30/11/2025
Matthieu 24, 37-44
Le mot « Avent »
signifie venue, avènement. D’où l’Evangile selon saint Matthieu qui nous parle
de l’avènement de Jésus. Ce second avènement dans la gloire nous le proclamons
dans nos professions de foi et dans l’anamnèse après la consécration du pain et
du vin : « Nous attendons ta venue dans la gloire ». Si dans les
premières générations chrétiennes cet aspect de notre foi était très important,
il a perdu de son intensité au fur et à mesure que les siècles s’ajoutaient aux
siècles… Et si nous sommes honnêtes avec nous-mêmes, nous constatons à quel
point cette attente du second avènement du Christ n’est pas au centre de notre
foi. A la petite échelle de notre vie humaine cet avènement nous semble très
lointain. Nous ressemblons bien à la génération de Noé avant le déluge : on
mangeait et on buvait, on prenait femme et on prenait mari, jusqu’au jour où
Noé entra dans l’arche… Ce que Jésus nous dit de son avènement est aussi
valable pour le jour de la fin de notre vie terrestre : vous ne savez
pas quel jour votre Seigneur vient… De la même manière nous ne connaissons
pas le jour de notre mort. Ce regard orienté vers un avenir que nous ne
maitrisons absolument pas et qui dépend de la volonté de Dieu et de son plan de
salut nous ramène finalement à notre attitude spirituelle dans le
présent : Veillez donc, tenez-vous donc prêts, vous
aussi. Ces verbes sont bien
conjugués au présent. Paul s’en fait l’écho dans la deuxième lecture quand il
nous dit que l’heure est venue de sortir de notre sommeil. L’entrée dans le
temps de l’Avent nous propose donc comme attitude spirituelle la vigilance.
Cette vigilance n’est possible que dans la mesure où nous consacrons du temps à
Dieu dans la prière personnelle, dans la lecture et la méditation, dans la
fréquentation des sacrements par lesquels Dieu vient à notre rencontre. La
vigilance chrétienne, en s’appuyant sur une relation vivante avec Dieu et sur
la parole de Jésus, nous rend capable d’être attentifs aux signes des temps. La
vigilance chrétienne nous permet d’être des hommes et des femmes libres,
capables quand il le faut d’aller à contre-courant de la pensée dominante et de
résister aussi à des messages anxiogènes. Dans le contexte médiatique actuel
qui fait résonner à nos oreilles des propos agressifs en faveur de la guerre,
une guerre planifiée par les dirigeants européens qui ne cessent de nous parler
de réarmement (plan européen de 800 milliards d’euros !), de service
militaire et d’une menace qui semble n’exister que dans leur imagination, nous
avons besoin de recul et de discernement. Car la propagande n’est pas le propre
des dictatures lointaines, elle existe aussi chez nous. Elle utilise comme
toujours la peur alors que Jésus ne cesse de nous dire « n’ayez pas
peur » ! Le chrétien vigilant ne peut approuver ces appels à se
préparer à une guerre que l’on nous présente comme inéluctable et que l’on
semble préférer, par idéologie et obstination, à une paix issue de négociations
et de la diplomatie. Le chrétien prend au sérieux les Béatitudes : « Heureux
les doux : car ils posséderont la terre ! Heureux les pacifiques, car
ils seront appelés fils de Dieu ! » Comme il est bon pour nous
d’entendre l’oracle du prophète Isaïe dans la première lecture, combien nous
avons besoin d’inscrire ces paroles de paix au plus profond de notre cœur pour
résister aux violents et aux belliqueux qui ont tendance à saturer l’espace
médiatique afin de nous préparer au pire !
De leurs épées, ils forgeront des
socs, et de leurs lances, des faucilles. Jamais nation contre nation ne lèvera
l’épée ; ils n’apprendront plus la guerre. Venez, maison de Jacob ! Marchons à
la lumière du Seigneur.

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