Dimanche de la création
3/10/2021
Genèse 1,
26-28
Depuis la
publication de l’encyclique Laudato si’
du pape François en 2015, nous sommes invités à célébrer une fois par an une
messe en action de grâce pour le don de la création, une messe pour la
sauvegarde de cette même création. Nous le faisons en ce dimanche, veille de la
fête de saint François d’Assise que le pape a donné comme saint patron aux
écologistes.
Je
prendrai comme point de départ de notre méditation un texte fondateur, extrait
du premier récit de la création dans la Genèse :
Dieu dit : « Faisons l’homme à notre image,
selon notre ressemblance. Qu’il soit le maître des poissons de la mer, des
oiseaux du ciel, des bestiaux, de toutes les bêtes sauvages, et de toutes les
bestioles qui vont et viennent sur la terre. »
Ce verset
nous dit en même temps quelle est notre identité de créatures humaines et
quelle est notre mission au cœur de la création. L’homme et la femme sont créés
à l’image de Dieu. Le projet du Créateur consiste à faire de l’homme et de la
femme ses représentants sur cette terre. Ils participent ensemble de son
autorité et de sa paternité en réalisant leur être le plus profond : rendre
visible Dieu dans le créé. En raison du péché des origines, cette qualité
d’image de Dieu est devenue une vocation, un horizon vers lequel tendre. Nous
devons en quelque sorte devenir ce que nous sommes. Car le mal est entré dans
notre cœur, et il ne nous est plus naturel d’être images de Dieu. Notre mission
découle directement du fait que nous sommes appelés à être images de Dieu. Il
s’agit d’être les maîtres de toutes les créatures, en particulier des autres
espèces animales. Dieu confie à notre liberté et à notre sagesse sa création,
il la remet entre nos mains pour que nous puissions lui offrir tout le créé.
D’après la Genèse nous pouvons affirmer que nous sommes les rois de la
création. La question qui se pose alors est la suivante : quel type de
rois, quel genre de maîtres ? L’histoire humaine nous montre à la fois de
bons rois mais aussi des rois despotiques, des tyrans cruels et sanguinaires,
il en va de même pour les maîtres… Cette autorité nous vient de Dieu. Elle ne
saurait donc être absolue. Elle comporte des règles et donc des limites. Le
péché des origines, étant un péché d’orgueil, a mis dans le cœur de l’homme une
orientation mauvaise lui laissant penser qu’il pouvait faire ce qu’il voulait
du don de Dieu, sans aucune limite éthique. Le pape qualifie cette situation de
domination absolue et d’anthropocentrisme déviant. Nous
constatons aujourd’hui avec une conscience toujours plus vive les conséquences
désastreuses pour nous-mêmes, pour les espèces animales domestiques et sauvages
ainsi que pour notre terre d’une royauté humaine exercée de manière autonome et
sans référence au Créateur. Appelés à être images de Dieu, nous ne pouvons
exercer cette royauté et ce sacerdoce que selon les règles données par le
Créateur lui-même. Une image doit toujours imiter et refléter son modèle. Ce
qui signifie que nous devons apprendre à être les maîtres de la création à la
manière de Dieu : avec sagesse, avec amour, avec tendresse et miséricorde.
Tout cela implique d’accepter des limites à notre domination et à notre soif de
profit, tout cela exige de nous imposer à nous-mêmes des limites et de renoncer
au péché d’orgueil pour, je cite le pape, former
avec les autres êtres de l’univers une belle communion universelle. La
mission unique qui est la nôtre de par la volonté de Dieu n’implique pas
égoïsme, indifférence, irresponsabilité. Bien au contraire : La Bible, écrit le pape, ne donne pas lieu à un anthropocentrisme
despotique qui se désintéresserait des autres créatures. Le pape nous
invite à sortir d’une vision utilitariste des animaux qui est toujours une
vision égoïste. Les animaux ne sont pas d’abord des ressources à exploiter à
notre service comme bon nous semble car ils ont
une valeur en eux-mêmes, de par le simple fait d’être voulus par Dieu comme
créatures à part entière. Le pape cite dans ce contexte les évêques allemands soulignant
la priorité de l’être sur le fait d’être
utile. L’encyclique Laudato si’
nous rappelle avec force l’urgence de notre conversion écologique en tant que
chrétiens. L’écologie intégrale consiste, je cite à nouveau le pape, à rompre la logique de la violence, de
l’exploitation, de l’égoïsme, celle du monde de la consommation exacerbée qui
est celui du mauvais traitement de la vie sous toutes ses formes.
Pour ce
faire, nous pouvons nous mettre à l’école du Christ roi, maître au cœur humble
et doux. Seule l’humilité, en effet, nous permettra de reconstruire une belle
relation avec Dieu, entre nous et avec les autres créatures. Dans le contexte
de crise écologique qui est le nôtre, la béatitude de la douceur prend une
signification ô combien prophétique et nous montre comment nous pouvons être de
bons maîtres de la création à l’image du Père et de son Fils, Jésus, le Verbe
créateur. Cette béatitude est un chemin privilégié pour vivre comme saint
François d’Assise cette fraternité
sublime avec toute la création.
Heureux
les doux, car ils recevront la terre en héritage.
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