Toussaint 2007 (page 1297)
Dans ses lettres Saint Paul appelle parfois les chrétiens du nom de « saints ». La liturgie de la Parole en cette fête de la Toussaint utilise des noms variés pour désigner les disciples du Christ et ainsi nous parler de la sainteté : « serviteurs de Dieu », « enfants de Dieu » et « bienheureux ». Quant au Psaume 23, il nous présente la sainteté comme une recherche de Dieu : « Voici le peuple de ceux qui le cherchent, qui recherchent la face de Dieu ! »
En effet la sainteté chrétienne ne se laisse pas enfermer dans une définition, encore moins dans une définition unique. Fêter la Toussaint, c’est d’abord rappeler que Dieu seul est Saint dans le mystère de la Sainte Trinité : Père, Fils et Saint Esprit. Dieu seul est Saint parce qu’il est communion d’amour et de vie, parce qu’il est l’Amour. Fêter la Toussaint, c’est nous redire que nous sommes personnellement appelés à participer à la sainteté de Dieu en recevant en nous son amour et sa vie. Et cette participation commence pour nous avec le sacrement de baptême et la foi en Jésus Sauveur. Si la première lecture nous montre le but à atteindre, le terme de notre cheminement, la deuxième lecture souligne que nous sommes encore en chemin. La sainteté, qui peut se confondre avec la vie véritablement chrétienne, est déjà donnée par la grâce de Dieu : « Dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu ». En même temps notre sainteté ici-bas est toujours inachevée, imparfaite, car « ce que nous serons ne paraît pas encore clairement ». C’est donc entre l’aujourd’hui de notre vie chrétienne et son achèvement dans la gloire de Dieu que se situe le chemin de notre sanctification. Nous avons bien besoin de toute une vie humaine pour nous laisser de plus en plus envahir et saisir par l’amour de Dieu révélé en Jésus-Christ, pour nous laisser guider par l’Esprit d’amour.
L’Evangile des Béatitudes nous montre à la fois le fruit et le moyen de la sainteté chrétienne. Etre saint, participer à la sainteté de Dieu, doit nous combler de bonheur, nous rendre bienheureux, non seulement après notre mort mais dès maintenant. Et Jésus nous livre ici, de manière paradoxale il est vrai, les chemins pour atteindre ce bonheur que tous nous recherchons. Le bonheur spirituel étant d’un autre ordre que le bonheur simplement humain, il est logique que nous ne puissions pas l’atteindre en suivant l’esprit de ce monde. Cet esprit, opposé à celui des Béatitudes, Jean le résume ainsi dans sa première lettre : « la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la richesse » . Aspirer à la sainteté, la désirer de tout son cœur, ce n’est donc pas autre chose que de rechercher notre bonheur et notre bien véritables. Car Dieu seul est notre béatitude. Si notre chemin de sanctification passe inévitablement par la porte étroite et par la croix, le but reste le bonheur. D’où le paradoxe des Béatitudes : « Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, le Royaume des cieux est à eux ! »
Pour approfondir notre réflexion, écoutons maintenant un passage de la lettre de l’apôtre Paul aux Galates : « Le fruit de l’Esprit est amour, joie, paix, largeur d’esprit, générosité, bonté, foi, douceur, maîtrise de soi. Ce sont des choses qu’aucune loi ne condamne. » L’unique fruit de l’Esprit se décline en neuf réalités. Ces réalités, surtout les trois premières (amour, joie et paix), sont en quelque sorte le test qui nous permet de vérifier l’authenticité de notre vie spirituelle. Si nous sommes vraiment dans l’amour, la joie et la paix, c’est alors le signe évident que nous avons bien pris le chemin de la sainteté. Et ce n’est pas un hasard si nous retrouvons dans le fruit de l’esprit la paix et la douceur déjà rencontrées dans les Béatitudes.
Je terminerai en m’attachant à une manifestation de cet unique fruit de l’Esprit, la joie. Nos contemporains ont tellement besoin de redécouvrir la beauté de la joie, son rayonnement tout simple ! Déjà en 1975 Paul VI constatait que notre monde, en ignorant Dieu, passait à côté de la joie. Gilbert Cesbron écrivait quant à lui que « la seule vraie preuve de l’existence de Dieu, c’est la preuve par la joie. » Enfin je citerai Dominique Savio, le fils spirituel de Don Bosco, qui accueillait un nouvel arrivant au Valdocco en lui disant : « Sache qu’ici nous faisons consister la sainteté à être toujours joyeux. »
Dans notre prière à l’Esprit Saint, demandons-lui jour après jour la grâce d’être toujours joyeux et de progresser ainsi dans notre propre sanctification et celle de nos frères.
Amen
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