24/09/2023
Matthieu
20, 1-16
Le royaume des Cieux est
comparable au maître d’un domaine qui sortit dès le matin afin d’embaucher des
ouvriers pour sa vigne.
La parabole de ce dimanche nous
montre bien que le Royaume des Cieux n’est pas seulement le Paradis après notre
vie terrestre mais qu’il commence déjà au cœur même de notre vie terrestre. Il
y est en effet question de travail dans la vigne du Maître. L’enseignement de
Jésus est simple à comprendre : le moment où nous commençons à travailler
dans la vigne du Seigneur en répondant à son appel n’a aucune importance pour
lui, l’essentiel étant de répondre « oui » à l’appel de Dieu. Les
anciens ou les premiers venus n’ont aucun privilège ni aucun droit par rapport
aux derniers venus. La première Eglise chrétienne se séparant peu à peu de son
berceau, le Judaïsme, a connu de très vifs débats sur l’intégration des païens
ou des Gentils dans la petite communauté des disciples de Jésus. Cette parabole
affirme que les derniers venus, les chrétiens issus du paganisme, seront tout
aussi bien accueillis par Dieu que les membres du peuple d’Israël. Dieu, Père
universel de tous les hommes, ne fera aucune différence entre les anciens et
les nouveaux. Dans la logique du Royaume de Dieu ce n’est pas l’ordre d’arrivée
qui importe mais bien notre réponse à l’appel universel que Dieu fait à tous
les hommes de tous les temps et de tous les continents. Les communautés
chrétiennes, les paroisses, sont toutes confrontées à cette question :
l’intégration et l’accueil des nouveaux, des derniers venus, des plus jeunes
dans la vie de la communauté. A l’époque de Jésus être un ancien était un
honneur considérable que ce soit dans la culture biblique ou dans la société
romaine. L’ancien de par son âge et de par son expérience était souvent
assimilé à un sage qu’il fallait écouter et respecter. Il est vrai, aussi, que
l’espérance de vie était beaucoup plus réduite qu’aujourd’hui. Jésus, mort
jeune, nous dit au contraire : aucun privilège lié à l’ancienneté. Ce
faisant il renverse les traditions les mieux établies et surtout la logique
humaine. Notons que cette parabole est encadrée par deux sentences semblables
et significatives de cette révolution opérée par le Christ : Beaucoup
de premiers seront derniers, beaucoup de derniers seront premiers. Ceux que
Jésus met en avant et propose en modèles dans sa prédication sur le Royaume des
Cieux, ce ne sont pas les anciens mais bien les enfants !
À ce moment-là, les disciples
s’approchèrent de Jésus et lui dirent : « Qui donc est le plus grand dans le
royaume des Cieux ? » Alors Jésus appela un petit enfant ; il le plaça au
milieu d’eux, et il déclara : « Amen, je vous le dis : si vous ne changez pas
pour devenir comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux.
Mais celui qui se fera petit comme cet enfant, celui-là est le plus grand dans
le royaume des Cieux.
L’enseignement de cette parabole
est illustré d’une manière magnifique par une scène de la crucifixion de Jésus
avec l’épisode du bon larron. Ce malfaiteur condamné au supplice de la croix,
quelques instants avant sa mort, prie Jésus subissant le même sort à ses
côtés : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton
Royaume. » Jésus lui déclara : « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu
seras dans le Paradis. » L’unique travail de cet homme dans la vigne du
Seigneur aura été une simple prière faite avec confiance et espérance. Cette
prière suffit à lui ouvrir immédiatement l’accès au Paradis. Le royaume des
Cieux est un don qu’il s’agit d’accueillir dans notre être, une présence à
vivre, pas une récompense que nous gagnerions par le mérite de notre travail. Il
est d’abord une présence aimante, celle du Christ ressuscité, celle de l’Esprit
Saint consolateur. C’est toute la théologie de la grâce développée par saint
Paul. Nous ne pouvons pas comprendre la justice de Dieu tellement différente de
la justice humaine. C’est la raison pour laquelle cette parabole nous choque
dans un premier temps : payer de la même manière ceux qui ont beaucoup
travaillé et ceux qui ont peu travaillé. L’entrée dans le royaume n’a rien à
voir avec la réussite à un examen ou l’obtention d’un diplôme. Jésus nous dit
que la justice de Dieu est subordonnée à sa bonté, et sa bonté est infinie,
infiniment libre.
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