La
solennité de la Toussaint est pour nous une occasion favorable de méditer sur
la sainteté de Dieu. En effet la sainteté des saints et des saintes, connus et
inconnus, une foule immense, que nul ne
pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues, cette
sainteté humaine est une participation à la sainteté de Dieu. Jésus-Christ
manifeste cette sainteté de Dieu dans notre condition humaine de la manière la
plus parfaite possible et il en constitue pour nous la source. Notre sainteté
vient de la sienne, elle est un don et un appel de son amour. Dans la Bible il
est fréquent d’entendre un appel à imiter Dieu ou à imiter le Christ. En effet
la sainteté des créatures humaines est toujours une image particulière de la sainteté
même de Dieu. D’où l’importance pour nous de comprendre ce que signifie
l’affirmation selon laquelle Dieu est Saint. C’est ce que nous chantons à
chaque messe au seuil de la prière eucharistique en reprenant les paroles du
prophète Isaïe.
La
sainteté de Dieu a été révélée dans une histoire particulière à un peuple
particulier, Israël, en même temps que l’unicité de Dieu. Or ce peuple vivait
dans un contexte où les dieux étaient nombreux. C’était le cas à l’époque de la
révélation du Christ. Faire un détour par les dieux de la mythologie grecque et
romaine nous aide à mieux comprendre la sainteté du Dieu révélé à Israël. Cette
mythologie est fortement imprégnée d’anthropomorphisme. Cela signifie que les
dieux sont représentés sous forme humaine. Mais aussi que les dieux ne sont pas
meilleurs que les hommes, ils ont des qualités mais aussi des défauts. Le roi
des dieux, Jupiter, passe son temps à tromper sa femme Junon par exemple. Bref
les dieux de la mythologie ne sont pas éthiques. Ils sont juste immortels et
dotés de pouvoirs spéciaux. Et quand les Romains s’adressent à Jupiter en le
qualifiant de très bon et très grand, cela n’a rien à voir avec la bonté du
Dieu biblique. Optimus, traduit par
très bon, signifie en fait que Jupiter est le garant de la prospérité du peuple
romain et non pas qu’il aimerait ce peuple. Ce détour étant fait, revenons
maintenant à la sainteté du Dieu biblique. Même si dans l’Ancien Testament, on
prête parfois à Dieu des attitudes humaines comme la colère et la jalousie, le
Dieu de la révélation est transcendant car il est esprit, donc invisible. Dire
de Dieu qu’il est saint ce n’est pas seulement affirmer sa perfection et sa
bonté, mais aussi sa transcendance, sa différence absolue avec les créatures
que nous sommes. C’est bien cette transcendance que Paul rappelle aux Grecs
d’Athènes : Le Dieu qui a fait le
monde et tout ce qu’il contient, lui qui est Seigneur du ciel et de la terre,
n’habite pas des sanctuaires faits de main d’homme ; il n’est pas non plus
servi par des mains humaines, comme s’il avait besoin de quoi que ce soit, lui
qui donne à tous la vie, le souffle et tout le nécessaire. Dire de Dieu
qu’il est Saint, c’est toujours se rappeler qu’il est Esprit et Amour. Si comme
l’enseigne Jésus, Dieu seul est bon, notre sainteté consiste à recevoir cette
bonté et à y participer par pure grâce. La sainteté est donc une divinisation
progressive de l’homme. Contrairement aux grecs qui se faisaient des dieux à
leur image, nous sommes appelés à devenir images de Dieu en l’imitant. Le
prophète Osée révèle bien le propre du Dieu biblique : Je n’agirai pas selon l’ardeur de ma colère,
je ne détruirai plus Israël, car moi, je suis Dieu, et non pas homme : au
milieu de vous je suis le Dieu saint, et je ne viens pas pour exterminer. On ne peut rien comprendre aux exigences de
l’Evangile et à la morale chrétienne, si nous oublions que notre but est d’agir
à la manière de Dieu, et donc de refléter dans nos existences sa bonté et sa
sainteté. Au terme de notre pèlerinage terrestre nous serons appelés à voir
Dieu, l’Esprit invisible à nos yeux de chair. Cette vision de Dieu qui rend
parfaitement heureux est l’aboutissement du chemin de sanctification que nous
vivons à la suite du Christ et en communion avec lui : Heureux les cœurs purs, ils verront
Dieu !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire