17/09/17
Matthieu
18, 21-35
Le
chapitre 18 de l’Evangile selon saint Matthieu est une catéchèse sur le mystère
de l’Eglise. L’Evangile de ce dimanche correspond à la conclusion de cette
catéchèse construite à partir des paroles du Christ. L’enseignement de Jésus
part souvent des questions qu’on lui pose. Le Seigneur aime en effet écouter
les questions des hommes pour délivrer son message. Le chapitre 18 s’ouvre par
une question des disciples et s’achève par une question de Pierre :
Qui donc est le plus grand dans le Royaume
des Cieux ?
Seigneur, quand mon frère commettra des
fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept
fois ?
A ces
deux questions, le Seigneur répond en donnant des modèles à imiter, des sources
d’inspiration pour notre conduite chrétienne. La vraie grandeur consiste à se
faire petit comme un enfant et le pardon authentique fait de nous des
imitateurs de Dieu. D’un côté nous avons donc comme modèle le petit enfant et
de l’autre Dieu le Père ! Humilité et pardon, humilité et miséricorde vont
donc de pair, et trouvent en Jésus, image du Père, leur union parfaite et leur
sommet. Ces deux dispositions du cœur, ces deux attitudes sont caractéristiques
de la vie chrétienne, et dessinent par conséquent le visage de l’Eglise. Le
Fils éternel de Dieu s’est manifesté en la personne de Jésus pour offrir à
l’humanité le pardon de Dieu et à la création tout entière le don de la
réconciliation et de la paix. Si Jésus exige de Pierre et de tous ses disciples
un pardon sans limite, un pardon infini, c’est parce que la miséricorde de Dieu
est elle-même infinie et sans bornes. La capacité de pardonner chez les
chrétiens devient ainsi une participation humaine à la miséricorde de Dieu
manifestée dans le Christ. Que le pardon soit un thème central dans la
prédication de Jésus ne demande pas beaucoup de démonstration… Qu’il nous
suffise de penser à la demande du Notre
Père ! Cette capacité de pardonner est le signe de la présence du
Royaume de Dieu parmi nous, elle est un signe éclatant de sainteté. A l’inverse
l’attitude du débiteur impitoyable dans la parabole nous fait retomber dans un
monde privé de la grâce divine, dans un univers païen. Chaque fois que nous
refusons en tant que chrétiens d’offrir le pardon, nous ne sommes pas
simplement ingrats et illogiques mais nous bloquons en quelque sorte
l’avènement du Royaume de Dieu. Nous déconstruisons ce que Jésus nous a obtenu
par l’offrande de sa vie. Notre psychologie humaine, blessée par le péché des
origines, est ainsi faite que nous sommes généralement indulgents envers
nous-mêmes et impitoyables envers les autres. Les grands saints nous étonnent
souvent parce qu’ils se considèrent comme de grands pécheurs. Ils inversent
dans leur vie l’instinct psychologique qui accuse autrui avant de se remettre
soi-même en question. Notre tendance à être sans pitié envers autrui va de pair
avec une autre tendance, presque automatique en nous, celle du jugement. Nous
progresserons dans notre capacité à pardonner au fur et à mesure que nous
vaincrons cette tendance à juger rapidement les autres sans connaître les
tenants et les aboutissants de leur histoire personnelle. Si pardon et humilité
vont de pair dans la vie de l’Eglise, alors le conseil que Paul donnait aux
premiers chrétiens nous est infiniment précieux si nous voulons refléter dans
nos vies la miséricorde du Seigneur à notre égard : ne faites rien par rivalité ni pour la gloire ; ayez l’humilité de
croire les autres meilleurs que vous-mêmes. Au lieu de penser chacun à son
intérêt, que chacun se préoccupe des autres.