dimanche 1 juin 2025

Septième dimanche de Pâques / DILEXIT NOS 6

1er /06/2025

En ce 7ème dimanche de Pâques nous méditons la troisième partie de l’encyclique du pape François consacrée à l’amour humain et divin du Cœur de Jésus-Christ : « Voici le cœur qui a tant aimé ». Dans cette partie le pape insiste fortement sur l’union entre l’amour humain et divin du Christ dans le mystère de son incarnation. La vraie dévotion au Sacré-Cœur de Jésus nous préserve d’une spiritualité désincarnée, d’un nouveau gnosticisme faisant l’apologie d’une spiritualité « sans chair ». D’où la nécessité de comprendre l’amour de Jésus pour les hommes comme « un amour sensible » (n°59-63). Ecoutons le pape au n°60 :

60. Le Fils éternel de Dieu, qui me transcende infiniment, a aussi voulu m’aimer avec un cœur humain. Ses sentiments humains deviennent le sacrement d’un amour infini et définitif. Son cœur n’est donc pas un symbole physique qui n’exprimerait qu’une réalité purement spirituelle ou séparée de la matière. Un regard tourné vers le Cœur du Seigneur contemple une réalité physique, sa chair humaine qui permet au Christ d’avoir des émotions et des sentiments bien humains, comme nous, quoi qu’entièrement transformés par son amour divin. La dévotion doit atteindre l’amour infini de la personne du Fils de Dieu, mais nous devons dire que cet amour est inséparable de son amour humain, et nous sommes aidés en cela par l’image de son cœur de chair.

La contemplation du cœur du Christ nous révèle un triple amour (n°64-69) : « Tout d’abord, l’amour divin infini qui se trouve dans le Christ », ensuite « la dimension spirituelle de l’humanité du Seigneur », et enfin « le symbole de son amour sensible ». Le croyant est capable de percevoir l’unité de ces trois amours, « les liens très étroits qui existent entre l’amour sensible du cœur physique de Jésus et son double amour spirituel, l’humain et le divin ».

La dernière partie du chapitre III s’intitule « approfondissement et actualité » (n°82-91). Le pape part d’une interprétation historique de la révélation du Cœur de Jésus à sainte Marguerite-Marie au 17ème siècle, interprétation faite par Jean-Paul II :

Plus récemment, saint Jean-Paul II a présenté le développement de ce culte au cours des siècles passés comme une réponse à la croissance de formes de spiritualités rigoristes et désincarnées qui oubliaient la miséricorde du Seigneur, mais aussi comme un appel actuel à un monde qui cherche à se construire sans Dieu (n°80).

Pour le pape François « le Sacré-Cœur est une synthèse de l’Evangile » : « Devant le Cœur du Christ il est possible de revenir à la synthèse incarnée de l’Évangile ». C’est en s’imprégnant de cette synthèse évangélique que les croyants pourront se préserver des maladies du rigorisme janséniste, qualifié par Pie XII de « faux mysticisme », et du « transcendantalisme trompeur ». La maladie janséniste, déformation du christianisme authentique, est décrite de la manière suivante au n°86 :

La dévotion au Sacré-Cœur était difficile à comprendre pour de nombreux jansénistes qui méprisaient tout ce qui était humain, affectif, corporel, et qui considéraient en fin de compte que cette dévotion nous éloigne de la pure adoration du Dieu du Très-Haut. Pie XII qualifia de « faux mysticisme » cette attitude élitiste de certains groupes qui voyaient Dieu tellement haut, tellement séparé, tellement distant, qu’ils considéraient les expressions sensibles de la piété populaire comme dangereuses et nécessitant un contrôle ecclésiastique.

Enfin au n°88 le pape montre comment la dévotion au Sacré-Cœur peut nous libérer d’un autre dualisme (le jansénisme, nous l’avons compris, reposait sur le dualisme chair/esprit) :

Le dualisme des communautés et des pasteurs qui se concentrent uniquement sur les activités extérieures, les réformes structurelles dépourvues d’Évangile, les organisations obsessionnelles, les projets mondains, les réflexions sécularisées, les propositions qui se présentent comme des prescriptions que l’on veut parfois imposer à tous. Il en résulte souvent un christianisme qui oublie la tendresse de la foi, la joie du dévouement au service, la ferveur de la mission de personne à personne, la fascination pour la beauté du Christ, la gratitude passionnée pour l’amitié qu’Il offre et pour le sens ultime qu’Il donne à la vie. Il s’agit d’une autre forme de transcendantalisme trompeur, tout aussi désincarné.

C’est avec une référence à la spiritualité de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus que le pape conclut la troisième partie de Dilexit nos :

« À moi, écrit Thérèse, Il a donné sa Miséricorde infinie, et c’est à travers elle que je contemple et adore les autres perfections Divines » C’est pourquoi la prière la plus populaire, adressée comme une flèche au Cœur du Christ, dit simplement : « J’ai confiance en toi ». Aucune autre parole n’est nécessaire. 

Aucun commentaire: