dimanche 29 septembre 2024

26ème dimanche du temps ordinaire / année B

 

29/09/2024

Marc 9, 38-48

Dans l’Evangile de ce dimanche saint Marc a rassemblé trois enseignements du Christ : Le premier enseignement porte sur le rapport que les chrétiens doivent avoir avec ceux qui ne partagent pas leur foi ; le second sur les bienfaits accordés aux chrétiens ; le troisième sur ceux qui sont cause de scandale et font chuter les autres. A ce dernier enseignement Jésus ajoute un développement sur ce qui, en nous, nous entraîne au péché, donc sur ce qui nous fait chuter. Je me limiterai au premier enseignement qui part d’une réflexion de l’apôtre Jean, réflexion faite probablement en vue d’obtenir l’approbation de Jésus : Maître, nous avons vu quelqu’un expulser les démons en ton nom ; nous l’en avons empêché, car il n’est pas de ceux qui nous suivent.

Avant de regarder la réponse de Jésus, il convient de bien saisir le raisonnement de Jean. Expulser les démons au nom de Jésus est une bonne chose, mais, pour Jean et les autres apôtres, il fallait l’empêcher… Car la personne qui pratiquait cette libération ne faisait pas partie du groupe des disciples. Car il n’est pas de ceux qui nous suivent. Tout groupe religieux, y compris une paroisse ou un mouvement catholique, peut connaître cette tentation du sectarisme. La réaction de Jean montre qu’il se croit le possesseur du bien, l’unique bénéficiaire de l’action de Dieu. En dehors de mon groupe Dieu n’a pas le droit d’agir ! En dehors de ma paroisse, de mon mouvement ou de l’Eglise catholique il est interdit de faire du bien. Pour caricaturer nous sommes les bons et tous les autres sont mauvais. Ce sectarisme est frontalement opposé à ce que signifie catholique, c’est-à-dire universel dans le sens d’une ouverture bienveillante à ceux qui ne font pas partie de notre groupe ou qui ne partagent pas notre foi. Au commencement de l’Eglise il a fallu faire un choix entre sectarisme et universalisme. Les judéo-chrétiens voulaient conserver pour eux seuls l’Evangile du Christ tandis que d’autres comme l’apôtre Paul n’hésitaient pas à annoncer l’Evangile aux non-Juifs, aux Grecs c’est-à-dire aux païens du vaste empire romain. C’est cette ouverture universaliste qui a lentement déplacé le centre de gravité du christianisme de Jérusalem vers Rome où Pierre et Paul ont donné le témoignage suprême du martyre. Paul a montré avec un grand talent les conséquences du baptême chrétien, et cela à deux reprises :

Car tous, dans le Christ Jésus, vous êtes fils de Dieu par la foi. En effet, vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ ; il n’y a plus ni juif ni grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme, car tous, vous ne faites plus qu’un dans le Christ Jésus. (Galates 3)

Vous vous êtes débarrassés de l’homme ancien qui était en vous et de ses façons d’agir, et vous vous êtes revêtus de l’homme nouveau qui, pour se conformer à l’image de son Créateur, se renouvelle sans cesse en vue de la pleine connaissance. Ainsi, il n’y a plus le païen et le Juif, le circoncis et l’incirconcis, il n’y a plus le barbare ou le primitif, l’esclave et l’homme libre ; mais il y a le Christ : il est tout, et en tous. (Colossiens 3)

La réponse de Jésus à Jean est tout le contraire d’une approbation. Il réprouve en effet l’esprit de sectarisme de son apôtre : Ne l’en empêchez pas, car celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi ; celui qui n’est pas contre nous est pour nous. Le projet de Dieu est celui de la réconciliation entre les hommes et de leur unité dans le Christ. Le vieil homme en nous résiste de toutes ses forces à ce salut catholique, c’est-à-dire offert à tous et qui n’exclue personne sous prétexte qu’il ne serait pas de ceux qui nous suivent. Combien de divisions, de jalousies, de ressentiment, même parfois de haine, entre les personnes et les groupes dans les paroisses et l’Eglise, en raison de cet esprit sectaire ? C’est ainsi que certains disciples sont cause de scandale en favorisant ce qui divise au lieu de rechercher ce qui nous unit : la foi et le baptême. Si ta main, si ton pied, si ton œil sont une occasion de chute, coupe-les… Ne laissons donc pas l’ivraie du sectarisme envahir notre cœur et étouffer en lui la charité catholique dont nous avons tant besoin pour que notre Eglise soit vivante et rayonnante.

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