15/12/ 2024
L’espérance
ne déçoit pas (3)
En ce troisième dimanche de
l’Avent nous continuons notre lecture de la bulle d’indiction du jubilé de
2025. Dimanche dernier le pape François nous invitait à être des signes d’espérance
en particulier pour de nombreux frères et sœurs qui vivent dans des conditions
de détresse. En ce dimanche écoutons les appels à l’espérance que le pape fait
résonner dans sa lettre. Ce sont les numéros 16 et 17. Cette partie de la bulle
Spes non confundit rappelle dans un premier temps des principes de la
doctrine sociale de l’Eglise pour ensuite faire mémoire de l’anniversaire du
concile de Nicée. Elle incarne ainsi l’espérance chrétienne dans l’aspiration à
la justice sociale et à l’unité de l’Eglise. Ces appels à l’espérance du pape
François doivent réveiller en nous le désir de cette justice selon l’Evangile
et le désir de la pleine communion dans la foi.
Ecoutons le pape au n°16 :
Faisant écho à la parole antique
des prophètes, le Jubilé nous rappelle que les biens de la Terre ne sont pas
destinés à quelques privilégiés, mais à tous. Ceux qui possèdent des richesses
doivent être généreux en reconnaissant le visage de leurs frères dans le
besoin. Je pense en particulier à ceux qui manquent d’eau et de nourriture : la
faim est une plaie scandaleuse dans le corps de notre humanité et elle invite
chacun à un sursaut de conscience. Je renouvelle mon appel pour qu’ « avec les
ressources financières consacrées aux armes et à d’autres dépenses militaires,
un Fonds mondial soit créé en vue d’éradiquer une bonne fois pour toutes la
faim, et pour le développement des pays les plus pauvres, de sorte que leurs
habitants ne recourent pas à des solutions violentes ou trompeuses et n’aient
pas besoin de quitter leurs pays en quête d’une vie plus digne ».
Cet appel pressant du pape
concerne en priorité ceux qui détiennent entre leurs mains le pouvoir
économique, financier et politique. En 2011 Jean Ziegler, rapporteur spécial
des Nations unies pour le droit à l’alimentation, publiait un livre au titre
significatif : Destruction massive – Géopolitique de la faim[1],
dans lequel il démontrait que la faim n’est pas une fatalité mais la
conséquence de choix économiques précis comme par exemple la production des agrocarburants
et la spéculation financière sur les biens agricoles. Jean Ziegler termine son
livre par un chapitre intitulé « L’Espérance ». Nous n’avons pas le
pouvoir des puissants de ce monde, mais, chacun pour sa part, est capable de
vivre le partage et d’avoir le souci des plus pauvres. Nous sommes aidés en
cela par bien des associations comme le Secours catholique et la fondation
Terre solidaire. Ensuite le pape aborde la question de la dette :
Je voudrais adresser une autre
invitation pressante en vue de l’Année Jubilaire : elle est destinée aux
nations les plus riches pour qu’elles reconnaissent la gravité de nombreuses
décisions prises et qu’elles se décident à remettre les dettes des pays qui ne
pourront jamais les rembourser. C’est plus une question de justice que de
magnanimité, aggravée aujourd’hui par une nouvelle forme d’iniquité dont nous
avons pris conscience : « Il y a, en effet, une vraie “dette écologique”, particulièrement
entre le Nord et le Sud, liée à des déséquilibres commerciaux, avec des conséquences
dans le domaine écologique, et liée aussi à l’utilisation disproportionnée des ressources
naturelles, historiquement pratiquée par certains pays ». Comme l’enseigne l’Écriture
Sainte, la terre appartient à Dieu et nous y vivons tous comme des hôtes et des
étrangers (cf. Lv 25, 23). Si nous voulons vraiment préparer la voie à la paix
dans le monde, engageons-nous à remédier aux causes profondes des injustices,
apurons les dettes injustes et insolvables et rassasions les affamés.
Notons que le fardeau écrasant de
la dette ne concerne pas seulement les nations les plus pauvres mais aussi des
pays riches comme le nôtre. C’est en effet au nom du remboursement de la dette
que les gouvernements pratiquent l’austérité budgétaire au détriment des
français qui vivent dans des situations de précarité (étudiants, chômeurs etc.).
Cela a pour conséquence l’augmentation de la pauvreté dans notre pays. Sans le
réseau des associations caritatives avec leurs bénévoles et donateurs cette
situation deviendrait rapidement intenable…
Au n°17 de sa bulle le pape
François rappelle un anniversaire important : Cela fera 1700 ans que le
premier grand Concile œcuménique, le Concile de Nicée, a été célébré… Le
Concile de Nicée avait pour mission de préserver l’unité gravement menacée par
la négation de la divinité de Jésus-Christ et de son égalité avec le Père.
Environ trois cents évêques étaient présents, réunis dans le palais impérial,
convoqués par l’empereur Constantin, le 20 mai 325.
Le pape note que c’est la
première fois que le « nous croyons » est utilisé dans une profession
de foi de l’Eglise. Ce concile qui s’est tenu dans le nord de l’actuelle
Turquie (Iznik) a aussi discuté de la date de Pâques. Je cite le pape :
À ce sujet, il y a encore
aujourd’hui des positions divergentes qui empêchent de célébrer le même jour
l’événement fondateur de la foi. Par un concours de circonstances providentiel,
cela aura précisément lieu en 2025. Cela doit être un appel à tous les
chrétiens d’Orient et d’Occident pour qu’ils fassent un pas décisif vers
l’unité autour d’une date commune de Pâques. Beaucoup, il est bon de le
rappeler, n’ont plus connaissance des polémiques du passé et ne comprennent pas
comment des divisions peuvent subsister sur ce sujet.
Désir de justice, de partage et
d’unité : tel est l’appel à l’espérance que le pape fait résonner dans nos
cœurs de croyants en vue de la célébration joyeuse de l’année sainte désormais
toute proche.