Noël 2024
Pour nous introduire au grand et
beau mystère de la naissance de Jésus, Fils de Dieu et de Marie, je vous invite
à écouter ce que le pape François nous dit dans une lettre qui fait l’éloge de
la littérature et de la lecture :
Le poète T.S. Eliot a décrit à
juste titre la crise religieuse moderne comme celle d’une « incapacité
émotionnelle » généralisée. À la lumière de cette lecture de la réalité, le
problème de la foi aujourd’hui n’est pas avant tout de croire plus ou moins aux
propositions doctrinales. Il s’agit plutôt de l’incapacité de nombre de
personnes de s’émouvoir devant Dieu, devant sa création, devant les autres
êtres humains. La tâche est donc de guérir et d’enrichir notre sensibilité.
Depuis le premier Noël le cœur de
l’homme a-t-il changé ? Est-il devenu capable de s’émouvoir en présence du
mystère du Verbe fait chair ? La Parole de Dieu, éternelle et puissante,
s’est unie pour toujours à notre humanité en la personne de Jésus, ce
nouveau-né que nous sommes appelés à contempler dans la crèche. Voici le
signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et
couché dans une mangeoire. Si nous avons la grâce de ne pas avoir un cœur
endurci, un cœur de pierre, peut-être avons-nous un cœur blasé, un cœur
habitué, un cœur que plus rien n’émerveille ? Peut-être nous sommes-nous
habitués au mystère et l’avons-nous banalisé ? Pour les plus âgés d’entre
nous combien de fois avons-nous déjà célébré Noël ? Pourtant cette nuit
sainte (ce jour saint) porte toujours en elle (en lui) la nouveauté inouïe de
la Bonne Nouvelle qui vient nous réveiller. L’enfant-Dieu s’adresse directement
à notre cœur, au plus intime de notre être, pour que nous puissions à nouveau
nous émerveiller et dire merci à Dieu pour le plus grand don qu’il puisse nous
faire, sa présence au milieu de nous, avec nous, en nous : Et le Verbe
s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire
qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité.
Noël, c’est le point de rencontre
lumineux entre l’éternité de Dieu et notre histoire humaine, l’histoire
personnelle de chacun d’entre nous. En contemplant le mystère de l’incarnation
nous apprenons à vivre avec Dieu, l’Emmanuel, et nous comprenons la valeur
infinie du temps de notre existence humaine habité et sanctifié par la présence
du Verbe de Dieu. Dans sa lettre que j’ai citée pour introduire cette
méditation, le pape François relève avec justesse que notre rapport au temps
est celui de la précipitation et de l’efficacité. Plus personne n’a plus le
temps et tout le monde court… mais vers où et dans quel but ? Le temps de
notre vie n’est plus, bien souvent, le lieu de notre maturation humaine et
spirituelle, le lieu de notre sanctification, mais un impératif qui nous écrase
et nous domine. Difficile d’y échapper me direz-vous… Ecoutons à nouveau la
réflexion du pape :
Il est donc nécessaire et urgent
de contrebalancer cette accélération et cette simplification inévitables de
notre vie quotidienne en apprenant à prendre de la distance par rapport à
l’immédiat, à ralentir, à contempler et à écouter… Il est nécessaire de
retrouver des manières de se comporter face aux réalités accueillantes, non
stratégiques, non directement finalisées à un résultat, où il est possible de
laisser émerger l’infinie démesure de l’être. Distance, lenteur, liberté…
L’enfant de la crèche nous invite
non seulement à nous émerveiller mais aussi à ralentir, à contempler, à écouter
comme les bergers ont su le faire… Et il le fait par sa seule présence, sans
aucune parole. La sanctification du temps de notre vie ne se vit pas seulement
dans les moments de prière et notre participation aux sacrements, en
particulier la messe de chaque dimanche qui rythme notre vie de chrétiens et
nous nourrit du pain de la Parole et du pain de vie. Depuis Noël Jésus a
sanctifié toute notre vie, y compris les temps de travail, de repos, de
détente. Même s’il est important de prendre le temps de s’arrêter pour prier et
méditer, nous avons aussi à notre disposition de petits moyens, très simples,
de sanctifier chaque journée que Dieu nous donne pour la vivre en sa présence.
Je pense en particulier à deux moments de notre journée : le lever et le
coucher. Ce sont des moments en fait très importants où par une brève pensée
nous pouvons nous unir à Dieu et lui permettre ainsi de sanctifier la journée
ou la nuit qui commence. Au lever que notre première pensée soit pour Dieu en
lui disant par exemple : « Merci mon Dieu pour le don de cette nouvelle
et unique journée de ma vie. Accorde-moi de la vivre avec toi et en ta présence ».
Au coucher qu’il en soit de même, avant de recevoir le repos de la nuit, que
notre dernière pensée consciente soit dirigée vers Dieu en lui disant par
exemple : « Merci mon Dieu pour cette journée que tu m’as donnée et
pour le repos que tu m’accordes maintenant » ou avec Jésus « En tes
mains, Seigneur, je remets mon esprit » ou encore avec Syméon « Maintenant,
ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta
parole, car mes yeux ont vu ton salut ».
Marie, la sainte mère du Sauveur,
Eve nouvelle, nous enseigne par son exemple à ralentir afin de contempler, à
vraiment habiter le temps de notre vie pour en faire le lieu de la communion
avec Dieu :
Marie retenait tous ces
événements et les méditait dans son cœur.
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