8 /06/2025
En cette solennité de la
Pentecôte nous méditons la quatrième partie de l’encyclique du pape François
consacrée à l’amour humain et divin du Cœur de Jésus-Christ :
« L’amour qui donne à boire ». Au n°91 le pape annonce clairement le
contenu des deux derniers chapitres de sa lettre encyclique : le 4ème
traite de l’expérience spirituelle personnelle tandis que le 5ème
et dernier aborde l’engagement communautaire et missionnaire. Dans la
partie « L’amour qui donne à boire » le pape réalise une synthèse de
la doctrine spirituelle du culte du Sacré-Cœur en partant des Ecritures et en
parcourant la tradition spirituelle dans toute sa richesse et sa variété sans
oublier l’apport spécifique des jésuites. Il fait résonner plus
particulièrement la parole et l’enseignement de 5 figures de sainteté dans la
période allant du 17ème au 20ème siècle : François de
Sales, Marguerite-Marie Alacoque, Claude de la Colombière, Charles de Foucauld
et enfin Thérèse de l’Enfant Jésus. Avant de mettre en lumière le cœur des
enseignements de ces figures de sainteté, une synthèse rapide s’impose pour la
partie biblique, patristique ainsi que pour la période médiévale et monastique
(n° 92-113). A partir des images bibliques de l’eau les Pères de l’Eglise ont
vu dans « la source ouverte » de Zacharie « le côté blessé de
Jésus-Christ ». C’est en effet « dans la fontaine débordante de la
Croix » que les promesses divines s’accomplissent. Dans un premier temps
les Pères de l’Eglise « ont mentionné la blessure du côté de Jésus comme l’origine
de l’eau de l’Esprit : la Parole, sa grâce et les sacrements qui la
communiquent (102). » A cette compréhension sacramentelle du côté transpercé de
Jésus s’est ajoutée à partir de saint Augustin mais surtout avec saint Bernard
l’image de la poitrine du Christ comme « symbole de l’union intime avec
lui, comme lieu de la rencontre d’amour » (103). L’expérience de l’amour
infini du Christ dans la révélation de son cœur, loin de se limiter à la
célébration des sacrements, exige du fidèle « une relation directe avec le
Christ en demeurant dans son cœur » (108). Saint Bonaventure a réalisé la
synthèse entre ces deux lignes spirituelles autour du cœur du Christ, la ligne
ecclésiale-sacramentelle et celle de l’expérience spirituelle personnelle du croyant :
Tout en présentant le cœur du Christ comme la
source des sacrements et de la grâce, il propose que cette contemplation
devienne une relation d’amitié, une rencontre personnelle d’amour. (106)
Recueillons maintenant l’essentiel du message
laissé par les trois premières figures de sainteté, celles du 17ème
siècle : François de Sales, Marguerite-Marie Alacoque et Claude de La
Colombière, sans oublier saint Jean Eudes qui, le premier, fit approuver par
l’évêque de Rennes la célébration de la fête du cœur adorable de Jésus-Christ.
La France, nous le constatons, a joué un rôle éminent et unique dans la
propagation du culte du Sacré-Cœur au sein de l’Eglise universelle. Dans le
contexte d’une morale rigoriste et d’une religiosité de simple observance (114),
François de Sales a mis en avant la dévotion comme une invitation à la relation personnelle où
chaque personne se sent unique devant le Christ, prise en compte dans sa
réalité irremplaçable, pensée par le Christ et valorisée de manière directe et
exclusive (115). Les enseignements essentiels du saint Docteur se résument dans la sainte
simplicité, le parfait abandon et « un amour de parfaite et très absolue
confiance » (117). De 1673 à 1675 Jésus a révélé l’amour de son cœur à
Marguerite-Marie. Le cœur du message transmis par le Christ est le
suivant : Voilà ce Cœur qui
a tant aimé les hommes, qu’Il n’a rien épargné jusqu’à s’épuiser et se
consommer pour leur témoigner son amour… Il me découvrit les merveilles
inexplicables de son pur amour, et jusqu’à quel excès il l’avait porté, d’aimer
les hommes, dont Il ne recevait que des ingratitudes et méconnaissances. Enfin
le jésuite Claude de La Colombière, profondément nourri par la méditation des
Evangiles et la contemplation du mystère du Christ dans les Exercices
spirituels, a permis une juste compréhension de la révélation du Cœur de Jésus
faite à Marguerite Marie. En effet certaines
expressions de sainte Marguerite-Marie mal comprises pourraient conduire à une
trop grande confiance dans les sacrifices et offrandes personnels. (126). C’est dans une prière
composée par saint Claude que nous percevons l’importance de l’abandon et de la
confiance en Jésus :
Que
les uns attendent leur bonheur ou de leurs richesses, ou de leurs talents ; que
les autres s’appuient ou sur l’innocence de leur vie, ou sur la rigueur de
leurs pénitences, ou sur le nombre de leurs aumônes, ou sur la ferveur de leurs
prières, […] pour moi, Seigneur, toute ma confiance, c’est ma confiance même :
cette confiance ne trompe jamais personne […]. Je suis donc assuré que je serai
éternellement heureux, parce que j’espère fermement de l’être, et que c’est de vous,
ô mon Dieu, que je l’espère.
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