28/06/20
Matthieu
10, 37-42
Les
paroles de Jésus rapportées par l’Evangile de ce dimanche sont très exigeantes.
Elles peuvent nous effrayer tellement nous nous sentons éloignés de cet amour
parfait qui nous est demandé. Dans un premier temps remettons-les dans leur
contexte en écoutant les versets qui les précèdent :
Ne pensez pas que je sois venu apporter la
paix sur la terre : je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive. Oui,
je suis venu séparer l’homme de son père, la fille de sa mère, la belle-fille
de sa belle-mère : on aura pour ennemis les gens de sa propre maison.
Nous
voyons immédiatement le lien puisque le Seigneur parle des relations à
l’intérieur de la famille. Soyons bien clair car la formulation hébraïsante est
ici trompeuse : le but de Jésus n’est pas de porter divisions et querelles
au sein des familles humaines. Simplement mettre sa foi en Jésus pourra parfois
provoquer des déchirements douloureux avec certains membres de notre famille.
C’est inévitable quand la foi chrétienne n’est pas partagée par tous. Lors de
la présentation de l’enfant Jésus au temple, Syméon avait prophétisé en ce
sens :
Voici que cet enfant provoquera la chute et
le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction.
Jésus,
signe de contradiction, divise forcément même s’il veut rassembler toute
l’humanité dans l’amour et la vérité de Dieu. D’où le début de notre
Evangile :
Celui qui aime son père ou sa mère plus que
moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi
n’est pas digne de moi.
Si nous
aimons davantage nos parents ou nos enfants que Jésus, Fils de Dieu, alors nous
ne pouvons pas le suivre. Car dans certaines situations il nous faudra choisir
entre l’amour humain et naturel pour notre famille et l’amour surnaturel pour
le Christ. Ce sont des situations extrêmes dans lesquelles nous avons à faire
des choix crucifiants pour demeurer fidèles au Christ :
Celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit
pas n’est pas digne de moi.
Si l’un
des membres de ma famille m’empêche de vivre ma foi et d’agir selon les
commandements de Dieu, alors je peux être amené à choisir une séparation
douloureuse pour demeurer libre de servir le Seigneur. Le chrétien est d’abord
enfant de Dieu avant d’être le fils de ses parents. Il doit honorer et
respecter ses parents mais pas au point de les aimer plus que le Christ. Saint
Jean rappelle bien dans son prologue l’importance de notre origine divine de
par notre condition de créatures et de par la foi et le baptême :
À tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de
pouvoir devenir enfants de Dieu, eux qui croient en son nom. Ils ne sont pas
nés du sang, ni d’une volonté charnelle, ni d’une volonté d’homme : ils sont
nés de Dieu.
Et Jésus
lui-même, âgé de 12 ans, n’a pas hésité à rappeler à Marie et à Joseph cette
priorité de l’amour pour Dieu sur l’amour qui nous unit par les liens de la
famille :
Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ?
Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ?
Enfin
Jésus va encore plus loin cette exigence de l’amour divin. Il ne s’agit pas
seulement de mettre à sa juste place, c’est-à-dire en seconde position, l’amour
que nous avons pour les membres de notre famille. Il s’agit aussi de nous
décentrer de nous-mêmes :
Qui a trouvé sa vie la perdra ; qui a perdu
sa vie à cause de moi la gardera.
Saint
Paul est l’exemple parfait de ce décentrement du croyant qui met au centre de
l’existence humaine sa relation avec Jésus :
Tous ces avantages que j’avais, je les ai
considérés, à cause du Christ, comme une perte. Oui, je considère tout cela
comme une perte à cause de ce bien qui dépasse tout : la connaissance du Christ
Jésus, mon Seigneur. À cause de lui, j’ai tout perdu ; je considère tout comme
des ordures, afin de gagner un seul avantage, le Christ, et, en lui, d’être
reconnu juste, non pas de la justice venant de la loi de Moïse mais de celle
qui vient de la foi au Christ, la justice venant de Dieu, qui est fondée sur la
foi.
Pour
saint Paul comme pour chacun d’entre nous cette conversion demande du temps et
de la patience. C’est un chemin de sainteté qui nous assimile toujours plus au
Christ :
Certes, je n’ai pas encore obtenu cela, je
n’ai pas encore atteint la perfection, mais je poursuis ma course pour tâcher
de saisir, puisque j’ai moi-même été saisi par le Christ Jésus.
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