dimanche 10 août 2025

19ème dimanche du temps ordinaire / année C / 2025

 10/08/2025

Luc 12, 32-48

Dimanche dernier nous avons entendu l’avertissement de Jésus, le verset 21 du chapitre 12 de l’Evangile selon saint Luc :

Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même, au lieu d’être riche en vue de Dieu.

En ce dimanche, avec la lecture suivie de l’Evangile selon saint Luc, Jésus revient sur ce point de son enseignement et le développe aux versets 33 et 34 :

Vendez ce que vous possédez et donnez-le en aumône. Faites-vous des bourses qui ne s’usent pas, un trésor inépuisable dans les cieux, là où le voleur n’approche pas, où la mite ne détruit pas. Car là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur.

Cette insistance du Seigneur pour nous mettre en garde contre la tentation de l’avidité et de l’avarice mérite qu’on s’y arrête. Si nous réfléchissons, nous nous rendons compte, au vu de l’expérience humaine au cours des siècles, que deux tentations principales habitent le cœur de tout homme depuis le péché des origines : celle du pouvoir et celle de l’accumulation sans fin des richesses. Très souvent les guerres, les divisions et la violence peuvent être reliées à l’une de ces tentations. Elles illustrent chacune à sa manière la vanité de l’homme qui n’est pas spirituel. Se sachant mortel, il veut se faire dieu par l’illusion du pouvoir et des richesses. Dans les deux cas il cherche à dominer ses semblables en oubliant la fraternité fondamentale instaurée par Dieu Père et Créateur. Nous comprenons bien que ces tentations vont de pair avec le péché capital d’orgueil. Elles causent non seulement la perte de celui qui s’y livre mais sont aussi à l’origine de la plupart des maux qui accablent l’humanité (cf. 1 Timothée 6, 10). C’est la raison pour laquelle Jésus n’a pas seulement mis en garde ses disciples contre l’avidité et l’appât du gain mais aussi contre cette soif de pouvoir qui dans son paroxysme aboutit aux dictateurs prêts à faire périr avec eux le monde tout entier plutôt que de renoncer à la vanité du pouvoir qu’ils croient avoir. N’oublions pas que la société fourmille aussi de petits dictateurs, tout aussi nuisibles pour leurs semblables et pour le bien commun. Jésus aborde cette question au chapitre 22 du même Evangile :

Les rois des nations les commandent en maîtres, et ceux qui exercent le pouvoir sur elles se font appeler bienfaiteurs. Pour vous, rien de tel ! Au contraire, que le plus grand d’entre vous devienne comme le plus jeune, et le chef, comme celui qui sert.

Pour résister à cette double tentation du pouvoir et de l’argent Jésus nous donne plusieurs indications dans cette page évangélique.

En premier lieu le verset 32 qui est une invitation à la foi, à la confiance en Dieu : Sois sans crainte, petit troupeau : votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume. Nous ne pouvons pas être libres si nous vivons dans la peur. Bien souvent ceux qui mettent leur confiance dans le pouvoir et dans l’argent tentent ainsi de calmer la peur de la mort en se créant une personnalité. Ils se divinisent eux-mêmes au lieu d’accueillir la grâce du Christ qui seule peut les diviniser jusque dans la vie du Royaume. Ils oublient que tout pouvoir véritable n’appartient qu’à Dieu et que Dieu ne se comporte jamais en dictateur. Son unique pouvoir consiste en effet à donner la vie et à aimer. Deuxième indication pour résister à la tentation de l’avidité : elle est toute simple, il s’agit de l’aumône. Donner pour ne pas être esclave de ses richesses. Le Seigneur n’hésite pas dans ce contexte à utiliser le vocabulaire de la banque et de l’épargne. Le seul capital que nous emporterons dans notre tombe, c’est celui de l’aumône, capital indestructible car inscrit non pas dans les ordinateurs de nos banques mais dans le cœur de Dieu. Luttons donc courageusement contre le mal de l’avidité en lui opposant son contraire qui est la générosité. En Luc 11, 41 Jésus nous dit : Donnez plutôt en aumône ce que vous avez, et alors tout sera pur pour vous. Enfin Jésus nous donne comme un proverbe, précieux par sa profonde vérité : Car là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur. Cela signifie clairement que si nous mettons notre trésor (traduisons : ce qui est le plus important pour nous, nos priorités) dans le pouvoir et les richesses, Dieu devient secondaire, au mieux un ornement de notre vie entièrement captive de nos ambitions terrestres, donc de la vanité.

[Cela donne la raison du contenu de deux versets particulièrement clairs des Evangiles :

Il est plus facile à un chameau de passer par un trou d’aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume des Cieux.

Et celui-ci que nous entendrons le 21 septembre :

Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent. ]

 

 

 

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