samedi 26 décembre 2020

Messe de la nuit de Noël / 24 décembre 2020

 


Luc 2, 1-14

Nous ne connaissons pas la date de la naissance de Jésus. Les premiers chrétiens ne célébraient pas Noël mais seulement Pâques. La première mention d'une célébration chrétienne un 25 décembre date de l'an 336 à Rome à la fin du règne de Constantin, le premier empereur chrétien. Les chrétiens de Rome ont choisi la date du 25 pour deux raisons : elle correspondait au moment du solstice d’hiver et à la fête païenne du Soleil invaincu et immortel. Nous comprenons facilement la symbolique de ce choix : de la même manière que le soleil recommence à partir de Noël à faire triompher la lumière du jour sur les ténèbres de la nuit, la naissance du Christ inaugure une ère dans laquelle sa lumière triomphera des ténèbres du mal et du péché. Noël, c’est donc la naissance du Christ notre lumière : Moi, je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, il aura la lumière de la vie.

Si nous ne connaissons pas le jour de la naissance du Christ, l’Evangile selon saint Luc précise qu’elle eut lieu sous le règne du premier empereur de Rome, Auguste. Et ce n’est probablement pas par hasard que le Père a choisi ce moment historique particulier pour l’incarnation de son Fils bien-aimé. La Providence a en effet voulu que le Prince de la paix dont nous parle Isaïe naisse dans le temps sous le règne d’Auguste, celui qui a rendu la paix, après un siècle de guerres civiles, aux habitants de l’Empire romain.

Les parents de Jésus habitaient Nazareth en Galilée, mais à l’occasion d’un recensement, ils descendirent en Judée dans la ville du roi David, Bethléem, car Joseph était originaire de cette ville. Là encore ce n’est pas par hasard que Jésus naît à Bethléem au lieu de naître à Nazareth. Non seulement parce qu’il accomplit ainsi la promesse faite par Dieu à son ancêtre David, il est en effet le Fils de David, mais aussi parce que le nom de Bethléem signifie en hébreu la maison du pain. L’Evangile de Luc est d’une sobriété extraordinaire. Un seul verset du chapitre 2 est en effet consacré à la naissance de l’enfant :

Et Marie mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune.

C’est ce verset qui nous parle de la mangeoire qui est à l’origine de nos crèches. Si on met ensemble Bethléem et la mangeoire, on ne peut pas s’empêcher de penser immédiatement au sacrement de l’eucharistie et au mystère de la Pâque du Seigneur au cours duquel ce sacrement fut institué. Le Fils de Dieu naît dans une mangeoire, dans la ville du pain, parce qu’il veut se donner en nourriture spirituelle à chacun d’entre nous et réaliser ainsi le but de l’incarnation : la réconciliation et l’union d’amour, la communion, entre l’humanité et la divinité, entre les créatures et leur Créateur. Un verset du chapitre 6 de l’Evangile selon saint Jean prend une signification merveilleuse lorsque nous le méditons en ayant à l’esprit la mangeoire de l’enfant Jésus : Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel. Qui dit mangeoire dit animaux de ferme. Nos crèches comportent toujours le bœuf et l’âne, proches de l’enfant qui vient de naître du sein de Marie. D’où vient cette tradition puisque Luc ne mentionne pas ces animaux dans son récit ? D’un verset du chapitre premier d’Isaïe : Cieux, écoutez ; terre, prête l’oreille, car le Seigneur a parlé. J’ai fait grandir des enfants, je les ai élevés, mais ils se sont révoltés contre moi. Le bœuf connaît son propriétaire, et l’âne, la crèche de son maître. Israël ne le connaît pas, mon peuple ne comprend pas. Ainsi dès le début se profile à l’horizon le drame du refus de Jésus par les hommes. Il naît parmi les animaux, en dehors de la salle commune.

C’est avec le chant des anges que se termine l’Evangile de la Nativité : Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. Autour de l’enfant qui vient de naître, Dieu rassemble par son amour toute la création : non seulement les hommes mais aussi les animaux et les anges. Le message des anges chante le don de la paix de Dieu. En célébrant cette nuit le mystère de l’incarnation, ouvrons largement nos cœurs à ce grand don. Ce cadeau de la réconciliation avec nous-mêmes, avec les autres, avec Dieu, avec toute la création, nous est donné pour que nous le partagions. Surtout si nous avons la grâce de pouvoir communier, de recevoir en nos âmes le pain de vie descendu du ciel, soyons toujours davantage, en quittant cette église, des artisans de paix. La paix de Noël promise à notre terre et aux hommes bien-aimés du Père passe par nos cœurs, nos pensées, nos paroles, nos actes et nos choix de vie. L’enfant de la crèche nous délivre déjà son message sans pouvoir parler mais simplement en étant là, offert à nos regards : Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.


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