dimanche 1 septembre 2024

22ème dimanche du temps ordinaire / année B

 

1er/09/2024

Marc 7, 1-23

La page évangélique de ce dimanche est d’une grande importance. Elle contient en effet un enseignement essentiel de Jésus sur la pureté et l’impureté, notions centrales dans la loi de Moïse. Tout part d’une attitude des disciples de Jésus, cause de scandale auprès des pharisiens et des scribes : Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas la tradition des anciens ? Ils prennent leurs repas avec des mains impures. Les disciples prennent leur repas sans s’être auparavant lavé les mains. Ce qui est pour nous une simple règle d’hygiène était à cette époque revêtu d’une valeur religieuse. La loi de Moïse avait en effet tendance à codifier tout le quotidien de la vie jusque dans les moindres détails. Les disciples prennent donc une certaine liberté vis-à-vis de ces prescriptions. Dans sa réponse Jésus assimile la tradition des anciens dont se réclament les pharisiens à une simple tradition humaine. Ce type de préceptes n’ont rien à voir avec la religion ou encore le culte rendu à Dieu : Les doctrines qu’ils enseignent ne sont que des préceptes humains. Vous aussi, vous laissez de côté le commandement de Dieu, pour vous attacher à la tradition des hommes.

Dans un second temps Jésus profite de cet incident pour donner un enseignement de portée plus générale sur l’impureté et la pureté. Le cœur de cet enseignement tient en un seul verset : Rien de ce qui est extérieur à l’homme et qui entre en lui ne peut le rendre impur. Mais ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur. L’argumentation du Seigneur repose sur l’opposition entre extérieur et intérieur. Nous pouvons la retrouver au chapitre 23 de saint Matthieu lorsque Jésus déclare malheureux les pharisiens en raison de leur hypocrisie et de leur manque de discernement. Ils donnent de l’importance à ce qui est très secondaire et ils oublient l’essentiel de la religion : Guides aveugles ! Vous filtrez le moucheron, et vous avalez le chameau ! A deux reprises le Seigneur leur montre que l’essentiel se trouve du côté de l’intériorité en reprenant l’opposition extérieur/intérieur que nous avons repérée chez saint Marc :

Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous purifiez l’extérieur de la coupe et de l’assiette, mais l’intérieur est rempli de cupidité et d’intempérance ! Pharisien aveugle, purifie d’abord l’intérieur de la coupe, afin que l’extérieur aussi devienne pur.

Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous ressemblez à des sépulcres blanchis à la chaux : à l’extérieur ils ont une belle apparence, mais l’intérieur est rempli d’ossements et de toutes sortes de choses impures. C’est ainsi que vous, à l’extérieur, pour les gens, vous avez l’apparence d’hommes justes, mais à l’intérieur vous êtes pleins d’hypocrisie et de mal.

La religion que Jésus enseigne est donc clairement celle de l’intériorité et du cœur, opposée à toute forme d’hypocrisie. Pour Jésus aucun aliment ne peut être déclaré impur contrairement aux affirmations de la tradition des anciens. Ce que la Bible appelle la pureté du cœur n’a rien à voir avec ce que l’on mange ou le fait de ne pas se laver les mains avant un repas (ça c’est la pureté rituelle !) … Notre texte liturgique omet certains versets qui rendent encore plus claire l’argumentation du Seigneur, en particulier les versets 18 et 19 : Ne comprenez-vous pas que tout ce qui entre dans l’homme, en venant du dehors, ne peut pas le rendre impur, parce que cela n’entre pas dans son cœur, mais dans son ventre, pour être éliminé ? A la suite des prophètes Jésus prêche une religion du cœur, une religion qui a pour but de changer notre cœur de pierre en un cœur de chair. Notre relation authentique avec le Seigneur doit nous rendre meilleurs et nous transformer. Le péché vient en effet du dedans, d’un cœur mauvais : Car c’est du dedans, du cœur de l’homme, que sortent les pensées perverses : inconduites, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure. Pensées et actions perverses sont intimement liées comme l’arbre et ses fruits. Au chapitre deuxième de sa lettre aux Colossiens Paul tirera toutes les conséquences de cet enseignement libérateur du Christ :

Que personne ne vous juge pour des questions de nourriture et de boisson, ou à propos de fête, de nouvelle lune ou de sabbat : tout cela n’est que l’ombre de ce qui devait venir, mais la réalité, c’est le Christ. Ne vous laissez pas frustrer de votre récompense par ceux […] qui se laissent vainement gonfler d’orgueil par des idées purement humaines. Ces gens-là ne sont pas en union avec la tête, avec Celui par qui tout le corps poursuit sa croissance en Dieu… Si, avec le Christ, vous êtes morts aux forces qui régissent le monde, pourquoi subir des prescriptions légales comme si votre vie dépendait encore du monde : « Ne prends pas ceci, ne goûte pas cela, ne touche pas cela », alors que toutes ces choses sont faites pour disparaître quand on s’en sert ! Ce ne sont là que des préceptes et des enseignements humains

Lorsque nous ne sommes plus, ou pas assez, en communion de cœur avec Jésus, alors le risque est grand pour nous de penser et d’agir comme les pharisiens, d’avoir une apparence de religion, un vernis de christianisme, en nous attachant méticuleusement à des observances rituelles mais en oubliant l’essentiel, c’est-à-dire la conversion de notre cœur. C’est bien de ce changement radical de notre être dont témoigne saint Augustin que nous avons fêté le 28 août :

Tu étais au-dedans de moi quand j’étais au-dehors, et c’est dehors que je te cherchais… Tu étais avec moi, et je n’étais pas avec toi.

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