Luc 2, 1-14
Nous ne
connaissons pas la date de la naissance de Jésus. Les premiers chrétiens ne
célébraient pas Noël mais seulement Pâques. La première mention d'une
célébration chrétienne un 25 décembre date de l'an 336 à Rome à la fin du règne
de Constantin, le premier empereur chrétien. Les chrétiens de Rome ont choisi
la date du 25 pour deux raisons : elle correspondait au moment du solstice
d’hiver et à la fête païenne du Soleil invaincu et immortel. Nous comprenons
facilement la symbolique de ce choix : de la même manière que le soleil
recommence à partir de Noël à faire triompher la lumière du jour sur les
ténèbres de la nuit, la naissance du Christ inaugure une ère dans laquelle sa
lumière triomphera des ténèbres du mal et du péché. Noël, c’est donc la
naissance du Christ notre lumière : Moi,
je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les
ténèbres, il aura la lumière de la vie.
Si nous
ne connaissons pas le jour de la naissance du Christ, l’Evangile selon saint
Luc précise qu’elle eut lieu sous le règne du premier empereur de Rome,
Auguste. Et ce n’est probablement pas par hasard que le Père a choisi ce moment
historique particulier pour l’incarnation de son Fils bien-aimé. La Providence
a en effet voulu que le Prince de la paix dont nous parle Isaïe naisse dans le
temps sous le règne d’Auguste, celui qui a rendu la paix, après un siècle de
guerres civiles, aux habitants de l’Empire romain.
Les
parents de Jésus habitaient Nazareth en Galilée, mais à l’occasion d’un
recensement, ils descendirent en Judée dans la ville du roi David, Bethléem,
car Joseph était originaire de cette ville. Là encore ce n’est pas par hasard que
Jésus naît à Bethléem au lieu de naître à Nazareth. Non seulement parce qu’il
accomplit ainsi la promesse faite par Dieu à son ancêtre David, il est en effet
le Fils de David, mais aussi parce que le nom de Bethléem signifie en hébreu la maison du pain. L’Evangile de Luc est
d’une sobriété extraordinaire. Un seul verset du chapitre 2 est en effet
consacré à la naissance de l’enfant :
Et Marie mit au monde son fils premier-né ;
elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de
place pour eux dans la salle commune.
C’est ce
verset qui nous parle de la mangeoire qui est à l’origine de nos crèches. Si on
met ensemble Bethléem et la mangeoire, on ne peut pas s’empêcher de penser
immédiatement au sacrement de l’eucharistie et au mystère de la Pâque du
Seigneur au cours duquel ce sacrement fut institué. Le Fils de Dieu naît dans
une mangeoire, dans la ville du pain, parce qu’il veut se donner en nourriture
spirituelle à chacun d’entre nous et réaliser ainsi le but de
l’incarnation : la réconciliation et l’union d’amour, la communion, entre
l’humanité et la divinité, entre les créatures et leur Créateur. Un verset du
chapitre 6 de l’Evangile selon saint Jean prend une signification merveilleuse
lorsque nous le méditons en ayant à l’esprit la mangeoire de l’enfant
Jésus : Moi, je suis le pain vivant,
qui est descendu du ciel. Qui dit mangeoire dit animaux de ferme. Nos
crèches comportent toujours le bœuf et l’âne, proches de l’enfant qui vient de
naître du sein de Marie. D’où vient cette tradition puisque Luc ne mentionne
pas ces animaux dans son récit ? D’un verset du chapitre premier
d’Isaïe : Cieux, écoutez ; terre,
prête l’oreille, car le Seigneur a parlé. J’ai fait grandir des enfants, je les
ai élevés, mais ils se sont révoltés contre moi. Le bœuf connaît son
propriétaire, et l’âne, la crèche de son maître. Israël ne le connaît pas, mon
peuple ne comprend pas. Ainsi dès le début se profile à l’horizon le drame
du refus de Jésus par les hommes. Il naît parmi les animaux, en dehors de la
salle commune.
C’est
avec le chant des anges que se termine l’Evangile de la Nativité : Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et
paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. Autour de l’enfant qui vient de
naître, Dieu rassemble par son amour toute la création : non seulement les
hommes mais aussi les animaux et les anges. Le message des anges chante le don
de la paix de Dieu. En célébrant cette nuit le mystère de l’incarnation,
ouvrons largement nos cœurs à ce grand don. Ce cadeau de la réconciliation avec
nous-mêmes, avec les autres, avec Dieu, avec toute la création, nous est donné
pour que nous le partagions. Surtout si nous avons la grâce de pouvoir
communier, de recevoir en nos âmes le pain de vie descendu du ciel, soyons
toujours davantage, en quittant cette église, des artisans de paix. La paix de
Noël promise à notre terre et aux hommes bien-aimés du Père passe par nos
cœurs, nos pensées, nos paroles, nos actes et nos choix de vie. L’enfant de la
crèche nous délivre déjà son message sans pouvoir parler mais simplement en
étant là, offert à nos regards : Heureux
les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.
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