7/04/2023
Passion
de Jésus-Christ selon saint Jean
Hier nous
avons contemplé Jésus lavant les pieds de ses disciples, faisant sien le geste
des esclaves. Dans la nuit nous l’avons vu à genoux, face contre terre, dans le
jardin de Gethsémani, priant le Père d’éloigner la coupe de la Passion,
souffrant dans son âme avant de souffrir dans son corps. Aujourd’hui nous
venons de suivre Jésus pas à pas en compagnie de saint Jean jusqu’au Golgotha,
là où l’instrument de son supplice a été préparé. Supplice infamant réservé aux
esclaves dans l’Empire romain. Ce qui fait s’écrier à Paul : scandale pour
les Juifs, folie pour les païens ! Entre le geste du lavement des pieds et
le supplice de la croix, signes de l’abaissement ultime du Fils de Dieu au rang
d’esclave, Jean nous montre pendant le procès romain un homme qui est roi, mais
qui ne l’est pas à la manière de ce monde. Voici
l’homme ! Voici votre roi ! Comment Jésus caractérise-t-il le
pouvoir des rois de ce monde ? Il nous le dit lui-même dans
l’Evangile :
Vous le savez : les chefs des nations les
commandent en maîtres, et les grands font sentir leur pouvoir. Parmi vous, il
ne devra pas en être ainsi : celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre
serviteur ; et celui qui veut être parmi vous le premier sera votre esclave.
Ainsi, le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et
donner sa vie en rançon pour la multitude.
Cet
enseignement que nous trouvons en saint Matthieu (20, 25-28) a le mérite de la
clarté. Il nous permet d’entrer dans le scandale de la Passion et de comprendre
du point de vue de Jésus lui-même la signification de ce drame. Oui, il faut
affirmer ce paradoxe absolu : dans sa Passion Jésus est au plus haut point
ce roi-esclave qui, à aucun moment,
ne se départit de sa dignité face aux coups, aux injures et aux puissants de ce
monde. Dans sa Passion l’Homme par excellence, le Fils de l’homme, nous donne à
voir le vrai visage de son Père. Non pas un dieu despote assis sur un trône qui
s’imposerait à nous par la force, la terreur et la crainte (autant dire un dieu
fabriqué par les hommes à l’image des gouvernants de ce monde), mais un Dieu
qui se fait serviteur de sa créature par pur amour. Dieu règne en renonçant, en
s’effaçant… Le Nouveau Testament utilise le verbe « renoncer » ou un
équivalent pour qualifier l’abaissement volontaire et sauveur du Fils de Dieu
pour chacun d’entre nous. Tout d’abord dans la lettre de Paul aux
Philippiens : Le Christ Jésus, ayant
la condition de Dieu, ne retint pas
jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la
condition de serviteur… Puis dans la lettre aux Hébreux : Renonçant à la joie qui lui était proposée, il a
enduré la croix en méprisant la honte de ce supplice…
Dans le
mystère de cet amour incompréhensible parce qu’il est celui de Dieu, l’humanité
est libérée de tout pouvoir qui opprime et écrase. Notre dignité de fils de
Dieu nous est rendue et avec elle notre liberté. Depuis l’événement unique du
Golgotha, Jésus élevé en croix attire à lui tous les hommes, de toutes races,
de toutes nations, de toutes conditions. Il nous attire auprès de son cœur par
ce pouvoir divin qui n’a aucune autre puissance que celle de l’amour, aucune
arme si ce n’est celle de l’abaissement et de l’humilité de Dieu, se faisant
notre serviteur en son Fils bien-aimé. Oui, en vérité Tout est accompli lorsque Jésus meurt sur le bois de la croix. Mais
assimiler cette révolution de l’amour divin, ce renversement des images
païennes de la divinité, prend assurément beaucoup de temps. Que ce soit au
niveau de l’humanité dans son ensemble, de l’Eglise ou de chacun d’entre nous.
Ce soir rendons grâce au Dieu trois Saint de nous ouvrir ce chemin de
libération, de vérité et de vie !
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