10/12/2023
Marc 1,
1-8
Au commencement de l’Avent nous
avons entendu l’appel insistant de Jésus : Veillez ! Aujourd’hui Jean
le baptiste proclame un baptême de conversion pour le pardon des péchés. Ce
baptême de pénitence n’est pas le baptême chrétien. Il le prépare et l’annonce.
De même que le Christ est infiniment plus grand que Jean, de même la grâce du
sacrement de baptême dépasse infiniment le seul pardon des péchés. La finale de
l’Evangile de ce dimanche nous fait entrevoir par avance tout le mystère
pascal, de la croix à la Pentecôte, mystère qui rend efficace le sacrement du
baptême : Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau ; lui vous baptisera
dans l’Esprit Saint. Gardons en mémoire l’appel de Jésus à la vigilance
spirituelle, au cœur éveillé dans l’attente et le désir de sa venue. Être
baptisé dans l’Esprit Saint nous rend capable de cette vigilance et nous
fortifie dans l’attente du Seigneur qui viendra au temps fixé mais qui, ne
l’oublions pas, vient à notre rencontre chaque jour et cela de bien des
manières. L’attente du second avènement du Christ ne nous dispense pas, bien au
contraire, de vivre l’aujourd’hui de Dieu, le présent de nos vies. C’est en
vivant pleinement le temps présent que nous sommes réellement veilleurs et
éveillés. L’attente du Christ ne nous fait pas vivre dans l’avenir. Elle nous
enracine dans le présent et dans la mise en œuvre de notre vocation chrétienne
ici et maintenant. Pour nous aider à approfondir le baptême dans l’Esprit Saint
annoncé par Jean, méditons les paroles du Seigneur à Nicodème au chapitre 3 de
l’Evangile selon saint Jean : Amen, amen, je te le dis : personne, à
moins de naître de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le royaume de
Dieu. Ce qui est né de la chair est chair ; ce qui est né de l’Esprit est
esprit. Ne sois pas étonné si je t’ai dit : il vous faut naître d’en haut.
Par notre baptême et notre
confirmation nous sommes tous « renés », nés d’en haut. C’est notre
origine divine, cette filiation adoptive qui nous rend frères et sœurs du
Christ, qui nous permet de veiller en ce monde dans l’attente du ciel nouveau
et de la terre nouvelle où résidera la justice. C’est pourquoi, bien-aimés,
en attendant cela, faites tout pour qu’on vous trouve sans tache ni défaut,
dans la paix, tel est l’exhortation de Pierre dans la deuxième lecture.
Notre baptême dans le Saint Esprit produit en nous la paix du cœur. L’oraison
de ce deuxième dimanche de l’Avent mentionne ce qui s’oppose à la vigilance du
cœur et à la paix spirituelle que Jésus vient nous donner par sa
présence : Seigneur tout-puissant et miséricordieux, ne laisse pas le
souci de nos tâches présentes entraver notre marche à la rencontre de ton
Fils ; mais éveille en nous cette intelligence du cœur qui nous prépare à
l’accueillir et nous fait entrer dans sa propre vie. Le souci de nos tâches
présentes… Voilà une réalité qui nous parle ! L’Avent est comme une
invitation à un temps de retraite pour nous recentrer sur l’essentiel, pour
laisser au silence une place dans nos vies si bruyantes, si agitées, si
dispersées. Le silence extérieur est un moyen pour favoriser le silence
intérieur, condition essentielle pour accueillir la paix du Seigneur. Dans ce
silence du cœur qui veille nous reprenons vie, nous renaissons d’en haut, en
nous adonnant à une lecture nourrissante pour l’âme et l’esprit, à la prière, à
la méditation. Il y a 76 ans Bernanos faisait déjà ce constat dans La France
contre les robots :
On ne comprend absolument rien à
la civilisation moderne si l’on n’admet pas d’abord qu’elle est une
conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure. Que
dirait-il aujourd’hui ?
Que ce temps de l’Avent nous
permette de vivre les paroles du psalmiste en présence du Christ, à notre
manière et selon notre vocation :
Je tiens mon âme égale et
silencieuse ; mon âme est en moi comme un enfant, comme un petit enfant contre
sa mère. Attends le Seigneur, Israël, maintenant et à jamais.
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