Matthieu 25, 31-46
22/11/20
En ce
dernier dimanche de notre année liturgique, nous terminons la lecture du
chapitre 25 de l’Evangile selon saint Matthieu. Après les paraboles des dix
jeunes filles et des talents, l’évangéliste nous fait contempler la scène
grandiose du jugement final, rendue célèbre par l’interprétation artistique
qu’en fit Michel-Ange sur la paroi de la chapelle Sixtine.
Le cœur
du message est clair. J’y reviendrai brièvement en conclusion. Je voudrais
d’abord mettre en valeur certains détails de cet Evangile qui pourraient nous
échapper lors d’une lecture trop rapide.
Toutes les nations seront rassemblées devant
lui.
Ce
jugement est bien universel. Il ne concerne pas seulement le peuple Juif ou encore
les chrétiens mais bien toutes les nations, donc chaque homme. Ce jugement
embrasse tous les temps de l’histoire humaine et tous les lieux, tous les
continents. Et cela depuis la fondation
du monde, donc depuis l’acte créateur.
Il séparera les hommes les uns des autres,
comme le berger sépare les brebis des boucs.
Dans la
parabole des dix jeunes filles sages et folles, il y avait déjà une séparation
entre ces deux groupes. De la même manière qu’au commencement Dieu sépara la
lumière d’avec les ténèbres, à la fin des temps il séparera les bénis des
maudits. Cela nous rappelle la parabole du bon grain et de l’ivraie au chapitre
13 du même Evangile. La conclusion de cette parabole mérite d’être ici
mentionnée :
Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson
; et, au temps de la moisson, je dirai aux moissonneurs : Enlevez d’abord
l’ivraie, liez-la en bottes pour la brûler ; quant au blé, ramassez-le pour le
rentrer dans mon grenier.
Le
jugement universel correspond à l’image de la moisson dans la parabole du bon
grain et de l’ivraie.
Enfin
remarquons bien que le Christ roi que nous célébrons en ce dimanche se présente
à nous sous le titre de Fils de l’homme
et son acte de jugement est assimilé à celui d’un berger qui sépare les brebis des boucs. Le Christ roi est juge,
revêtu de gloire et d’autorité, mais il se présente simplement comme un juge
humain, comme le fils de Marie, et surtout comme le bon pasteur.
Ces
détails étant relevés, nous pouvons maintenant revenir au cœur de ce qui
constitue le jugement, c’est-à-dire le critère d’après lequel le Christ sépare
les bénis des maudits. Etant donné que ce jugement est universel, le critère du
jugement l’est aussi. Le Christ ne reproche pas aux maudits leur athéisme, leur
manque de foi ou encore le fait de ne pas être circoncis ou baptisés. Il se
situe au niveau d’une morale universelle compréhensible par tous. Les actes
concrets qu’il prend comme critères du jugement sont valables pour toutes les
époques et tous les lieux. De partout et toujours, il y a eu et il y aura
malheureusement encore des êtres humains souffrant de la faim, de la soif, du
froid, de la maladie etc. D’ailleurs la réaction teintée de surprise des justes
montre bien qu’ils ont simplement agi en suivant leur conscience d’hommes,
gratuitement, et non en vue d’obtenir une récompense céleste. Ils n’ont fait
que leur devoir :
Alors les justes lui répondront : “Seigneur,
quand est-ce que nous t’avons vu… ? tu avais donc faim, et nous t’avons nourri
? tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ?... Quand sommes-nous venus
jusqu’à toi ?”
Le
critère du jugement dernier est donc universel. Il est aussi humain : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de
ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.
Remarquons
comment le juge se présente à nous dans son humanité en tant que Fils de
l’homme et berger. Ici il parle clairement des hommes dans le besoin, la
solitude et la souffrance comme de ses frères en humanité. Le Christ roi et
juge s’identifie aux plus petits, aux plus faibles d’entre nous. Il ne loue pas
les justes parce qu’ils auraient fait du bien à ses disciples comme dans
d’autres passages de l’Evangile. Il les loue parce qu’ils ont eu de la
compassion pour ceux qui sont ses frères en humanité. La compassion, la
capacité de se laisser toucher par un être humain, l’amour capable de se
transformer en actes, tout cela n’est pas le propre des chrétiens ou encore des
croyants. Ce sont des attitudes humaines, donc universelles. Cet Evangile est
probablement celui qui met le plus en avant et de la manière la plus claire la
réalité de la fraternité universelle. Nous sommes tous membres de la même
famille humaine, tous fils et filles d’un même Père créateur, donc tous frères
et sœurs. Le jugement de la fin des temps nous ramène en quelque sorte aux
origines et à l’acte créateur de Dieu. En raison de la blessure du péché
originel et de nos propres péchés, cette fraternité universelle représente une
grande exigence pour nous. Saint Jean nous encourage à la vivre dans sa
première lettre :
Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », alors
qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui
n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit
pas.
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