11/04/2021
Jean 20,
19-31
L’Evangile
du dimanche dans l’octave de Pâques ressaisit en lui la première semaine après
Pâques : Le soir venu, en ce premier
jour de la semaine… Huit jours plus tard. Ce dimanche de la divine
miséricorde est en fait le dimanche de la foi pascale. La conclusion de notre
page évangélique nous le fait clairement comprendre : ces signes réalisés
par Jésus ont été écrits pour que vous
croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant, vous
ayez la vie en son nom. Le plus grand signe est bien celui de la
résurrection du Christ. Le prêtre suisse Maurice Zundel exprime de la manière
suivante le contenu du mystère de la résurrection :
C’est la victoire sur l’égoïsme et sur toutes
les puissances du mal dont la mort physique est la rançon. C’est le triomphe du
Saint et du Juste dont la condamnation était comme une mise en demeure adressée
à la Sainteté et à la Justice du Père. C’est la Royauté éternelle de l’Esprit
et de l’Amour, après le succès éphémère de la violence et de la haine.
Le
premier moment de notre Evangile est celui de la manifestation du Ressuscité à
ses disciples, le soir même de Pâques. Lui est passé définitivement de la mort
à la vie ; eux passent progressivement, grâce à lui, de la crainte à la
joie : ils reçoivent ce don si précieux, celui de la paix du Christ.
Remarquons comment Jean condense tout le mystère de Pâques en cette unique
manifestation du Ressuscité. L’Ascension est déjà présente avec l’envoi en
mission des disciples : De même que
le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. Et les disciples vivent déjà
une petite Pentecôte : Recevez
l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous
maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. Les cinquante jours du temps
pascal sont comme condensés en cet unique soir de Pâques. Les disciples croient
en la résurrection du Seigneur et ils sont donc prêts à être ses témoins.
Thomas n’étant pas présent au moment où Jésus vivant se manifeste à ses amis,
Jésus renouvelle cette manifestation huit jours plus tard, c’est-à-dire
aujourd’hui, dimanche dans l’octave de Pâques. Remarquons au passage que
l’attitude des disciples n’a pas totalement changé… les portes de leur maison
sont toujours verrouillées… mais cette fois saint Jean ne nous dit pas que
c’était par crainte des Juifs. La crainte a disparue. Thomas a donc droit à son
apparition personnelle, cela pour qu’il puisse être pleinement l’apôtre du
Christ. Thomas ne pouvant pas croire au témoignage de ses frères, Jésus, dans
sa miséricorde, vient à sa rencontre personnellement. Cela nous montre qu’il
existe au moins deux chemins, parmi tant d’autres, pour parvenir à la foi, pour
être capable de croire que cet homme, Jésus, envoyé par Dieu, crucifié par les
hommes, est réellement ressuscité et qu’il est le Vivant agissant aujourd’hui
dans son Eglise et dans le monde, par le don de l’Esprit Saint. Le premier
chemin est celui de la transmission de la foi par le témoignage apostolique de
l’Eglise. Et c’est souvent par notre famille que nous recevons ce témoignage,
mais aussi par d’autres croyants que Dieu met sur notre route. Dans le second
chemin Dieu se passe des intermédiaires humains, comme dans le cas de Thomas et
celui de Paul. Jésus vient en quelque sorte à notre rencontre de manière
personnelle et bouleverse en un seul instant notre vie en nous faisant le don
de la foi. Parce que tu m’as vu, tu
crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. La réponse de Jésus à l’acte
de foi de Thomas nous montre que le premier chemin est source de béatitude. La
foi n’est pas seulement foi en Jésus vivant, elle est aussi foi en l’Eglise,
confiance dans le témoignage des croyants. Ma foi personnelle s’appuie sur la
foi des autres, elle se nourrit et se fortifie dans la foi de la communauté
Eglise. Dans la première lecture saint Luc nous montre les effets de cette foi
pascale dans la première communauté chrétienne de Jérusalem :
La multitude de ceux qui étaient devenus
croyants avait un seul cœur et une seule âme.
L’événement
de la mort et de la résurrection du Seigneur est source d’une nouvelle
communion offerte à tous les hommes : une communion qui vient de Dieu,
enracinée dans son amour de Père créateur, vivifiée par l’Esprit sanctificateur ;
et une fraternité catholique, c’est-à-dire universelle et capable de rassembler
en elle tous les peuples et toutes les nations. C’est ce que montrera le
miracle des langues au jour de la Pentecôte. Par définition cette communion est
toujours ouverte à celui qui ne fait pas partie de la communauté, cette
communion, si elle est vraiment catholique, n’exclut personne et accueille en
elle tout homme de bonne volonté. Tout croyant véritablement catholique se fait
le frère de tout homme, y compris du non-croyant ou du non-baptisé. Il est
capable de pratiquer avec tout homme le dialogue du salut, car il sait que la
puissance d’amour du Christ ressuscité ne se limite pas aux frontières de
l’Eglise. Je laisserai à Maurice Zundel le soin de nous le faire comprendre, en
nous rappelant l’indispensable humilité avec laquelle nous sommes appelés à
croire et à témoigner, car la foi est un don qui nous a été fait, sans aucun
mérite de notre part. Si la foi a la puissance de nous rendre meilleurs, elle
ne nous a pas été donnée parce que nous serions meilleurs que les autres !
Ecoutons la réflexion de Zundel :
Il y a certainement des âmes plus chrétiennes
que nous ici présents, en dehors de l’Eglise catholique. Peut-être même
serons-nous sauvés vous et moi par la prière d’âmes qui sont en dehors de
l’Eglise visible, mais qui vivent réellement dans la catholicité de l’amour.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire