Matthieu 25, 1-13
8/11/20
Nous
parvenons peu à peu vers le terme de notre année liturgique et l’Evangile de ce
dimanche est bien dans la tonalité des derniers dimanches du temps ordinaire.
Il nous fait contempler l’accomplissement du Royaume des cieux et nous parle de
la vigilance spirituelle : Veillez
donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure. Déjà, dans le chapitre
précédent, Jésus avait demandé à ses disciples de savoir veiller pour pouvoir
accueillir le don du Royaume des cieux : Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient.
C’est à
l’aide de la parabole des dix jeunes filles que Jésus veut nous inviter à la
vigilance du cœur. Dans la traduction liturgique, cinq d’entre elles sont
qualifiées d’insouciantes et les cinq
autres de prévoyantes. Chouraqui propose
une autre traduction qui me semble intéressante et qui nous permet de faire le
lien avec la première lecture consacrée au thème de la recherche de la
sagesse : cinq d’entre elles sont
folles et cinq sages. Jésus, revenant à la fin des temps pour inaugurer le
Royaume, nous est présenté comme un époux. Ces jeunes filles se rassemblent
dans l’attente de l’époux afin de pouvoir célébrer avec lui la fête des noces.
Mais voici que l’époux tarde… ce détail de la parabole répond probablement à
une interrogation des premiers chrétiens qui pensaient, comme Paul en témoigne,
voir le retour du Christ de leur vivant et qui étaient déçus de constater que
des années après l’Ascension et la Pentecôte il n’était toujours pas revenu…
Quant à nous, nous sommes tentés par l’attitude inverse : ne jamais penser
au retour du Christ en gloire ni au fait que notre monde tel qu’il est passera
lors de sa manifestation. Il est important de dire que cette attitude de
vigilance ne vaut pas seulement pour accueillir le Royaume à la fin des temps
mais qu’elle est utile chaque jour de notre existence chrétienne, car, comme le
dit Jésus en saint Luc, voici que le
règne de Dieu est au milieu de vous. Même certains païens, comme le
stoïcien Sénèque, avait déjà compris ce mystère dans leur quête de la sagesse :
le dieu est près de toi ; il est
avec toi ; il est en toi (Lettre à Lucilius 41).
Que peut
bien représenter cette huile dont manquent les jeunes filles folles ? Une
huile que l’on ne peut pas acheter chez les marchands… La fin de la parabole
nous donne une indication pour trouver la réponse dans le même Evangile selon
saint Matthieu :
Plus tard, les autres jeunes filles
arrivèrent à leur tour et dirent : “Seigneur, Seigneur, ouvre-nous !” Il leur
répondit : “Amen, je vous le dis : je ne vous connais pas.”
Au
chapitre 7 nous trouvons une situation très semblable, mais, cette fois, il ne
s’agit pas d’une parabole :
Ce n’est pas en me disant : “Seigneur,
Seigneur !” qu’on entrera dans le royaume des Cieux, mais c’est en faisant la
volonté de mon Père qui est aux cieux. Ce jour-là, beaucoup me diront :
“Seigneur, Seigneur, n’est-ce pas en ton nom que nous avons prophétisé, en ton
nom que nous avons expulsé les démons, en ton nom que nous avons fait beaucoup
de miracles ?” Alors je leur déclarerai : “Je ne vous ai jamais connus.
Écartez-vous de moi, vous qui commettez le mal !”
Nous
retrouvons le « Seigneur, Seigneur »
des jeunes filles folles et la réponse de Jésus, presque identique : Je ne vous ai jamais connus. Et quel est
le reproche du Christ ? Vous qui
commettez le mal ! Nous pouvons ainsi comprendre que l’huile
représente notre fidélité aux commandements, notre mise en pratique du double
commandement de l’amour, nos actions conformes au bien. Seul un cœur sage et vigilant,
ouvert en permanence à la présence de Dieu et à l’action de l’Esprit Saint est
capable de comprendre et de vivre ce que saint Jacques enseigne :
Ainsi, comme le corps privé de souffle est
mort, de même la foi sans les œuvres est morte.
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