29 /06/2025
En cette solennité des saints
Pierre et Paul nous méditons la cinquième et dernière partie de l’encyclique du
pape François consacrée à l’amour humain et divin du Cœur de
Jésus-Christ : « Amour pour amour ».
Avec cette méditation nous
parvenons à la fin de ce cycle de catéchèses sur le Sacré-Cœur. Dans le dernier
chapitre de Dilexit nos le pape François nous donne un magnifique
enseignement sur la notion de « réparation » (181-204), en s’appuyant
fortement sur les enseignements de Jean-Paul II. La réparation offerte au Cœur
du Christ a un double aspect : social et personnel. Dans le paragraphe
intitulé « La réparation : construire sur les ruines » le pape
développe, en citant Jean-Paul II, le sens social de cette pratique
spirituelle :
La
civilisation du Cœur du Christ pourra être bâtie sur les ruines accumulées par
la haine et la violence en nous abandonnant à ce Cœur. Cela implique
certainement que nous soyons capables de joindre l’amour filial envers Dieu à
l’amour du prochain.
Jean-Paul II avait mis en lumière les structures
de péché qui s’opposent gravement à la civilisation de l’amour. Qu’est-ce donc
qu’une structure de péché ? Elle se caractérise par la répétition de
péchés graves contre le prochain, répétition favorisée par une organisation
sociale, politique et commerciale mauvaise en elle-même : La répétition de ces péchés contre les autres
finit souvent par renforcer une « structure de péché » nuisant au développement
des peuples. Au n°182 le pape définit avec grande clarté la réparation
dans son aspect social :
Avec
le Christ, nous sommes appelés à construire une nouvelle civilisation de
l’amour sur les ruines que nous avons laissées en ce monde par notre péché.
Telle est la réparation que le Cœur du Christ attend de nous. Au milieu du
désastre laissé par le mal, le Cœur du Christ veut avoir besoin de notre
collaboration pour reconstruire le bien et le beau.
Dans ce contexte qui met en avant l’amour
évangélique du prochain le pape souligne l’importance pour chaque chrétien de
« se reconnaître fautif et de demander pardon », donc la centralité
de la vertu d’humilité. Le fidèle qui acquiert par la grâce de Dieu la bonne
habitude de reconnaître ses péchés et de demander pardon au prochain offensé,
comme nous le rappelle le Notre Père, inverse la tendance naturelle qui
consiste à « être indulgent avec soi-même et inflexible avec les
autres ». Ainsi « on devient ferme avec soi-même et miséricordieux
avec les autres ». La pratique sociale de la réparation est inséparable
d’une profonde spiritualité. Au n°184, le pape remarque :
La
réparation chrétienne ne peut être comprise uniquement comme un ensemble
d’œuvres extérieures, bien qu’indispensables et parfois admirables. Elle exige
une mystique, une âme, un sens qui leur donne force, élan et créativité
inlassables. Elle a besoin de la vie, du feu et de la lumière qui procèdent du
Cœur du Christ.
Cette citation nous sert de transition pour
aborder maintenant l’aspect personnel et proprement spirituel de la réparation
qui nous engage « dans une relation encore plus directe avec le Cœur du
Christ ». Dans le paragraphe « La réparation : un prolongement
pour le Cœur du Christ » le pape choisit comme guide sainte Thérèse de
l’Enfant-Jésus et son offrande à l’Amour divin. Il pose d’abord le fondement
d’une saine compréhension de la réparation :
Puisque
le Seigneur tout-puissant, dans sa liberté divine, a voulu avoir besoin de
nous, la réparation se comprend comme une libération des obstacles que nous
mettons à l’expansion de son amour dans le monde, par notre manque de
confiance, de gratitude et de don de soi.
La révolution opérée par la petite Thérèse dans
son cheminement spirituel a consisté à voir avant toutes choses en Dieu un Père
miséricordieux et non pas un juge. Et pour elle il ne faisait aucun doute que la Justice
même (et peut-être encore plus que toute autre) me semble revêtue d’amour ». Le
pape décrit très bien ce changement de perspective aux n°195-196 :
Cette
insistance sur la justice divine conduit finalement à penser que le sacrifice
du Christ est incomplet ou partiellement efficace, ou que sa miséricorde n’est
pas assez grande. […] Avec son intuition spirituelle, sainte Thérèse de
l’Enfant Jésus découvre qu’il existe une autre façon de s’offrir selon laquelle
il n’est pas nécessaire de satisfaire la justice divine mais de permettre à
l’amour infini du Seigneur de se répandre sans entrave. C’est la raison pour
laquelle Thérèse dans son acte d’offrande s’offre non pas à la justice divine
mais à l’Amour miséricordieux.
Concluons cette dernière méditation avec ces
paroles du pape François qui nous appelle à retrouver la beauté de la réparation
comme dévotion agréable au Cœur de Jésus :
Sœurs
et frères, je propose que nous développions cette forme de réparation qui
consiste, en définitive, à offrir au Cœur du Christ une nouvelle possibilité de
répandre en ce monde les flammes de son ardente tendresse… Le chemin le plus
approprié est que notre amour donne au Seigneur une possibilité de s’étendre en
échange de toutes ces fois où il a été rejeté ou nié. Cela se produit en allant
au-delà de la simple “consolation” au Christ dont nous avons parlé dans le
chapitre précédent, et se traduit par des actes d’amour fraternel par lesquels
nous guérissons les blessures de l’Église et du monde. De cette manière, nous
offrons de nouvelles expressions de la puissance restauratrice du Cœur du
Christ.