Noël 2023
En cette sainte fête de Noël je
vous propose deux points de méditation pour nous aider à contempler le grand et
beau mystère de l’Incarnation du Seigneur.
Le premier point de méditation part de
la comparaison que l’apôtre Paul établit entre Adam et le Christ dans sa lettre
aux Romains, comparaison que nous retrouvons dans sa première lettre aux
Corinthiens, d’où le nom de nouvel Adam donné au Christ dans la tradition
chrétienne. Cette comparaison nous invite à comprendre le mystère de
l’incarnation en lien avec celui de la création. En effet à Noël commence une
nouvelle création. Dans la première création telle qu’elle est rapportée par
les deux récits de la Genèse l’homme et la femme sont créés directement adultes
par le Créateur. Ils ne passent pas par l’étape de l’enfance. Il en va tout
autrement du Fils de Dieu qui, en s’incarnant dans le sein de Marie, vit la
totalité de notre vie humaine de la naissance à la mort, en passant par
l’enfance et l’adolescence. Jésus a connu tous les âges de notre vie humaine,
excepté la vieillesse en raison de sa mort violente sur la croix. A Noël Dieu
choisit de se faire enfant, nouveau-né. Le mot d’enfant en latin signifie celui
qui est incapable de parler. Jean nous présente dans le prologue de son
Evangile le mystère de l’incarnation en utilisant la notion de Verbe de Dieu,
c’est-à-dire de Parole de Dieu. Jésus est la Parole du Père. Dans la crèche la
Parole de Dieu est d’abord silencieuse. Elle ne nous parle pas par des mots et
des discours. Elle nous parle à travers la présence d’un nouveau-né donné par
Dieu pour être une grande joie pour tout le peuple. Ce silence, Jésus-Parole le
prolongera en quelque sorte jusqu’au moment de son baptême, c’est-à-dire dans
la plus grande partie de sa courte vie humaine qui est essentiellement une vie
cachée, une vie ordinaire. Si Dieu se manifeste dans un nouveau-né incapable de
parler, cela nous indique un chemin pour aller vers la crèche : celui du
silence rempli de la présence de Dieu. Silence qui se prolongera à Nazareth
jusqu’au moment du baptême par Jean. Le pape Paul VI disait à propos de cette
leçon de silence : Que renaisse
en nous l’estime du silence, cette admirable et indispensable condition de
l’esprit… O silence de Nazareth, enseigne-nous le recueillement, l’intériorité,
la disposition à écouter les bonnes inspirations et les paroles des vrais
maîtres ; enseigne-nous le besoin et la valeur de préparations, de
l’étude, de la méditation, de la vie personnelle et intérieure, de la prière
que Dieu seul voit dans le secret.
Le second point de méditation part de
l’étonnement qui devrait nous saisir face à la concision de saint Luc dans son
Evangile de la Nativité. Le grand mystère de l’Incarnation tient en un seul
verset d’une simplicité absolue : Et Marie mit au monde son fils
premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y
avait pas de place pour eux dans la salle commune. Il n’y avait pas de
place pour eux parmi les humains, c’est la raison pour laquelle Jésus enfant
est né parmi les animaux, dans une mangeoire. Cette remarque de l’évangéliste
Luc nous fait penser à un verset du prologue de l’Evangile selon saint
Jean : Le Verbe est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu. Cette
célébration de la naissance du Sauveur nous invite donc à nous poser
personnellement la question suivante : y a-t-il en moi, dans ma vie, de la
place pour Dieu ? Souvent nous avons l’impression de manquer de place dans
nos maisons ou nos appartements. Cela est parfois vrai quand nous vivons dans
un petit appartement. Mais en fait nous manquons de place parce que nous sommes
encombrés par l’accumulation d’objets inutiles et que nous sommes incapables de
ranger et de faire de l’ordre, encore plus de donner ou de jeter ce dont nous
n’avons pas ou plus besoin. Il en va de même pour notre vie spirituelle. Si
Dieu n’a pas de place ou si peu en nous, c’est bien parce que notre cœur est
encombré de pensées, de soucis, de préoccupations, d’activités, de projets etc.
Nous avons aussi besoin de faire le ménage en nous, de mettre de l’ordre dans
nos pensées et dans notre cœur. Si nous ne connaissons jamais le repos, le silence
dans notre vie intérieure, comment pourrions-nous faire de la place pour le
Sauveur ? Le plus difficile pour un homme de notre temps, c’est de mettre
un frein à l’activisme qui le dévore, c’est de dire stop et de faire une pause
bienfaisante, celle de la méditation, de la réflexion, de la lecture, de la
prière, au cœur de nos multiples activités. Pour conclure cette méditation de
Noël, je laisse la parole au moine bénédictin John Main qui a enseigné la
méditation chrétienne :
Il doit y avoir de la place pour
Jésus dans l’auberge de notre cœur. Toute notre méditation a ce but :
préparer et ouvrir notre cœur à la naissance du Christ. C’est parce qu’Il est
le Dieu infini que nous devons lâcher tout le reste afin qu’il y ait place pour
Lui dans notre cœur. Le mystère, c’est que lorsqu’il naît dans notre cœur, tout
prend naissance avec Lui.
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