges avant sa mission propre. Le protestantisme est en partie né de ce scandale. L’unité des chrétiens ne se réalisera en tant que don de Dieu que si chaque Eglise remet à la première place les humbles et les petits. Que dans la mesure où les responsables de chaque Eglise adopteront une attitude vraiment évangélique qui est celle du service désintéressé. Le ministère des apôtres est le plus important, le premier dans l’Eglise. Paul nous le rappelle en plaçant malicieusement les miracles et le don des langues en dernier dans la liste des charismes. C’est justement à cause de son importance au service de l’unité que ce ministère hérité des Apôtres doit être purifié de tout intérêt, de toute ambition et de tout carriérisme. Car c’est cela qui a sapé dans l’histoire l’unité des chrétiens. Les papes Jean XXIII et Paul VI l’ont bien compris en redonnant à leur ministère au service de la communion sa belle simplicité évangélique. A nous, catholiques, de faire en sorte que cette impulsion de l’Esprit issue du dernier Concile s’incarne toujours davantage dans la vie de nos diocèses et de nos communautés paroissiales. Pour que l’égale dignité entre tous les baptisés ne soit pas une belle idée, mais ce qui se vit réellement dans nos relations quotidiennes, nous qui sommes les membres variés, avec des missions différentes, de l’unique Corps du Christ !
24/01/10
1 Corinthiens 12, 12-30 (p. 460)
Nous voici parvenus au terme de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Au cours de cette messe nous prions à cette grande intention de l’Eglise. Parmi les lectures bibliques de cette liturgie, la deuxième lecture nous permet de méditer sur l’Eglise, corps du Christ, avec saint Paul. « Dieu a voulu qu'il n'y ait pas de division dans le corps, mais que les différents membres aient tous le souci les uns des autres. » L’Apôtre nous rappelle dans ce contexte la volonté de Dieu notre Père : que tous ses enfants soient unis dans un même amour et une même vérité dans l’unique Corps du Christ. Historiquement les chrétiens ont malheureusement été infidèles à cette volonté de Dieu, autant pour des raisons politiques que pour des raisons de divergences quant à la foi. Et même à l’intérieur de l’Eglise catholique il nous est parfois bien difficile de vivre cette unité, cette communion des cœurs. La désunion des chrétiens est le signe que nous donnons bien souvent la priorité à nos opinions humaines plutôt qu’à la volonté de Dieu pour nous qui est la sainteté de ses enfants. Et certainement le diable y est pour quelque chose…
La comparaison de Paul (L’Eglise est comme un corps humain, elle est le Corps du Christ) peut nous aider à avoir une vision vraiment chrétienne de l’Eglise et de son unité. Au fondement de la réflexion de l’apôtre nous trouvons l’affirmation de l’égale dignité qui existe entre tous les baptisés : « Tous, Juifs ou païens, esclaves ou hommes libres, nous avons été baptisés dans l'unique Esprit pour former un seul corps. Tous nous avons été désaltérés par l'unique Esprit. » Pour Paul cette vérité est tellement importante qu’il n’hésite pas à en reparler dans deux autres passages de ses lettres ! Tout d’abord dans la lettre aux Galates : « En effet, vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ ; il n'y a plus ni juif ni païen, il n'y a plus ni esclave ni homme libre, il n'y a plus l'homme et la femme, car tous, vous ne faites plus qu'un dans le Christ Jésus. » Et aussi dans la lettre aux Colossiens : « Alors, il n'y a plus de Grec et de Juif, d'Israélite et de païen, il n'y a pas de barbare, de sauvage, d'esclave, d'homme libre, il n'y a que le Christ : en tous, il est tout. » L’insistance de saint Paul ne peut nous laisser indifférents. Le seul et unique fondement de l’unité des chrétiens dans le Corps du Christ c’est bien le baptême. Ce qui signifie que l’unité est un don de Dieu, un don qui correspond avec le don de sa propre vie divine par le baptême. Nous sommes baptisés au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, que nous soyons catholiques, orthodoxes ou protestants. Donc par le baptême nous sommes unis à la parfaite communion qui, en Dieu, unit les trois personnes divines. Pour Paul c’est ce don de Dieu qui est fondamental et qui fait passer toutes les autres réalités humaines au second plan (race, sexe, condition sociale etc.). L’unité est brisée ou menacée chaque fois que nous remettons au premier plan ces divisions humaines. Chaque fois que nous perdons de vue la catholicité de l’Eglise, son universalité. Chez tous les chrétiens, il a existé ou il existe encore la tentation orgueilleuse d’une religion nationale ou patriotique par exemple, ce qui est incompatible avec le sacrement de baptême. Le différend entre la Rome catholique et l’Orient orthodoxe résulte au fond d’un orgueil blessé, d’une volonté des uns et des autres d’avoir la suprématie sur l’Eglise. « Que les différents membres aient tous le souci les uns des autres. Si un membre souffre, tous les membres partagent sa souffrance ; si un membre est à l'honneur, tous partagent sa joie. » Nous le voyons, Paul ne parle pas de domination des uns sur les autres, mais de communion fraternelle.
« Dieu a organisé le corps de telle façon qu'on porte plus de respect à ce qui en est le plus dépourvu ». Cette affirmation de l’Apôtre est importante, mais la traduction liturgique ne nous aide pas vraiment à en saisir la portée. Dans la Bible Osty nous lisons : « Dieu a disposé le corps de manière à donner davantage d’honneur à ce qui en manque ». Et dans la Bible des peuples : « Quand Dieu a modelé le corps, il a pris soin davantage de ceux qui sont les derniers ». Ce qui signifie encore une fois que dans l’Eglise il ne peut y avoir de hiérarchie de domination. Ce qui serait la négation de l’égale dignité des enfants de Dieu reçue au baptême. Mais seulement un service de l’unité du corps tout entier en vue de sa croissance. Bien des divisions dans l’Eglise ont été provoquées par les responsables de l’Eglise ou par le comportement scandaleux de la hiérarchie qui faisait passer ses intérêts et ses privilèges avant sa mission propre. Le protestantisme est en partie né de ce scandale. L’unité des chrétiens ne se réalisera en tant que don de Dieu que si chaque Eglise remet à la première place les humbles et les petits. Que dans la mesure où les responsables de chaque Eglise adopteront une attitude vraiment évangélique qui est celle du service désintéressé. Le ministère des apôtres est le plus important, le premier dans l’Eglise. Paul nous le rappelle en plaçant malicieusement les miracles et le don des langues en dernier dans la liste des charismes. C’est justement à cause de son importance au service de l’unité que ce ministère hérité des Apôtres doit être purifié de tout intérêt, de toute ambition et de tout carriérisme. Car c’est cela qui a sapé dans l’histoire l’unité des chrétiens. Les papes Jean XXIII et Paul VI l’ont bien compris en redonnant à leur ministère au service de la communion sa belle simplicité évangélique. A nous, catholiques, de faire en sorte que cette impulsion de l’Esprit issue du dernier Concile s’incarne toujours davantage dans la vie de nos diocèses et de nos communautés paroissiales. Pour que l’égale dignité entre tous les baptisés ne soit pas une belle idée, mais ce qui se vit réellement dans nos relations quotidiennes, nous qui sommes les membres variés, avec des missions différentes, de l’unique Corps du Christ !
lundi 18 janvier 2010
2ème dimanche du temps ordinaire
2ème dimanche du TO/C
17/01/10
Jean 2, 1-11 (p.409)
Après la fête du baptême du Seigneur, l’Eglise nous propose en ce dimanche l’Evangile des noces de Cana. Saint Jean rapporte dans son Evangile seulement sept signes ou miracles de Jésus. Le changement de l’eau en vin à l’occasion d’un mariage en Galilée est le premier de ces sept signes. Seul saint Jean le mentionne dans son Evangile.
Avant d’entrer dans le sens profond de ce miracle, regardons ce qu’il nous dit de Jésus. Jésus est chez lui en Galilée, il est le nazaréen. Et voilà qu’on l’invite avec ses disciples à un repas de noces. Les Evangiles nous montrent très souvent Jésus participant à des repas. Nous le voyons par exemple manger dans la maison de Lévi après l’avoir appelé à sa suite : Comme il était à table dans sa maison, beaucoup de publicains et de pécheurs vinrent prendre place avec Jésus et ses disciples, car il y avait beaucoup de monde. Même les scribes du parti des pharisiens le suivaient aussi, et, voyant qu'il mangeait avec les pécheurs et les publicains, ils disaient à ses disciples : « Il mange avec les publicains et les pécheurs ! » Jésus, qui avait entendu, leur déclara : « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs. » Comme les disciples de Jean Baptiste et les pharisiens jeûnaient, on vient demander à Jésus : « Pourquoi tes disciples ne jeûnent-ils pas, comme les disciples de Jean et ceux des pharisiens ? » Jésus répond : « Les invités de la noce pourraient-ils donc jeûner, pendant que l'Époux est avec eux ? Tant qu'ils ont l'Époux avec eux, ils ne peuvent pas jeûner. Mais un temps viendra où l'Époux leur sera enlevé : ce jour-là ils jeûneront. Personne ne raccommode un vieux vêtement avec une pièce d'étoffe neuve ; autrement la pièce neuve tire sur le vieux tissu et le déchire davantage. Ou encore, personne ne met du vin nouveau dans de vieilles outres ; autrement la fermentation fait éclater les outres, et l'on perd à la fois le vin et les outres. A vin nouveau, outres neuves. »
Cette longue citation du chapitre 2 de saint Marc a l’avantage de bien nous introduire au sens des noces de Cana. Tout d’abord le Seigneur n’avait rien d’un prophète grincheux et sévère, et ses disciples non plus. Jésus n’était pas janséniste ! Il vivait pauvrement et simplement mais il n’était pas un ascète pratiquant des pénitences permanentes. Il savait partager les joies simplement humaines comme celle d’un bon repas. Et cela faisait scandale car il osait même s’attabler en compagnie de personnes de mauvaise réputation ou rejetées par la bonne société religieuse de son temps. Jésus avait bien conscience de la mauvaise réputation provoquée par son attitude à l’occasion des repas qu’il prenait bien volontiers avec les uns et les autres : Le Fils de l'homme est venu : il mange et il boit, et l'on dit : 'C'est un glouton et un ivrogne, un ami des publicains et des pécheurs.'
Dans le récit des noces de Cana, c’est la mère de Jésus qui est citée en premier. Jean ne l’appelle jamais Marie, mais toujours dans cet Evangile la mère de Jésus. Cela souligne la dépendance très forte de Marie vis-à-vis de son divin Fils. C’est elle qui constate le manque de vin et qui va provoquer malgré le refus apparent de son Fils le premier miracle. Marie est exaucée tout d’abord parce qu’elle fait toujours la volonté de Dieu. Son existence est parfaitement accordée à la volonté de Dieu. Elle est aussi exaucée parce que sa prière est pleine de confiance et de persévérance. Et Jésus finit par lui obéir en réalisant le signe en faveur des convives ! Cela signifie que Jésus écoute toujours ceux qui font la volonté de Dieu. Cela signifie qu’il exauce toujours la prière confiante et persévérante lorsqu’elle correspond au projet de Dieu.
Car le premier signe de Jésus nous révèle bien, et c’est là son sens profond, un aspect essentiel du plan de Dieu pour notre humanité. Les paroles du maître du repas au marié (l’époux) sont significatives : « Tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant ». L’époux des noces de Cana représente Dieu ou Jésus lui-même. Et l’épouse c’est notre humanité ou l’Eglise. C’est donc à l’occasion de ce repas de mariage que Jésus nous révèle un passage fondamental : celui de l’Ancienne Alliance à l’Alliance nouvelle et éternelle. Les six cuves de pierre pour les ablutions rituelles des Juifs représentent cette Ancienne Alliance et ce culte ancien. Le bon vin, le vin nouveau, pour reprendre l’expression de saint Marc citée plus haut, est celui de l’Alliance nouvelle et éternelle scellée dans le sang du Christ. N’oublions pas que c’est Marie, la mère de Jésus, qui nous introduit à la joie de la Nouvelle Alliance, et qui anticipe, de fait, l’Heure de Jésus : ce moment où il s’offrira lui-même en sacrifice sur le bois de la Croix. Le bon vin des noces de Cana est donc aussi une annonce du vin de l’eucharistie, ce vin nouveau qui par la puissance de l’Esprit sera donné à l’Eglise comme le sang du Christ : « le sang de l’Alliance nouvelle et éternelle qui sera versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés ». En réalisant sur la demande de sa mère ce premier signe le Seigneur accomplit déjà ce que Jean annonçait dans le prologue de son Evangile :
Tous nous avons eu part à sa plénitude, nous avons reçu grâce après grâce :
Après la Loi communiquée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ.
17/01/10
Jean 2, 1-11 (p.409)
Après la fête du baptême du Seigneur, l’Eglise nous propose en ce dimanche l’Evangile des noces de Cana. Saint Jean rapporte dans son Evangile seulement sept signes ou miracles de Jésus. Le changement de l’eau en vin à l’occasion d’un mariage en Galilée est le premier de ces sept signes. Seul saint Jean le mentionne dans son Evangile.
Avant d’entrer dans le sens profond de ce miracle, regardons ce qu’il nous dit de Jésus. Jésus est chez lui en Galilée, il est le nazaréen. Et voilà qu’on l’invite avec ses disciples à un repas de noces. Les Evangiles nous montrent très souvent Jésus participant à des repas. Nous le voyons par exemple manger dans la maison de Lévi après l’avoir appelé à sa suite : Comme il était à table dans sa maison, beaucoup de publicains et de pécheurs vinrent prendre place avec Jésus et ses disciples, car il y avait beaucoup de monde. Même les scribes du parti des pharisiens le suivaient aussi, et, voyant qu'il mangeait avec les pécheurs et les publicains, ils disaient à ses disciples : « Il mange avec les publicains et les pécheurs ! » Jésus, qui avait entendu, leur déclara : « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs. » Comme les disciples de Jean Baptiste et les pharisiens jeûnaient, on vient demander à Jésus : « Pourquoi tes disciples ne jeûnent-ils pas, comme les disciples de Jean et ceux des pharisiens ? » Jésus répond : « Les invités de la noce pourraient-ils donc jeûner, pendant que l'Époux est avec eux ? Tant qu'ils ont l'Époux avec eux, ils ne peuvent pas jeûner. Mais un temps viendra où l'Époux leur sera enlevé : ce jour-là ils jeûneront. Personne ne raccommode un vieux vêtement avec une pièce d'étoffe neuve ; autrement la pièce neuve tire sur le vieux tissu et le déchire davantage. Ou encore, personne ne met du vin nouveau dans de vieilles outres ; autrement la fermentation fait éclater les outres, et l'on perd à la fois le vin et les outres. A vin nouveau, outres neuves. »
Cette longue citation du chapitre 2 de saint Marc a l’avantage de bien nous introduire au sens des noces de Cana. Tout d’abord le Seigneur n’avait rien d’un prophète grincheux et sévère, et ses disciples non plus. Jésus n’était pas janséniste ! Il vivait pauvrement et simplement mais il n’était pas un ascète pratiquant des pénitences permanentes. Il savait partager les joies simplement humaines comme celle d’un bon repas. Et cela faisait scandale car il osait même s’attabler en compagnie de personnes de mauvaise réputation ou rejetées par la bonne société religieuse de son temps. Jésus avait bien conscience de la mauvaise réputation provoquée par son attitude à l’occasion des repas qu’il prenait bien volontiers avec les uns et les autres : Le Fils de l'homme est venu : il mange et il boit, et l'on dit : 'C'est un glouton et un ivrogne, un ami des publicains et des pécheurs.'
Dans le récit des noces de Cana, c’est la mère de Jésus qui est citée en premier. Jean ne l’appelle jamais Marie, mais toujours dans cet Evangile la mère de Jésus. Cela souligne la dépendance très forte de Marie vis-à-vis de son divin Fils. C’est elle qui constate le manque de vin et qui va provoquer malgré le refus apparent de son Fils le premier miracle. Marie est exaucée tout d’abord parce qu’elle fait toujours la volonté de Dieu. Son existence est parfaitement accordée à la volonté de Dieu. Elle est aussi exaucée parce que sa prière est pleine de confiance et de persévérance. Et Jésus finit par lui obéir en réalisant le signe en faveur des convives ! Cela signifie que Jésus écoute toujours ceux qui font la volonté de Dieu. Cela signifie qu’il exauce toujours la prière confiante et persévérante lorsqu’elle correspond au projet de Dieu.
Car le premier signe de Jésus nous révèle bien, et c’est là son sens profond, un aspect essentiel du plan de Dieu pour notre humanité. Les paroles du maître du repas au marié (l’époux) sont significatives : « Tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant ». L’époux des noces de Cana représente Dieu ou Jésus lui-même. Et l’épouse c’est notre humanité ou l’Eglise. C’est donc à l’occasion de ce repas de mariage que Jésus nous révèle un passage fondamental : celui de l’Ancienne Alliance à l’Alliance nouvelle et éternelle. Les six cuves de pierre pour les ablutions rituelles des Juifs représentent cette Ancienne Alliance et ce culte ancien. Le bon vin, le vin nouveau, pour reprendre l’expression de saint Marc citée plus haut, est celui de l’Alliance nouvelle et éternelle scellée dans le sang du Christ. N’oublions pas que c’est Marie, la mère de Jésus, qui nous introduit à la joie de la Nouvelle Alliance, et qui anticipe, de fait, l’Heure de Jésus : ce moment où il s’offrira lui-même en sacrifice sur le bois de la Croix. Le bon vin des noces de Cana est donc aussi une annonce du vin de l’eucharistie, ce vin nouveau qui par la puissance de l’Esprit sera donné à l’Eglise comme le sang du Christ : « le sang de l’Alliance nouvelle et éternelle qui sera versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés ». En réalisant sur la demande de sa mère ce premier signe le Seigneur accomplit déjà ce que Jean annonçait dans le prologue de son Evangile :
Tous nous avons eu part à sa plénitude, nous avons reçu grâce après grâce :
Après la Loi communiquée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ.
dimanche 10 janvier 2010
BAPTEME DU SEIGNEUR
Baptême du Seigneur / C
10/01/2010
Luc 3 (p. 359)
C’est avec la fête du baptême du Seigneur que s’achève le temps de Noël. Et c’est donc dans la lumière de la Nativité que nous sommes invités à contempler le baptême de Jésus par Jean dans les eaux du Jourdain. Le mystère de la crèche nous donne en effet le sens profond de ce qui se passe aux bords du Jourdain.
Nous pouvons comprendre le baptême de Jésus comme une double naissance. De la manière la plus évidente, Jésus « naît » en ce jour à sa mission de Sauveur puisque c’est par son baptême qu’il inaugure, après les longues années de sa vie cachée, son ministère et sa prédication : « Moi, aujourd’hui, je t’ai engendré ». Nous savons que Jésus en tant que Fils de Dieu, Verbe du Père, est engendré depuis toute éternité et qu’il n’a pas de commencement dans le temps. Si en ce jour il reçoit l’Esprit Saint, c’est bien en son humanité et comme pour marquer le début de sa mission publique. Les paroles du Père et le don de l’Esprit constituent un envoi en mission. La scène du baptême rappelle que Jésus est vraiment l’envoyé du Père et qu’il est venu parmi nous pour accomplir en toutes choses la volonté du Père. C’est toute la Trinité qui se rend ainsi présente à la mission du Fils de Dieu dans son humanité. Les contemporains du Christ n’ont vu que Jésus, le Fils unique et bien-aimé, mais à travers toutes ses paroles et toutes ses actions, le Père et l’Esprit étaient aussi présents, à l’œuvre pour accomplir dans et par le Christ la merveille de notre salut.
La fête de ce jour nous redit aussi le pourquoi de l’incarnation. Ce qui s’est passé de manière unique dans la nuit de Bethléem n’a qu’un but : que tout homme, toute femme en ce monde puisse devenir réellement fils, fille de Dieu. Ou pour le dire autrement le but de l’incarnation, c’est notre adoption filiale. Et c’est précisément par le sacrement de baptême, le baptême chrétien donné dans l’Esprit Saint et dans le feu, que nous sommes adoptés par Dieu comme ses fils. Non seulement au jour de notre baptême, mais aujourd’hui, c’est-à-dire dans le présent de notre vie chrétienne, nous entendons les paroles que le Père a adressées à Jésus, son Fils unique : « C’est toi mon fils ». Et c’est dans ce sens que nous percevons une seconde naissance lors du baptême du Seigneur. A Noël, c’est la tête du corps ecclésial qui naît de la Vierge Marie. Au jour du baptême, ce sont déjà tous les membres de l’Eglise Corps du Christ qui renaissent à une vie nouvelle. Et il faudra attendre le jour de la Pentecôte pour que ce mystère s’accomplisse en plénitude avec la naissance de l’Eglise en tant que telle. La fête de ce jour nous invite donc à contempler ces trois naissances intimement liées entre elles : naissance du Sauveur à Noël, naissance des chrétiens en lui au moment du baptême, naissance des chrétiens dans l’Eglise-Mère au jour de la Pentecôte. Remarquez bien que toutes ces naissances s’accomplissent par la puissance de l’Esprit Saint ! C’est l’Esprit qui féconde le sein de la Vierge Marie. C’est l’Esprit qui annonce notre adoption filiale en descendant sur Jésus sous la forme d’une colombe. C’est encore le même Esprit qui, en se manifestant par des langues de feu, nous rassemble dans l’Eglise et nous envoie dans le monde à la suite du Christ Ressuscité !
Dans cette perspective la deuxième lecture prend tout son sens :
« Par le bain du baptême, il nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l'Esprit Saint. Cet Esprit, Dieu l'a répandu sur nous avec abondance, par Jésus Christ notre Sauveur ; ainsi, par sa grâce, nous sommes devenus des justes, et nous possédons dans l'espérance l'héritage de la vie éternelle. »
Célébrer le baptême du Seigneur, c’est donc célébrer notre renouvellement par la puissance de l’Esprit, notre nouvelle naissance à la vie des fils et filles de Dieu. C’est comprendre non seulement par la raison mais aussi intérieurement, par le cœur, que le Père nous adresse réellement aujourd’hui cette parole : « C’est toi mon fils ». Comment pouvons-nous vivre davantage cette réalité de notre baptême ? Tout d’abord par notre fidélité à la prière personnelle et à la vie sacramentelle. C’est dans la mesure où nous désirons et accueillons la présence de Dieu Trinité en nous et dans nos vies que nous vivons vraiment de la vie divine reçue au baptême. La vie spirituelle, c’est-à-dire la vie de l’Esprit Saint en nous, ne peut se limiter à la pratique de la messe dominicale. Elle a besoin pour être réelle de temps privilégiés de rencontre avec le Seigneur chaque jour. Nous pouvons aussi nous demander quelle place tient le Saint Esprit dans notre vie chrétienne et dans notre vie spirituelle. Le prions-nous ? L’invoquons-nous régulièrement et avec confiance ? Un autre moyen essentiel de vivre notre baptême, c’est bien sûr de faire passer notre vie spirituelle dans nos choix et dans nos actes. Nous avons là un critère certain pour savoir si notre baptême dort en nous ou au contraire s’il est bien vivant… Cette fête nous demande de réveiller en nous la grâce de notre baptême pas seulement avec un vague désir mais avec la ferme résolution d’agir selon la volonté du Seigneur. Nous sommes des chrétiens éveillés si notre baptême porte des fruits concrets dans notre vie. Nous sommes des fils pour Dieu aujourd’hui si nous rayonnons son Amour. Amen
10/01/2010
Luc 3 (p. 359)
C’est avec la fête du baptême du Seigneur que s’achève le temps de Noël. Et c’est donc dans la lumière de la Nativité que nous sommes invités à contempler le baptême de Jésus par Jean dans les eaux du Jourdain. Le mystère de la crèche nous donne en effet le sens profond de ce qui se passe aux bords du Jourdain.
Nous pouvons comprendre le baptême de Jésus comme une double naissance. De la manière la plus évidente, Jésus « naît » en ce jour à sa mission de Sauveur puisque c’est par son baptême qu’il inaugure, après les longues années de sa vie cachée, son ministère et sa prédication : « Moi, aujourd’hui, je t’ai engendré ». Nous savons que Jésus en tant que Fils de Dieu, Verbe du Père, est engendré depuis toute éternité et qu’il n’a pas de commencement dans le temps. Si en ce jour il reçoit l’Esprit Saint, c’est bien en son humanité et comme pour marquer le début de sa mission publique. Les paroles du Père et le don de l’Esprit constituent un envoi en mission. La scène du baptême rappelle que Jésus est vraiment l’envoyé du Père et qu’il est venu parmi nous pour accomplir en toutes choses la volonté du Père. C’est toute la Trinité qui se rend ainsi présente à la mission du Fils de Dieu dans son humanité. Les contemporains du Christ n’ont vu que Jésus, le Fils unique et bien-aimé, mais à travers toutes ses paroles et toutes ses actions, le Père et l’Esprit étaient aussi présents, à l’œuvre pour accomplir dans et par le Christ la merveille de notre salut.
La fête de ce jour nous redit aussi le pourquoi de l’incarnation. Ce qui s’est passé de manière unique dans la nuit de Bethléem n’a qu’un but : que tout homme, toute femme en ce monde puisse devenir réellement fils, fille de Dieu. Ou pour le dire autrement le but de l’incarnation, c’est notre adoption filiale. Et c’est précisément par le sacrement de baptême, le baptême chrétien donné dans l’Esprit Saint et dans le feu, que nous sommes adoptés par Dieu comme ses fils. Non seulement au jour de notre baptême, mais aujourd’hui, c’est-à-dire dans le présent de notre vie chrétienne, nous entendons les paroles que le Père a adressées à Jésus, son Fils unique : « C’est toi mon fils ». Et c’est dans ce sens que nous percevons une seconde naissance lors du baptême du Seigneur. A Noël, c’est la tête du corps ecclésial qui naît de la Vierge Marie. Au jour du baptême, ce sont déjà tous les membres de l’Eglise Corps du Christ qui renaissent à une vie nouvelle. Et il faudra attendre le jour de la Pentecôte pour que ce mystère s’accomplisse en plénitude avec la naissance de l’Eglise en tant que telle. La fête de ce jour nous invite donc à contempler ces trois naissances intimement liées entre elles : naissance du Sauveur à Noël, naissance des chrétiens en lui au moment du baptême, naissance des chrétiens dans l’Eglise-Mère au jour de la Pentecôte. Remarquez bien que toutes ces naissances s’accomplissent par la puissance de l’Esprit Saint ! C’est l’Esprit qui féconde le sein de la Vierge Marie. C’est l’Esprit qui annonce notre adoption filiale en descendant sur Jésus sous la forme d’une colombe. C’est encore le même Esprit qui, en se manifestant par des langues de feu, nous rassemble dans l’Eglise et nous envoie dans le monde à la suite du Christ Ressuscité !
Dans cette perspective la deuxième lecture prend tout son sens :
« Par le bain du baptême, il nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l'Esprit Saint. Cet Esprit, Dieu l'a répandu sur nous avec abondance, par Jésus Christ notre Sauveur ; ainsi, par sa grâce, nous sommes devenus des justes, et nous possédons dans l'espérance l'héritage de la vie éternelle. »
Célébrer le baptême du Seigneur, c’est donc célébrer notre renouvellement par la puissance de l’Esprit, notre nouvelle naissance à la vie des fils et filles de Dieu. C’est comprendre non seulement par la raison mais aussi intérieurement, par le cœur, que le Père nous adresse réellement aujourd’hui cette parole : « C’est toi mon fils ». Comment pouvons-nous vivre davantage cette réalité de notre baptême ? Tout d’abord par notre fidélité à la prière personnelle et à la vie sacramentelle. C’est dans la mesure où nous désirons et accueillons la présence de Dieu Trinité en nous et dans nos vies que nous vivons vraiment de la vie divine reçue au baptême. La vie spirituelle, c’est-à-dire la vie de l’Esprit Saint en nous, ne peut se limiter à la pratique de la messe dominicale. Elle a besoin pour être réelle de temps privilégiés de rencontre avec le Seigneur chaque jour. Nous pouvons aussi nous demander quelle place tient le Saint Esprit dans notre vie chrétienne et dans notre vie spirituelle. Le prions-nous ? L’invoquons-nous régulièrement et avec confiance ? Un autre moyen essentiel de vivre notre baptême, c’est bien sûr de faire passer notre vie spirituelle dans nos choix et dans nos actes. Nous avons là un critère certain pour savoir si notre baptême dort en nous ou au contraire s’il est bien vivant… Cette fête nous demande de réveiller en nous la grâce de notre baptême pas seulement avec un vague désir mais avec la ferme résolution d’agir selon la volonté du Seigneur. Nous sommes des chrétiens éveillés si notre baptême porte des fruits concrets dans notre vie. Nous sommes des fils pour Dieu aujourd’hui si nous rayonnons son Amour. Amen
dimanche 3 janvier 2010
EPIPHANIE DU SEIGNEUR
Epiphanie du Seigneur
3/01/10
Matthieu 2, 1-12 (p.312)
Le temps de Noël est une célébration du mystère de l’incarnation. Ce mystère fondamental de notre foi est d’une richesse infinie. Le temps de Noël nous le fait contempler sous ses différentes facettes : la Nativité, la Sainte Famille, l’Epiphanie en ce dimanche, et enfin le baptême du Seigneur dimanche prochain. Dans la nuit de Noël a lieu un événement unique : l’éternité de Dieu entre dans notre histoire, le Dieu bienheureux choisit de venir parmi nous en son Fils dans la pauvreté et la souffrance, la Parole de Dieu que l’univers entier ne peut contenir se trouve en un lieu bien précis, Bethléem, sous les traits d’un nouveau-né fragile et sans défense. Bref avec l’incarnation Dieu épouse toutes les limites de notre condition humaine sauf le péché.
Saint Luc dans son récit de la Nativité nous parle de la crèche. Saint Matthieu, lui, nous montre la sainte famille dans une maison au moment de la visite des mages. Probablement Joseph et Marie ne sont pas retournés immédiatement à Nazareth mais ils ont pu trouver un logement plus décent à Bethléem le temps que la maman de Jésus reprenne force et santé…
Le récit de l’Epiphanie, celui de la visite des mages, situe l’incarnation dans le plan de Dieu, dans son projet d’amour pour notre humanité. Dieu veut le salut de tous les hommes, c’est une certitude de notre foi fondée sur la révélation biblique. Le Fils de Dieu prend chair de la Vierge Marie dans un lieu précis, un temps de notre histoire, un peuple particulier, le peuple Juif. Mais c’est bien à toute l’humanité que Dieu donne son Fils comme Sauveur. Le mystère de l’Epiphanie nous fait voir de quelle manière Dieu guide tout homme sur les chemins du salut. Dieu nous donne des signes. Et dans l’Evangile de Matthieu nous constatons que ces signes sont adaptés à leurs destinataires. Pour le peuple Juif, ce sont les prophéties qui annonçaient la naissance du Messie à Bethléem. Pour les mages païens, c’est l’apparition d’une étoile. Oui, Dieu épouse tellement notre humanité qu’il s’unit en quelque sorte à chacun de nous. Depuis Noël, il ne se contente pas d’adresser sa Parole aux hommes en général mais à chaque homme en particulier. Parce que nous sommes aimés de manière particulière, appelés chacun chacune à être sauvé selon notre vocation et selon la volonté de Dieu pour nous. Les signes différents et adaptés (la Bible, l’étoile etc.) manifestent le réalisme de l’incarnation. Et remarquons que dans le récit de Matthieu les premiers sont les derniers et vice-versa. Ceux qui étaient le mieux placés, l’élite du peuple Juif qui connaît la vérité grâce aux prophéties, sont ceux-là mêmes qui vont devenir les ennemis du Messie. Alors que les plus lointains dans l’espace et dans la foi sont ceux qui vont venir adorer l’enfant Dieu dans la maison de Bethléem. Le renversement des perspectives traditionnelles que nous trouvons tout au long de la vie du Christ commence dès le début. Cet Evangile est donc une sérieuse mise en garde adressée aux croyants de tous les temps. Ce n’est pas parce que nous sommes membres de l’Eglise qu’automatiquement nous recevons et acceptons les signes que Dieu nous envoie. Par contre nous sommes certains qu’aujourd’hui encore Dieu envoie des signes à son Eglise et à chaque chrétien de manière personnelle. L’exemple des mages nous invite à être attentifs à ces signes par lesquels Dieu veut nous conduire à la sainteté et au salut. Ce récit nous montre que Dieu utilise ce que nous aimons et connaissons le mieux pour nous parler. Oui, il parle vraiment le langage de chacun. Et c’est justement dans nos centres d’intérêts et dans nos passions, dans tout ce qui nous motive, que nous avons à chercher ce langage caché de Dieu. Sans oublier la grande vérité que Pascal nous rappelle dans ses Pensées : « Il y a assez de lumière pour ceux qui ne désirent que de voir et assez d’obscurité pour ceux qui ont une disposition contraire ». Les mages païens pratiquaient probablement l’astrologie, une pratique condamnée par la Bible, en particulier dans le prophète Isaïe. Dieu, qui veut les sauver, n’hésite pas à les guider par un astre. Un dernier aspect de ce beau récit peut nous intéresser. Jésus vient au monde dans le dénuement et la pauvreté, et il accepte l’offrande des mages païens qui représente au contraire la richesse et l’abondance des nations. Les mages grâce à l’étoile et aux lettrés d’Israël ont fait un bout de chemin vers la vérité. Mais il leur reste encore à comprendre bien des choses en regagnant leur pays par un autre chemin. Dans leur mentalité païenne c’est par la richesse que l’on peut honorer un personnage important, à plus forte raison la divinité. Ils auront encore à prendre un autre chemin spirituel en comprenant que Dieu ne s’intéresse pas à nos richesses et à nos trésors. En comprenant que si Dieu s’est fait homme, c’est bien parce que pour lui sa plus grande richesse ce sont justement les créatures humaines, ses créatures. Alors nous n’avons pas d’autre chemin pour aimer Dieu notre Père que de nous offrir nous-mêmes à Lui par le Fils dans l’Esprit ! C’est ainsi que, comme les mages, nous serons vraiment chez nous : en nous donnant. Amen
3/01/10
Matthieu 2, 1-12 (p.312)
Le temps de Noël est une célébration du mystère de l’incarnation. Ce mystère fondamental de notre foi est d’une richesse infinie. Le temps de Noël nous le fait contempler sous ses différentes facettes : la Nativité, la Sainte Famille, l’Epiphanie en ce dimanche, et enfin le baptême du Seigneur dimanche prochain. Dans la nuit de Noël a lieu un événement unique : l’éternité de Dieu entre dans notre histoire, le Dieu bienheureux choisit de venir parmi nous en son Fils dans la pauvreté et la souffrance, la Parole de Dieu que l’univers entier ne peut contenir se trouve en un lieu bien précis, Bethléem, sous les traits d’un nouveau-né fragile et sans défense. Bref avec l’incarnation Dieu épouse toutes les limites de notre condition humaine sauf le péché.
Saint Luc dans son récit de la Nativité nous parle de la crèche. Saint Matthieu, lui, nous montre la sainte famille dans une maison au moment de la visite des mages. Probablement Joseph et Marie ne sont pas retournés immédiatement à Nazareth mais ils ont pu trouver un logement plus décent à Bethléem le temps que la maman de Jésus reprenne force et santé…
Le récit de l’Epiphanie, celui de la visite des mages, situe l’incarnation dans le plan de Dieu, dans son projet d’amour pour notre humanité. Dieu veut le salut de tous les hommes, c’est une certitude de notre foi fondée sur la révélation biblique. Le Fils de Dieu prend chair de la Vierge Marie dans un lieu précis, un temps de notre histoire, un peuple particulier, le peuple Juif. Mais c’est bien à toute l’humanité que Dieu donne son Fils comme Sauveur. Le mystère de l’Epiphanie nous fait voir de quelle manière Dieu guide tout homme sur les chemins du salut. Dieu nous donne des signes. Et dans l’Evangile de Matthieu nous constatons que ces signes sont adaptés à leurs destinataires. Pour le peuple Juif, ce sont les prophéties qui annonçaient la naissance du Messie à Bethléem. Pour les mages païens, c’est l’apparition d’une étoile. Oui, Dieu épouse tellement notre humanité qu’il s’unit en quelque sorte à chacun de nous. Depuis Noël, il ne se contente pas d’adresser sa Parole aux hommes en général mais à chaque homme en particulier. Parce que nous sommes aimés de manière particulière, appelés chacun chacune à être sauvé selon notre vocation et selon la volonté de Dieu pour nous. Les signes différents et adaptés (la Bible, l’étoile etc.) manifestent le réalisme de l’incarnation. Et remarquons que dans le récit de Matthieu les premiers sont les derniers et vice-versa. Ceux qui étaient le mieux placés, l’élite du peuple Juif qui connaît la vérité grâce aux prophéties, sont ceux-là mêmes qui vont devenir les ennemis du Messie. Alors que les plus lointains dans l’espace et dans la foi sont ceux qui vont venir adorer l’enfant Dieu dans la maison de Bethléem. Le renversement des perspectives traditionnelles que nous trouvons tout au long de la vie du Christ commence dès le début. Cet Evangile est donc une sérieuse mise en garde adressée aux croyants de tous les temps. Ce n’est pas parce que nous sommes membres de l’Eglise qu’automatiquement nous recevons et acceptons les signes que Dieu nous envoie. Par contre nous sommes certains qu’aujourd’hui encore Dieu envoie des signes à son Eglise et à chaque chrétien de manière personnelle. L’exemple des mages nous invite à être attentifs à ces signes par lesquels Dieu veut nous conduire à la sainteté et au salut. Ce récit nous montre que Dieu utilise ce que nous aimons et connaissons le mieux pour nous parler. Oui, il parle vraiment le langage de chacun. Et c’est justement dans nos centres d’intérêts et dans nos passions, dans tout ce qui nous motive, que nous avons à chercher ce langage caché de Dieu. Sans oublier la grande vérité que Pascal nous rappelle dans ses Pensées : « Il y a assez de lumière pour ceux qui ne désirent que de voir et assez d’obscurité pour ceux qui ont une disposition contraire ». Les mages païens pratiquaient probablement l’astrologie, une pratique condamnée par la Bible, en particulier dans le prophète Isaïe. Dieu, qui veut les sauver, n’hésite pas à les guider par un astre. Un dernier aspect de ce beau récit peut nous intéresser. Jésus vient au monde dans le dénuement et la pauvreté, et il accepte l’offrande des mages païens qui représente au contraire la richesse et l’abondance des nations. Les mages grâce à l’étoile et aux lettrés d’Israël ont fait un bout de chemin vers la vérité. Mais il leur reste encore à comprendre bien des choses en regagnant leur pays par un autre chemin. Dans leur mentalité païenne c’est par la richesse que l’on peut honorer un personnage important, à plus forte raison la divinité. Ils auront encore à prendre un autre chemin spirituel en comprenant que Dieu ne s’intéresse pas à nos richesses et à nos trésors. En comprenant que si Dieu s’est fait homme, c’est bien parce que pour lui sa plus grande richesse ce sont justement les créatures humaines, ses créatures. Alors nous n’avons pas d’autre chemin pour aimer Dieu notre Père que de nous offrir nous-mêmes à Lui par le Fils dans l’Esprit ! C’est ainsi que, comme les mages, nous serons vraiment chez nous : en nous donnant. Amen
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