25/04/2021
Jean 10,
11-18
Chaque
année, pour le dimanche de prière pour les vocations, l’Eglise nous propose un
passage du chapitre 10 de l’évangile selon saint Jean, chapitre dans lequel
Jésus se présente à ses disciples comme le bon pasteur. Dans un premier temps
regardons comment cette métaphore du berger a été utilisée dans l’antiquité.
Dans le contexte biblique cette image n’a rien d’original. Elle est très
présente dans l’Ancien Testament avec par exemple le chapitre 34 du prophète
Ezéchiel ou encore le psaume 22 bien connu de tous. Ce qui est moins connu
c’est l’utilisation de la même image dans l’antiquité gréco-romaine et cela
depuis Platon. Pour qualifier le bon roi ou le bon empereur les philosophes le
décrivent comme le bon pasteur. Dion de Pruse, à l’époque de Trajan, utilise,
lui aussi, cette image du bon pasteur – bon roi qui n’a rien d’un tyran. Entre
l’un et l’autre, écrit-il, il y a toute la différence du berger et du
boucher ! Et l’empereur Tibère déclarait avec un certain humour à propos
du taux d’imposition : un bon berger
doit tondre ses moutons, non les écorcher… Il faut aussi souligner, pour
revenir au contexte juif, que les bergers à l’époque de Jésus avaient très
mauvaise réputation, entre autres motifs parce qu’en raison de leur travail ils
ne pouvaient pas sanctifier le sabbat. La venue des bergers à la crèche sonne
donc comme une provocation dans le judaïsme… Comment associer ces moins que
rien à la naissance du Messie ? En même temps souvenons-nous que le plus
grand roi d’Israël, David, a été choisi par Dieu au moment où il faisait paître
le troupeau de son père Jessé…
Le texte
grec de l’Evangile parle du beau pasteur et non pas du bon pasteur… Dans le
passage que nous venons d’entendre le berger se distingue du mercenaire qui
était employé pour un temps seulement afin d’aider le berger dans sa tâche. Ou
pour le dire autrement c’est un peu la différence qui peut exister entre le
propriétaire d’une maison et son locataire. Le beau berger est prêt à prendre
des risques pour ses bêtes… jusqu’à donner sa vie pour elles, précise Jésus.
Or, seul un amour infini peut pousser le bon berger à se sacrifier lui-même
pour ses brebis. C’est dans ce contexte que le Seigneur annonce son mystère
pascal et cela en conformité avec la volonté de son Père : Je donne ma vie, pour la recevoir de
nouveau. Nul ne peut me l’enlever : je la donne de moi-même. J’ai le pouvoir de
la donner, j’ai aussi le pouvoir de la recevoir de nouveau : voilà le
commandement que j’ai reçu de mon Père.
Un autre
aspect essentiel de cet enseignement, c’est que Jésus se présente comme un
berger universel qui veut conduire tous les enfants de Dieu à l’unité et à la
communion : J’ai encore d’autres
brebis, qui ne sont pas de cet enclos : celles-là aussi, il faut que je les
conduise. Elles écouteront ma voix : il y aura un seul troupeau et un seul
pasteur. Contrairement aux rois et aux empereurs de l’antiquité, Jésus ne
se préoccupe pas seulement de l’enclos d’Israël mais de toutes les brebis.
C’est la raison pour laquelle l’Eglise catholique a le désir de faire résonner
l’Evangile aux oreilles de tous. C’est la raison pour laquelle les pasteurs de
l’Eglise ont le souci de s’adresser à tous, en dehors de l’enclos de ceux qui
fréquentent la paroisse. Si Jésus veut évangéliser les brebis qui ne sont pas
dans l’enclos, c’est tout simplement parce qu’elles lui appartiennent toutes en
tant que créatures. C’est lui qui donne vie et existence à toutes. D’où son
souci pour elles. Seul Dieu peut être le véritable et unique Pasteur de son
peuple. Si nous écoutons la voix de Jésus, en recevant son Evangile, c’est Dieu
lui-même qui nous guide et nous conduit.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire