Jean 13, 1-15
Dimanche
dernier, lors de la célébration des Rameaux, nous avons entendu Jésus nous
dire :
Quel est en effet le plus grand : celui qui
est à table, ou celui qui sert ? N’est-ce pas celui qui est à table ? Eh bien
moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert.
En ce
Jeudi saint, l’évangéliste Jean nous montre Jésus qui se lève de table afin de
laver les pieds de ses disciples. Il se présente à nous comme notre serviteur,
comme le Dieu qui s’abaisse. Il le fait physiquement avec son corps pour se
mettre au niveau des pieds des disciples, il le fait surtout dans son âme et
dans son cœur pour nous dire sa proximité avec nous, son amour miséricordieux
qui vient nous purifier et nous sanctifier. Dans ce geste d’abaissement volontaire,
Jésus qui est sorti de Dieu et qui s’en va vers Lui nous prend avec Lui pour
aller vers le Père. Il s’abaisse à nos pieds pour nous élever avec Lui. Jean
affirme : sachant que le Père a tout
remis entre ses mains, soulignant ainsi la divinité du Fils. C’est
justement avec ses mains, dans lesquelles le Père a remis toute son autorité
divine, que, dans un même mouvement, le Fils fait l’eucharistie, prenant le
pain et le vin, et lave les pieds de ses disciples.
Confronté
à l’humilité de son maître et Seigneur, Pierre, le premier parmi les apôtres,
refuse de se laisser laver les pieds : Tu
ne me laveras pas les pieds ; non, jamais ! Cette réaction spontanée
nous rappelle celle de Jean le baptiste en saint Matthieu, refusant de baptiser
Jésus : Jean voulait l’en empêcher
et disait : « C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi, et c’est toi qui
viens à moi ! » Dans les deux cas Jésus persuade ces hommes de le laisser
faire même s’ils ne peuvent pas comprendre pour le moment la signification de
ces actes. Ainsi la scène du baptême au début de l’Evangile et celle du
lavement des pieds à la fin ont la même signification : dans les deux cas
Jésus s’abaisse devant des hommes, il se fait leur inférieur. Et c’est ainsi
qu’il décide de leur révéler les voies du salut choisis par Dieu qui sont
celles de l’humilité de Dieu. C’est bien par cette capacité de Dieu à se faire
petit, à s’abaisser en se mettant à notre niveau, que nous sommes réconciliés
avec lui. L’Evangile de ce Jeudi saint s’achève en qualifiant le geste du
lavement des pieds d’exemple que nous
avons à imiter. C’est dire à quel point l’humilité du disciple et son esprit de
service sont une participation effective au salut apporté par Jésus-Christ.
Saint Paul exhorte ainsi les chrétiens de Philippes : Ne soyez jamais intrigants ni vaniteux, mais ayez assez d’humilité pour
estimer les autres supérieurs à vous-mêmes. Que chacun de vous ne soit pas
préoccupé de ses propres intérêts ; pensez aussi à ceux des autres.
Le geste
du lavement des pieds comme celui de l’eucharistie nous permet de saisir ce qui
se joue dans la Passion du Seigneur que nous méditerons demain : pas
seulement la souffrance du juste innocent, mais un acte d’humilité et
d’abaissement ultime qui nous permet de nous relever de nos péchés et d’être
libérés des logiques du mal et de son pouvoir sur nous, logiques toujours liées
à l’orgueil égoïste.
Marie,
mère du Sauveur, a prophétisé tout cela dans son Magnificat, son action de
grâce offerte au Père :
Déployant la force de son bras, il disperse
les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles.
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