3/09/2023
Matthieu
16, 21-27
Dimanche
dernier nous avons entendu Pierre proclamer sa foi en Jésus le messie. Etape
importante et décisive dans la vie de l’apôtre. A cette profession de foi de
Pierre correspond la première annonce par Jésus de sa Passion, de sa mort et de
sa résurrection. C’est dire toute l’importance de ce chapitre 16 dans
l’Evangile selon saint Matthieu. Bien avant le « oui » qu’il
prononcera dans le jardin de l’agonie le soir du jeudi saint, Jésus sait ce qui
l’attend à Jérusalem. Non seulement il le sait, mais il l’accepte et le choisit
en quelque sorte comme une nécessité intérieure qui s’impose à lui : À partir de ce moment, Jésus commença à
montrer à ses disciples qu’il lui fallait partir pour Jérusalem… Pierre est
incapable d’accepter cette vision du Messie crucifié comme s’il n’entendait que
la première partie de l’annonce faite par son Maître en oubliant la
résurrection. L’intervention de Pierre, Dieu
t’en garde, Seigneur ! cela ne t’arrivera pas, opère un renversement des
rôles. En effet nous dit l’évangéliste, Pierre,
prenant à part Jésus, se mit à lui faire de vifs reproches… A ce moment
Pierre oublie que c’est lui le disciple et que Jésus est le Maître. Professer
sa foi en Jésus est une chose, vivre cette foi concrètement en est une autre,
bien différente. C’est tout le chemin qui attend encore Pierre et qu’il devra
vivre jusqu’à l’heure de son martyre. Jésus profite de l’intervention de son
apôtre pour délivrer un enseignement à tous ses disciples :
Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il
renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Car celui qui veut
sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la trouvera.
Paroles
difficiles qui heurtent notre sensibilité humaine. D’autant plus que
l’expression perdre sa vie est
traduite de bien des manières : perdre
son âme, perdre son être etc. Renoncer à soi-même… C’est renoncer à ses
idées sur Dieu et à sa volonté. Ce que n’a pas pu faire Pierre : tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais
celles des hommes. Dans la deuxième lecture Paul illustre ce renoncement de
la manière suivante : Ne prenez pas
pour modèle le monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon
de penser pour discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui
est capable de lui plaire, ce qui est parfait. Renoncer à soi-même c’est
faire siennes les pensées de Dieu, faire siennes les attitudes de Jésus.
Marcher à la suite de Jésus, c’est imiter Dieu comme Paul l’indique aux
Ephésiens : Oui, cherchez à imiter
Dieu, puisque vous êtes ses enfants bien-aimés. Vivez dans l’amour, comme le
Christ nous a aimés et s’est livré lui-même pour nous, s’offrant en sacrifice à
Dieu, comme un parfum d’agréable odeur. Renoncer à soi-même, c’est surtout
faire sienne la volonté de Dieu, c’est vivre ce que nous demandons dans le
Notre Père : Que ta volonté soit faite ! C’est cela prendre sa croix.
Prendre sa croix implique pour nous de grandir dans la confiance en Dieu, dans
l’abandon à sa volonté qui nous apparaît parfois comme incompréhensible de la
même manière que la décision de Jésus de monter à Jérusalem pour y souffrir sa
Passion a révolté le cœur de son apôtre. Prendre sa croix ce n’est pas aimer la
souffrance, c’est aimer la volonté de Dieu qui, parfois, passe pour nous par la
souffrance physique ou spirituelle. Qui
perd sa vie à cause de moi la trouvera… Ne pensons pas que ce que dit Jésus
se réfère uniquement au don suprême du martyre. Perdre sa vie ou son âme, c’est renoncer à l’égoïsme profond qui
nous habite tous, c’est s’ouvrir à la possibilité du don et de la relation.
Cela s’apprend aussi et peut-être d’abord dans la prière. Le moine bénédictin
John Main qui a fait connaître la pratique de la méditation chrétienne écrivait
à ce propos :
Dans la vision chrétienne de la méditation,
une perspective qui découle des paroles de Jésus, nous découvrons la réalité du
grand paradoxe qu’il enseigne : si nous voulons trouver la vie, nous
devons être prêts à la perdre. En méditant, c’est exactement ce que nous
faisons. Nous nous trouvons parce que nous sommes prêts à nous quitter, à
plonger dans les profondeurs, qui se révèlent bientôt être les profondeurs de
Dieu. Le message central du christianisme est que Dieu est présent dans les
profondeurs de chaque être humain. C’est pourquoi nous devons apprendre
l’humilité. C’est pourquoi nous devons apprendre le silence, car nous devons
pénétrer ces profondeurs de notre moi pour rencontrer l’altérité de Dieu et,
par cette rencontre, découvrir notre être essentiel dans l’union avec Dieu.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire