Le
Christ, roi de l’univers / année B
21/11/2021
Jean 18,
33-37
Avec la
solennité du Christ, roi de l’univers, instituée en 1925, nous clôturons notre
année liturgique avant le temps de l’Avent. Il est significatif que sur les
trois années du cycle liturgique, deux Evangiles soient extraits du récit de la
Passion du Seigneur (années B et C) tandis que l’année A nous fait entendre le
récit du jugement dernier. Le Christ roi nous est donc présenté par la liturgie
de l’Eglise comme un roi souffrant, rejeté et qui offre sa vie en sacrifice. Ce
roi est l’accomplissement de la figure du serviteur souffrant du Seigneur telle
qu’elle nous est décrite dans le livre du prophète Isaïe.
Aujourd’hui
nous méditons un passage du récit de la Passion selon saint Jean. Le quatrième
évangéliste est le seul à nous rapporter ce profond dialogue établi entre le
représentant de l’autorité romaine, Pilate, et Jésus. Comme souvent le Seigneur
ne répond pas aux questions que lui pose Pilate. A la question essentielle lors
d’un procès et d’un jugement, qu’as-tu
donc fait ?, Jésus ne répond pas, il ne se défend pas mais en profite
pour parler de sa mystérieuse royauté : Ma royauté n’est pas de ce monde, ma royauté n’est pas d’ici. Elle
est donc essentiellement différente de la royauté détenue par un roi de ce
monde ou bien un dirigeant ou encore un puissant. Cette royauté ne se défend
pas avec les moyens de ce monde, avec la force de coercition de la police ou
des soldats. Elle n’a rien à faire avec la violence parce qu’elle refuse de
s’imposer par la contrainte. Au contraire, c’est une royauté qui fait appel à
notre liberté. Pour mieux comprendre dans quel esprit Jésus, le Fils de
l’homme, exerce sa royauté, nous pouvons nous référer à un passage de
l’Evangile selon saint Marc : Vous
le savez : ceux que l’on regarde comme chefs des nations les commandent en
maîtres ; les grands leur font sentir leur pouvoir. Parmi vous, il ne doit pas
en être ainsi. Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur.
Celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de tous : car le Fils
de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie
en rançon pour la multitude. Le Fils de l’homme est donc roi en servant et
en souffrant, avant de devenir, après l’Ascension, le juge des vivants et des
morts. Son service, son martyr, comprend le témoignage rendu à la vérité :
Moi, je suis né, je suis venu dans le
monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Quiconque appartient à la
vérité écoute ma voix. Ce témoignage n’est pas celui d’un scientifique ou
d’un philosophe professionnel, car la vérité pour laquelle Jésus offre sa vie
n’est pas une idée ou un concept. Elle est une vie, la vie même de Dieu qui
veut se communiquer par amour à chacun d’entre nous. Comme le disait si bien
Maurice Zundel, le témoignage authentique ne consiste pas à parler de Dieu mais
à vivre Dieu. C’est la raison pour laquelle la vérité sur Dieu, sur nous-mêmes,
sur notre condition humaine au sein de la création, ne peut se découvrir que
par l’expérience, par le fait que notre volonté, librement, agit en conformité
avec l’enseignement et l’exemple du Christ. C’est le sens de l’enseignement que
Jésus donne à Nicodème : Celui qui
fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses
œuvres ne soient dénoncées ; mais celui qui fait la vérité vient à la lumière,
pour qu’il soit manifeste que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu.
Le
témoignage du Christ roi rendu à la vérité a une résonance particulière dans le
monde qui est le nôtre. Beaucoup souffrent de constater que la plupart des
medias sont devenus des outils non pas d’information impartiale mais de
propagande. Les pseudos débats des plateaux télé ne sont pas organisés pour
chercher et trouver la vérité, mais pour divertir ou faire le buzz ! Beaucoup sont dégoûtés par les discours des
puissants qui utilisent si souvent le mensonge, en abusant de la confiance de
ceux qu’ils devraient servir. Beaucoup enfin souffrent de voir comment la langue
et ses concepts, normalement au service de l’expression de la vérité, est
devenue, elle aussi, un instrument de propagande cherchant délibérément à
tromper, ce que l’on appelle la novlangue,
à la suite de George Orwell, sans parler des éléments de langage des politiciens ou des lobbys. Les exemples
sont malheureusement trop nombreux… on dira « frappe chirurgicale »
au lieu de « bombardement », « modernisation » au lieu de
« destruction du service public », « optimisation fiscale »
au lieu de « fraude fiscale », « plan social » au lieu de « licenciements ».
On utilisera le mot « réforme », qui a en lui-même une valeur
positive en français, pour justifier des décisions politiques négatives pour
l’ensemble de la population etc. Pervertir et détruire le langage est très
grave. Car priver un peuple de l’accès à sa langue, c’est lui rendre plus
difficile l’accès à la vérité, c’est le rendre manipulable lui faisant ainsi
perdre sa liberté.
Plus que
jamais notre foi nous donne accès à une bonne nouvelle : Le Verbe, la
Parole de Dieu, s’est fait chair et il a habité parmi nous. Lui est toujours
véridique, Lui se fait notre serviteur par amour. Que son règne de justice vienne
sur la terre et au milieu de nous !
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