31/10/2021
Marc 12,
28-34
A la
question du scribe qui veut savoir quel est le
premier de tous les commandements, Jésus répond en citant le commandement
de l’amour de Dieu et du prochain, déjà présent dans l’Ancien Testament. Ces
commandements sont les plus grands. Ce
faisant il simplifie la vie de ses disciples, si nous nous souvenons de ce que
la Torah contenait 613 préceptes différents ! En même temps cette
simplification de la vie religieuse et morale du croyant correspond à une
exigence plus grande. Si la voie que Dieu nous trace est simple comme Dieu
lui-même est simple, elle est difficile à mettre en pratique en raison de la
faiblesse du péché et surtout à cause du péché des origines. Dans le premier
commandement qui concerne l’amour envers Dieu, il s’agit d’un amour très fort,
d’un amour total qui engage toute notre personne (cœur, âme, esprit et force).
Il s’agit d’un amour qui ne se limite pas aux temps de prière et de culte, mais
qui a pour vocation à remplir chaque instant de notre vie humaine. Cette vérité
est à mettre en lien avec l’enseignement de Jésus selon lequel il nous faut
prier en permanence. Toute notre vie devant devenir un acte de prière, donc
d’amour de Dieu. Ce qui nous rend très difficile l’accomplissement effectif de
ce commandement, c’est que notre esprit et notre cœur sont occupés par bien des
choses, attachés à bien des choses. Ne croyons pas que la première partie de ce
commandement ne concerne que les Juifs et les chrétiens de l’antiquité qui
vivaient au milieu de peuples adorant une multitude de dieux… Le Seigneur notre Dieu est l’unique
Seigneur. Nous ne sommes plus tentés par le culte de Jupiter, du Soleil, de
Baal ou de Mithra, mais cela ne signifie pas pour autant que nous ne nous
sommes pas donné de nouvelles idoles. Ces idoles contemporaines ne sont pas
représentées par des statues devant lesquelles on se prosterne. Elles peuvent
avoir des noms bien différents : l’argent, la patrie, la famille ou le
clan ou la tribu ou encore l’ethnie, la politique, la science etc. Il est si
facile de mettre Dieu et l’Evangile au service de l’une de ces idoles, en
renversant l’ordre des priorités. L’instrumentalisation de la religion n’est
pas chose nouvelle, elle n’en demeure pas moins une tentation de notre temps.
Le
commentaire du scribe est d’une importance capitale car il récupère la grande
tradition des prophètes : Fort bien,
Maître, tu as dit vrai : Dieu est l’Unique et il n’y en a pas d’autre que lui.
L’aimer de tout son cœur, de toute son intelligence, de toute sa force, et
aimer son prochain comme soi-même, vaut mieux que toute offrande d’holocaustes
et de sacrifices. Le cœur du Judaïsme et du christianisme ne consiste pas
en effet dans l’accomplissement de rites, aussi sacrés soient-ils. Le culte que
Dieu désire et attend de nous se célèbre à chaque instant sur l’autel de notre
cœur par les actes de foi, d’espérance et de charité. Jésus lui-même a fait
sienne la critique prophétique des sacrifices. A ceux qui lui reprochaient sa
proximité avec les pécheurs, il répondit en citant le prophète Osée : Allez apprendre ce que signifie : Je veux la
miséricorde, non le sacrifice. En effet, je ne suis pas venu appeler des
justes, mais des pécheurs.
Enfin ce
qui constitue peut-être la spécificité de Jésus dans son enseignement, c’est ce
lien indissoluble qu’il établit entre le commandement de l’amour pour Dieu et
celui de l’amour pour le prochain, lien mis en lumière de manière admirable par
l’apôtre Jean :
Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », alors
qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui
n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit
pas. Et voici le commandement
que nous tenons de lui : celui qui aime Dieu, qu’il aime aussi son frère.
Ainsi
l’amour envers notre prochain est le test de la vérité de notre amour envers
Dieu. Voilà le sacrifice authentique et véritable qui plaît à Dieu. Seul
l’Esprit Saint, le lien d’amour entre le Père et le Fils, peut remplir notre
cœur d’amour, de joie, de paix, de patience, de bonté, de bienveillance, de
fidélité, de douceur et de maîtrise de soi. Demandons Lui au cours de cette
eucharistie sa lumière et sa force, pour que nous ne perdions pas courage sur
ce chemin exigeant et quotidien de la sainteté.
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